CAC 40
Photo illustration de la bourse CAC 40 //07ALLILIMAGES_CHOIX.1270/2207201107/Credit:Mourad ALLILI/SIPA/2207201118

Vote de confiance, les cours s’effondrent : « Le monde économique est très inquiet »

Coup de tonnerre à la bourse de Paris hier, à 16h. Alors que le CAC 40 terminait l’été en bonne forme, l’annonce d’un vote de confiance par le Premier ministre a fait chuter les cours en un éclair. Taux d'intérêts qui grimpent et spectre du FMI aux portes de Paris, analyse avec l’économiste Stéphanie de Villers.
Clémentine Louise

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Tout allait bien ce lundi 25 août jusqu’à 16 h 10, heure à laquelle l’indice du CAC 40 a commencé à piquer du nez… Une longue chute survenue dix minutes seulement après l’annonce d’un vote de confiance, par le premier ministre, le 8 septembre prochain.

La Bourse de Paris perdait 1,59 %, en fin d’après-midi, hier. Rien d’alarmant dans l’immédiat, mais une mauvaise nouvelle pour des investisseurs avides de stabilité, qui instaure un climat de méfiance potentiellement durable. À titre comparatif, l’annonce de la dissolution en juin 2024 avait provoqué une baisse immédiate de 2,1 %, puis la situation s’était dégradée la semaine suivante avec une chute de 6,23 %.

Ce matin, le CAC 40 ouvrait avec une baisse de presque 2 %, puis un léger ralentissement est venu adoucir la chute, en fin de matinée.

Du côté des banques, cette nouvelle vague politique se traduit par une perte de plus de 6 % pour la Société générale et le Crédit agricole. Les fournisseurs Engie et Veolia fléchissent, respectivement, de 2,5 et 3 %. Quant aux concessionnaires et contractants, Vinci perd 5,2 %, Bouygues 3 %, et Eiffage 6 %. « Les investisseurs craignent qu’une forme d’instabilité durable s’installe. Ils prévoient un ralentissement de la croissance française », explique l’économiste Stéphanie Villers.

 

La dangereuse escalade des taux d’intérêt

 

Mais ce n’est pas tant les cours boursiers qui inquiètent la conseillère économique de PwC car ils sont par nature « volatiles », mais plutôt les taux d’intérêt. « Les taux d’intérêt augmentent quand les investisseurs jugent la dette française pas assez rémunératrice. Ils vendent alors leur part de dette, et, mécaniquement, cela fait augmenter les taux d’intérêt. » Cette hausse concerne tout le monde, entreprises comme ménages. Les unes comme les autres risquent de moins emprunter, et donc de freiner l’économie. « Il n’y pas encore de panique mais il y a un mouvement de défiance », tient tout de même à rassurer Stéphanie Villers.

Pourtant au micro de France inter ce matin, le ministre de l’Économie, Éric Lombard, lançait de sombres pronostics : « Je vous parie que dans les quinze jours qui viennent, nous paierons notre dette plus chère que l’Italie ». Le taux d’emprunt de la France à dix ans, a bondi à 3,51 % quand le taux italien est à 3,61 %.

Les taux d’intérêt français, déjà supérieurs à ceux de nos voisins espagnols, portugais, et grecs, pourraient dépasser les taux italiens, longtemps considérés comme la ligne rouge à ne pas franchir. Mais pour Stéphanie Villers rien n’est encore fait. « On ne peut pas prédire ce que vont faire les investisseurs mais s’ils préfèrent acheter de la dette italienne à de la dette française alors nos taux grimperont encore, et on sera les plus mauvais élèves de la zone euro. »

 

Dans le viseur du FMI ?

 

Le patron de Bercy confessait ce matin qu’il ne pouvait pas exclure une intervention du FMI, avant de calmer le jeu quelques heures plus tard dans un tweet : « Nous ne sommes aujourd’hui sous la menace d’aucune intervention du FMI ou de la BCE. »

Stéphanie Villers précise qu’il ne s’agirait pas d’une intervention du FMI mais de la Banque centrale européenne (BCE), ajoutant qu’il y a désormais des « pare-feu » avant d’en venir au FMI. « Si notre situation devient vraiment insoutenable alors la BCE rachètera notre dette ce qui fera chuter nos taux d’intérêts. Mais ça ne se fera que sous une condition, que la BCE définisse notre prochain budget. » Bruxelles imposerait alors une politique de rigueur, afin de faire des économies drastiques. Cela passerait par exemple par une baisse des pensions de retraite, une hausse considérable de la TVA ou la fin du 13e mois pour les salariés. « Demandez aux Grecs, ils s’en souviennent », lance l’économiste.

 

Pas encore de crise grecque à la française ni de « menace » selon le ministre de l’Économie, mais un risque de plus en plus plausible. L’instabilité gouvernementale pourrait continuer de faire flamber les taux d’intérêt, et si aucun budget n’est adopté, « on ne va pas avoir le choix que de s’en remettre à un tiers, donc de déléguer à la BCE », conclut Stéphanie Villers.

Le vote de confiance est prévu le 8 septembre. Actuellement, les principaux groupes politiques ont annoncé ne pas renouveler leur confiance au Premier ministre. Le budget 2026 qui prévoyait 44 milliards d’économies est suspendu jusqu’à nouvel ordre. L’économie française retient son souffle.

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