Le ministre de l’Economie appelle les sénateurs à revoir l’addition. « Houston, we have a problem ! », a réagi Roland Lescure, à l’issue du vote du projet de loi de finances pour 2026 par le Sénat, ce lundi 15 décembre. « Quand on fait les comptes des deux projets de loi, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale et le projet de loi de finances pour 2026, on a déficit des administrations publiques qui est aujourd’hui à 5,3 % du PIB », a-t-il relevé, un seuil « inacceptable », selon lui.
L’adoption du prochain budget par le Sénat, alors que celui-ci a été rejeté fin novembre par les députés, a permis après des mois de tractations entre les différentes forces politiques et le gouvernement, d’établir un premier chiffrage sur les perspectives budgétaires de l’année à venir. En l’occurrence, celles-ci sont bien loin de la trajectoire initialement tracée par l’exécutif. « Il faut que l’on trouve un moyen de sortir de cette ornière […] Je suis persuadé qu’on peut le faire, mais on va avoir besoin des efforts de tout le monde. » « Le budget de l’Etat, tel qu’il est entré ici, c’était un peu moins de 5 % du PIB », a souligné Roland Lescure, rappelant aux sénateurs que la Commission européenne avait émis un avis positif sur la copie initialement présenté par le gouvernement.
« 5,3 % du PIB, ça ne passe pas ! »
Le locataire de Bercy a pointé du doigt les compromis trouvés avec la gauche à l’Assemblée nationale, mais aussi ceux élaborés pendant les discussions publiques au Sénat. « Ils se sont traduits par une dégradation. Personne, ici, n’a la vertu de l’austérité budgétaire », a-t-il relevé. La dégradation des comptes s’élèverait ainsi à 11,4 milliards d’euros par rapport au projet de budget initial, avec une dépense supplémentaire de 6,3 milliards d’euros sur le budget de la Sécurité sociale, conséquence du compromis trouvé à l’Assemblée nationale, et de 5,1 milliards d’euros sur le projet de loi de finances, tel que voté par le Sénat ce lundi.
Le ministre de l’Economie a invité les élus à rectifier le tir à l’occasion de la commission mixte paritaire qui doit se tenir vendredi ; sept sénateurs et sept députés missionnés pour trouver un compromis entre les deux chambres du Parlement sur le budget. « 5,3 % du PIB avec le budget que le Sénat vient de voter, ça ne passe pas ! Vous allez devoir faire des concessions, y compris sur les recettes qui ne sont pas au rendez-vous », a encore martelé Roland Lescure, à l’adresse d’une majorité sénatoriale arc-boutée contre les hausses d’impôts. En regagnant sa place, le ministre a essuyé les sifflets de quelques élus, vraisemblablement agacés par ses remontrances.