Plafonnement de la hausse des loyers : les sénateurs rejettent en commission le texte de l’Assemblée nationale

Les sénateurs de la commission des affaires économiques ont rejeté via une motion la prolongation du plafonnement provisoire des indices locatifs, instauré pendant l’été 2022. La rapporteure LR, Dominique Estrosi Sassone, a dénoncé une « législation à la sauvette » et les « délais indignes » imposés par la majorité présidentielle.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Son examen a été houleux à l’Assemblée nationale. Celui au Sénat ne risque pas d’être serein non plus. Adoptée le 31 mai par les députés, la proposition de loi sur la reconduction du plafonnement de la hausse annuelle des indices des loyers pourrait subir un coup d’arrêt au Sénat. Les sénateurs ont adopté ce 6 juin, en commission des affaires économiques, une motion tendant à opposer la question préalable. À travers cette procédure, une majorité de sénateurs ont considéré qu’il n’y avait pas lieu de poursuivre la discussion, et n’ont donc même pas examiné les articles. Le texte du député Thomas Cazenave (Renaissance) et cosignés par les groupes présidentiels, sera néanmoins débattu en séance le 7 juin.

Dans un communiqué, la rapporteure Dominique Estrosi Sassone (LR), à l’origine de la motion, a dénoncé une « législation à la sauvette ». « Examinée dans des délais indignes, cette proposition de loi n’a fait l’objet d’aucune concertation avec les acteurs qui pour beaucoup ont été mis devant le fait accompli et la rupture de la parole donnée », a-t-elle épinglé. Sa motion souligne également qu’aucune étude d’impact n’a été réalisée, puisqu’il s’agit d’un texte d’origine parlementaire, ce qui empêche de connaître les incidences financières sur les bailleurs privés et sociaux.

Pour rappel, le « bouclier loyer » a été instauré en août 2022 lors du vote du projet de loi sur le pouvoir d’achat. Ce dispositif plafonne la hausse de l’indice de référence des loyers à 3,5 %, aussi bien pour les ménages que pour les petites et moyennes entreprises. Il devait s’éteindre à la fin du mois de juin, mais un texte a été déposé in-extremis, sous forme de proposition de loi, le 23 mai, pour le prolonger jusqu’à début 2024. Le gouvernement a même engagé la procédure accélérée, pour réduire au maximum la navette parlementaire.

« Cette proposition de loi ne peut pas dispenser le gouvernement d’une véritable politique du logement »

En pleine crise du logement, avec l’effondrement des mises en chantier et des ventes, la rapporteure LR a considéré que ce texte envoyait un « un message contreproductif aux investisseurs », tout comme aux acteurs du logement social, dont les charges d’emprunt ont fortement augmenté. « Cette proposition de loi ne peut pas dispenser le gouvernement d’une véritable politique du logement, en faveur du pouvoir d’achat des Français », a dénoncé ce matin Sophie Primas, la présidente de la commission des affaires économiques (LR). Dominique Estrosi Sassone note également que « l’absence d’accompagnement des locataires », à travers par exemple la revalorisation des aides au logement, est « préoccupante ».

La semaine dernière, Thomas Cazenave avait défendu « l’urgence » de prolonger le bouclier locatif, sous peine de voir les loyers « s’envoler de plus de 6% dès juillet ». Les groupes de gauche ont plaidé pour leur part pour des mesures plus ambitieuses, allant jusqu’au gel des loyers, plutôt que de contenir la hausse à 3,5 %. En commission des affaires économiques au Sénat, les sénateurs écologistes ont proposé, sans succès, de plafonner la hausse des loyers à 1 %. Ils soumettront à nouveau cet amendement en séance. Les communistes défendront quant à eux le gel de l’indice actuel. Comme en commission, les débats pourraient être écourtés dans l’hémicycle avec l’adoption d’une nouvelle motion.

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Hydroelectric power plant in Fessenheim, France – 26 May 2024
5min

Économie

Prix de l'électricité : « EDF n'est pas une banque de subvention » affirme son PDG

Interrogé par la commission d’enquête sénatoriale sur les aides publiques aux entreprises mardi 22 avril 2025, Luc Rémont, PDG de l’énergéticien EDF pour encore deux semaines, a vanté la compétitivité de l’entreprise détenue à 100 % par l’Etat et rappelé que son entreprise n’était pas là « pour subventionner la décarbonation » des industriels.

Le

Plafonnement de la hausse des loyers : les sénateurs rejettent en commission le texte de l’Assemblée nationale
3min

Économie

Pour l’ancien patron de Danone, « des ouvriers sont infiniment plus engagés pour leur entreprise que n’importe quel patron »

L’ancien Président-Directeur Général de Danone a assurément une vision du monde différente de la plupart de ses homologues. Dans le milieu de la finance, ses vues sur l’écologie et la justice sociale détonnent. Au micro de Rebecca Fitoussi pour l’émission Un monde, un regard, il revient sur son parcours et détaille comment les épreuves de la vie l’ont amené à devenir un patron différent des autres qui prône plus justice climatique et de justice sociale.

Le

La sélection de la rédaction

Plafonnement de la hausse des loyers : les sénateurs rejettent en commission le texte de l’Assemblée nationale
8min

Société

Plan logement d’Elisabeth Borne : la déception des acteurs du secteur, comme des parlementaires

La Première ministre a présenté ce lundi le plan du gouvernement pour répondre à la « crise du logement. » Assumant ne pas avoir de « mesure magique » pour le secteur, Elisabeth Borne a voulu miser sur « l’efficacité de la dépense publique. » Une réponse insuffisante pour l’ensemble des acteurs du secteur, des professionnels du bâtiment aux parlementaires de tous bord, en passant par les associations.

Le

Plafonnement de la hausse des loyers : les sénateurs rejettent en commission le texte de l’Assemblée nationale
6min

Économie

Le gros coup de gueule du président d’Action Logement au Sénat

Bruno Arcadipane, président du conseil d'administration du premier groupe de logements sociaux en France, a dénoncé les risques de mainmise de l’État sur ses missions pilotées aujourd’hui par les partenaires sociaux. Il s’est également insurgé contre les coups de rabots et les perspectives guère encourageantes pour le budget 2024.

Le