Meeting on pensions at the Ministry of Labour in Paris FA

Conclave sur les retraites : les nouvelles propositions du patronat hérissent les syndicats  

Le Medef et la CPME se sont présentés à l'ultime séance du conclave sur les retraites, ce lundi 23 juin, avec de nouvelles propositions sur la pénibilité et les départs anticipés. De leur côté, les syndicats accusent le patronat de vouloir « torpiller » le texte paritaire établi la semaine dernière et qui doit être soumis à l’approbation des participants.
Romain David

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

« On espère avoir un accord ». À quelques minutes de la reprise des négociations entre partenaires sociaux sur la réforme des retraites, ce lundi 23 juin, le patronat, accusé par les syndicats de bloquer les discussions, se dit prêt à poser nouvelles propositions sur la table. « On veut être constructifs, mais on ne va pas mettre en péril d’autres pans de l’économie qui sont menacés », a averti Patrick Martin, le président du Medef, lors d’un point presse.

Alors que l’éventualité d’un retour sur le report de l’âge légal de départ à 64 ans a été enterrée, les discussions, supposées se terminer la semaine dernière, ont notamment achoppé sur les questions de pénibilité. Les organismes encore présents autour de la table ont finalement accepté le principe d’une ultime réunion (la CFDT, la CFTC, et la CFE-CGC côté salarié, face au Medef et à la CPME pour le patronat) ce lundi.

Alors que les syndicats défendent un système qui facilite les départs anticipés, le patronat préférerait axer les efforts sur la prévention et les reconversions. Ce lundi, Amir Reza-Tofighi, président de la CPME, a évoqué la possibilité « de départs anticipés pour les salariés dont l’exposition à l’usure sera constatée par un médecin ». En échange de quoi, le patronat « propose de revenir sur une partie du système des carrières longues qui est aujourd’hui trop généreux ».

Un âge de départ sans décote « indexé sur l’espérance de vie »

Concernant le départ sans décote à 67 ans, c’est-à-dire l’âge à partir duquel un salarié peut prétendre à une pension à taux plein même sans avoir cumulé le nombre suffisant de trimestres, le Medef et la CPME proposent un abaissement à 66 ans et demi, « indexé sur l’espérance de vie ce qui permet de ne pas avoir un système qui se dégrade sur le long terme ».

« Nous sommes très attentifs à deux enjeux qui fondaient la réforme Borne : équilibrer nos régimes sociaux dans la durée et améliorer notre taux d’emploi », a déclaré Patrick Martin. Le patron du Medef a insisté sur lignes rouges du patronat : ne pas aggraver les équilibres financiers issus de la réforme de 2023, et ne pas alourdir les prélèvements obligatoires sur les entreprises, « qui en supportent déjà bien assez ».

« C’est la réunion de l’engagement, ce n’est pas une réunion de négociations »

La CFDT et la CFE-CGC ont accusé lundi le patronat de « torpiller » les négociations avec ces nouvelles mesures, la discussion étant supposée se concentrer sur le texte paritaire établi par Jean-Jacques Marette, l’ancien directeur général de l’Agirc-Arrco, chargé d’animer ce conclave. « Ce que le Medef veut mettre sur la table c’est du réchauffé », a dénoncé Yvan Ricordeau, en charge de la négociation pour la CFDT.

Ce matin, au micro de France Inter, Marylise Léon, la secrétaire générale de la CFDT, a évoqué « un moment de vérité ». « C’est la réunion de l’engagement, ce n’est pas une réunion de négociations, l’accord a été conclu la semaine dernière. On a convenu de se voir aujourd’hui pour savoir si l’équilibre budgétaire était au rendez-vous. Il l’est. Donc, il y a un accord à signature », a-t-elle déclaré. « Ça peut ne pas être la dernière réunion », a pour sa part estimé Patrick Martin.

Partager cet article

Dans la même thématique

Conclave sur les retraites : les nouvelles propositions du patronat hérissent les syndicats  
4min

Économie

En 2026, le coût des intérêts de la dette pourrait dépasser le budget de l’Éducation nationale, avertit Pierre Moscovici

Auditionné au Sénat sur les perspectives budgétaires et financières du pays, le premier président de la Cour des comptes a une fois encore mis en garde contre l’emballement de la dette et de son coût annuel pour les dépenses publiques. Selon lui, la charge de la dette, autrement dit le paiement des intérêts, pourrait devenir le premier budget de l’État, devant celui de l’éducation.

Le

Un coût annuel de 211 milliards d’euros : la commission d’enquête du Sénat sur les aides publiques aux entreprises réclame un « choc de transparence »
11min

Économie

Un coût annuel de 211 milliards d’euros : la commission d’enquête du Sénat sur les aides publiques aux entreprises réclame un « choc de transparence »

À l’issue de six mois de travaux, la commission d’enquête sénatoriale sur l'utilisation des aides publiques aux grandes entreprises et à leurs sous-traitants a rendu son rapport. Après deux décennies de progression de ces dépenses, les sénateurs appellent à une forme de reprise en main des dispositifs, en particulier au travers d’une meilleure évaluation et la fixation de nouvelles contreparties dans leur octroi.

Le

Conclave sur les retraites : les nouvelles propositions du patronat hérissent les syndicats  
5min

Économie

« Il faut des signaux » : Hervé Marseille (UDI) appelle à réfléchir à une contribution des grandes fortunes dans le budget 2026

Le président du groupe Union centriste, premier allié des Républicains au Sénat, a été reçu ce matin à Bercy dans le cadre des consultations budgétaires. Il se dit opposé à des prélèvements obligatoires nouveaux, tout en s’affirmant ouvert à des « rectifications fiscales qui vont dans le sens de la justice fiscale ».

Le

Avis de greve reconductible des Aiguilleurs du Ciel a partir du 3 juillet 2025
3min

Économie

Grève des contrôleurs aériens : la loi sénatoriale qui permet de limiter l’annulation de vols

Ce jeudi a débuté une grève des contrôleurs aériens qui se poursuivra demain. Au total, la suppression d’une centaine de vols va affecter plusieurs dizaines de milliers de voyageurs. Mais l’impact reste limité notamment par l’adoption en 2023 d’un texte pour prévenir les mouvements de grèves dans le secteur aérien du sénateur centriste Vincent Capo-Canellas.

Le