Motion de censure : la France n’a pas besoin « d’une nouvelle crise », prévient le rapporteur général du Sénat

Le sénateur LR Jean-François Husson a mis en garde les députés contre le choix « irresponsable » que constituerait, selon lui, l’adoption d’une motion de censure ce mercredi à l’Assemblée nationale.
Guillaume Jacquot

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Difficile de continuer le travail législatif sans évoquer la censure, ce matin au Sénat. « Dans ces temps troublés, la lecture de ces conclusions de commission mixte paritaire est une satisfaction légère, mais quand même une satisfaction pour moi. » C’est ainsi que Jean-François Husson (LR), le rapporteur général de la commission des finances, a introduit la séance ce matin au Sénat, sur l’accord trouvé la veille entre députés et sénateurs sur le projet de loi de finances de fin de gestion pour 2024. Ce texte, qui débloque des financements d’urgence en fin d’année, notamment pour la rémunération des forces de l’ordre, le financement des opérations extérieures, les mesures d’urgence pour la Nouvelle-Calédonie ou encore la viticulture, a été définitivement approuvé par le Sénat (243 voix contre 97).

Le texte doit encore être approuvé définitivement par les députés. Le texte a été inscrit à l’ordre du jour de la séance juste avant le débat sur les motions de censure, qui ont de grandes chances de signer la fin du gouvernement de Michel Barnier. Alors que le texte avait été rejeté en première lecture, l’abstention de deux députés du Rassemblement national durant la commission mixte paritaire laisse penser que le projet de loi pourrait cette fois être adopté. Ce pourrait donc le premier – et dernier – projet de loi que le gouvernement Barnier réussit à faire adopter à l’Assemblée nationale.

« L’avenir de la nation est hypothéqué par la fièvre de la sédition », s’exclame la sénatrice Vanina Paoli-Gagin

À quelques heures d’un évènement politique qui pourrait faire basculer le quinquennat dans l’inconnu, plusieurs sénateurs ont pris la parole pour mettre en garde les députés. Pour Jean-François Husson, le vote de la censure serait « irresponsable ». « Je ne pense pas que la situation de notre pays avait à ce point besoin d’une nouvelle crise, institutionnelle celle-là, après les crises sanitaires et énergétiques. »

« Nous, les membres de l’Union centriste, appelons les députés à la responsabilité […] Abréger son action aujourd’hui ne pourrait conduire qu’au chaos », a également ajouté le sénateur Michel Canévet. Vanina Paoli-Gagin, sénatrice du groupe Les Indépendants présidé par Claude Malhuret (Horizons), a également ciblé en des termes très forts les oppositions de l’Assemblée nationale. « Alors que les dés de la censure semblent déjà jetés, l’avenir de la nation est hypothéqué par la fièvre de la sédition. La gauche révolutionnaire et la droite lepéniste ont décidé d’allier leurs voix pour renverser le gouvernement », a tancé la sénatrice de l’Aube.

À gauche, les orateurs ont dénoncé les choix du gouvernement. L’écologiste Ghislaine Senée a ainsi regretté « l’incapacité du gouvernement à trouver des compromis avec d’autres forces politiques que l’extrême droite ». « Certains nous qualifient, nous parlementaires de gauche, d’incohérents et d’irresponsables. Ce récit porté par la majorité gouvernementale est la plus incroyable des fake news du moment. C’est à la lecture de ce projet de loi de fin de gestion qu’on s’aperçoit à quel point que c’est la gestion du gouvernement qui est incohérente et irresponsable », a dénoncé le communiste Pierre Barros.

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