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« 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école » : un rapport sénatorial dresse un premier bilan en demi-teinte

Annoncées en février 2020 et généralisées en septembre 2022 à la faveur des Jeux olympiques de Paris 2024, les « 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école » visent à réduire la sédentarité chez les enfants. Les sénatrices Laure Darcos et Béatrice Gosselin évaluent, dans un rapport, les premières années de mise en place de ce dispositif, insuffisamment appliqué selon elles.
Mathilde Nutarelli

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C’est un des nombreux dispositifs lancés à l’occasion des Jeux olympiques de Paris 2024. Les « 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école » ont été annoncées par Emmanuel Macron en février 2020 dans le cadre de l’héritage des Jeux. Elles ont été généralisées à l’ensemble des écoles primaires à la rentrée 2022. Deux ans plus tard, les sénatrices Laure Darcos et Béatrice Gosselin remettent un rapport évaluant la mise en place du dispositif.

30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école : un dispositif généralisé en 2022

L’objectif derrière les trente minutes d’activité physique quotidienne par jour était de lutter contre le surpoids des enfants, qui connaît une tendance à la hausse inquiétante. A partir de 2020, ce sont les écoles volontaires qui ont pu les mettre en place, avant qu’elles ne soient généralisées à toutes les écoles primaires en septembre 2022. Les enseignants doivent donc organiser trente minutes d’activité physique par jour pour leurs élèves, en plus des cours d’éducation physique et sportive, selon des modalités qui peuvent varier. Pour cela, le ministère de l’Education leur fournit un kit composé de matériel, comme un sifflet, un chronomètre ou encore des mini-haies, ainsi qu’un guide pour aider à leur mise en place. En avril 2024, lors de l’inauguration du centre aquatique olympique, Emmanuel Macron s’est félicité du succès du dispositif : il a annoncé que 90 % des élèves du primaire bénéficiaient des trente minutes de sport par jour. Un constat que vient nuancer le rapport de la commission de la culture du Sénat.

Une mise en place tardive dans les écoles

La sénatrice Les Indépendants de l’Essonne Laure Darcos et la sénatrice LR de la Manche Béatrice Gosselin se sont penchées sur le sujet et brossent un portrait bien moins flatteur du dispositif présidentiel. Premier reproche : l’annonce tardive de la généralisation du dispositif. C’est en effet en juin 2022 que celle-ci a été annoncée par le Président de la République. La note du ministère détaillant les modalités de mise en place est arrivée dans les établissements scolaires à la fin du mois de juillet, d’après les sénatrices, laissant moins d’un mois aux écoles pour s’organiser. Elles relèvent aussi une mauvaise livraison des kits sportifs, censés aider les enseignants à organiser les activités physiques. « Fin mai 2024, seules 62 % des écoles ont été livrées dans l’Essonne – contre un taux national moyen de 90 % à la même période selon la DGESCO -, les services académiques espérant un taux de couverture de 90 % fin juin 2024 », peut-on lire dans le rapport. De quoi sérieusement entraver l’organisation d’une telle mesure, par des enseignants qui disposent déjà de peu de temps pour dispenser les cours d’EPS, qualifié d’ « enseignement strapontin » par certains, entendus dans le cadre du rapport.

Seulement 42 % des écoles primaires ont mis en place les « 30 minutes d’activité physique quotidienne par jour »

En conséquence, l’avis des sénatrices autrices du rapport sur le déploiement du dispositif diffère des chiffres annoncés par Emmanuel Macron. Lorsqu’il affirme que 90 % des élèves en ont bénéficié, elles comptent que seulement 42 % des écoles primaires ont mis en place les « 30 minutes d’activité physique quotidienne par jour ». Les chiffres sont issus d’une enquête de la direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) de janvier 2024 auprès des directeurs d’école. « Seuls 60,7 % [d’entre eux] ont répondu à cette enquête », nuancent les autrices. Elles regrettent par ailleurs une « mise en œuvre partielle du dispositif » : sur les écoles mettant en place le dispositif, 22 % indiquent qu’il concerne moins de la moitié des classes de l’école.

Mieux former les enseignants et mobiliser les parents

Si Laure Darcos et Béatrice Gosselin émettent des critiques sur la mise en place du dispositif, elles reconnaissent son utilité. Les directeurs interrogés par la DGESCO constatent en effet une amélioration des conditions d’apprentissage chez les enfants effectuant les trente minutes d’activité physique. Elles formulent donc plusieurs recommandations pour que la mesure soit plus largement déployée dans les écoles françaises. Elles proposent de la renommer, pour mieux insister sur la notion de santé, en PABE, « pauses actives de bien-être ». Elles recommandent aussi de dessiner un marquage au sol dans les cours d’écoles pour faciliter les exercices, et d’associer à l’activité physique les encadrants du temps périscolaire.

Pour pérenniser le dispositif au-delà des Jeux, Laure Darcos et Béatrice Gosselin proposent d’améliorer la formation des enseignants sur la question de l’activité physique en l’incluant dans la formation initiale et continue, et de former pendant trois ans au moins un enseignant par école sur le sujet. Dernier levier pour apprendre aux enfants à bouger pour être en meilleure santé : les parents. Les sénatrices recommandent de les associer au dispositif, pour atteindre les soixante minutes d’activité physique par jour pour les enfants. « L’école ne peut pas, à elle seule, répondre à tous les maux de la société », concluent-elles.

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