« L’État, c’est celui que l’on essaie de secourir quand il se noie, et qui tire par les pieds son sauveteur. » Sauveteur : voilà le rôle qu’André Laignel, premier vice-président délégué de l’AMF, attribue aux communes dans cette période de « désordre », « d’instabilité » et « d’hystérie » parlementaire.
« Une purge », « un hold-up organisé » : le maire d’Issoudun a martelé ses critiques sur le projet de loi de finances 2026. Son président, David Lisnard, n’a pas été en reste, évoquant un budget demandant encore plus d’efforts à l’action publique locale : « Ce que l’on nous présente à tort comme des économies sont en réalité des prélèvements supplémentaires. » En 2025, la Cour de comptes avait préconisé une coupe d’1.4 milliards d’euros pour aller jusqu’à 5.4 milliards. L’association à force de calculs évalue, elle, « l’asphyxie budgétaire » à 7.7 milliards d’euros l’amputation du budget des services publics locaux et du soutien à l’investissement. Ce « lacet budgétaire » semble se confirmer pour 2026, avec 4.6 milliards d’euros annoncés, contre les 7.5 milliards comptabilisés par l’AMF. « Si le budget est voté, il amènera à la récession », fustige André Laignel. Un abattage budgétaire ponctionné de « surprélèvements » rétorque le vice-président des Républicain.
« Dans un contexte de disette budgétaire et d’absence de majorité, il ne faut pas gâcher la chance de la décentralité »
 
Dans une lettre adressée à Matignon, l’AMF demande au gouvernement une décentralisation de l’action publique. « Celle-ci doit éviter les travers où l’État affamé cherche des financements partout », explique le maire de Cannes. « Dans un contexte de disette budgétaire et d’absence de majorité, il ne faut pas gâcher la chance de la décentralisation », convainc-t-il. « Le Premier ministre entend porter un nouvel acte de décentralisation à venir, mais on recentralise au présent », s’agace-t-il. « Liberté, liberté ! » Voilà ce que réclame plutôt la représentation des élus locaux — une valeur qui sera le mot d’ordre de ce 107ᵉ Congrès. « Liberté d’action, de s’engager, d’être, de décider », énumère avec engouement David Lisnard. Ce dernier souhaite libérer les maires des carcans administratifs qui contraignent leur action.
 
« Nous ne sommes pas le dernier kilomètre de l’action publique, mais les premiers »
 
L’ancien secrétaire d’État André Laignel rappelle que « le maire reste l’élu préféré des Français » et « un interlocuteur fiable ». Là où la parole de l’État est maintenant « un objet de musée » et « sa confiance une épave ». Autant d’arguments pour réclamer une subsidiarité ascendante : « Nous ne sommes pas les derniers kilomètres de l’action publique, mais les premiers » plaide David Lisnard. Au-delà des libertés, c’est une revendication souveraine qui est portée par les numéros un et deux de l’AMF « un transfert des pouvoirs réglementaires aux collectivités. »
Attendu de pied ferme à la clôture du Congrès le 20 novembre, le premier ministre Sébastien Lecornu, « enfin s’il est encore d’ici là » ironise David Lisnard, pourra se confronter aux doléances des maires.
Roch Paya