Abaya : « Quelle est la ligne du gouvernement en matière de lutte contre l’inquiétante offensive islamiste dans notre pays ? » s’interroge Jacqueline Eustache-Brinio

Très engagée sur le sujet de la laïcité, la sénatrice LR Jacqueline Eustache-Brinio, s’est inquiétée, durant les questions d’actualité au gouvernement, de l’action de l’exécutif contre « l’offensive islamiste » et la progression du port des abayas à l’école.
Henri Clavier

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« La semaine dernière sur le site gouvernemental jeveuxaider.gouv.fr, plateforme publique de l’engagement, on pouvait découvrir une jeune fille voilée qui a, subrepticement, été remplacée trois jours plus tard par une autre jeune fille à la tête découverte », s’indigne Jacqueline Eustache-Brinio au moment de poser une question au gouvernement. Pour la sénatrice LR, cela revient à accepter l’incapacité de l’Etat à lutter contre le fondamentalisme islamiste.

Comment expliquez-vous l’ambiguïté gouvernementale autour de l’abaya, fruit du wahhabisme ? »

La sénatrice du Val d’Oise identifie un renoncement de l’Etat alors que l’actualité récente a été marquée par une polémique autour des abayas dont le port est en hausse. Cette robe, très portée au Moyen-Orient, est perçue comme un moyen de contourner la loi de 2004 interdisant le port de signes religieux à l’école publique. « Comment nous faire croire que le gouvernement lutte contre les abayas lorsqu’il affiche ouvertement une jeune fille voilée sur un site du gouvernement, sous le drapeau français ? Comment expliquez-vous l’ambiguïté gouvernementale autour de l’abaya, fruit du wahhabisme ? », résume Jacqueline Eustache-Brinio.

Lancée dans une longue diatribe, la sénatrice a enchaîné, avant et après l’intervention de Sonia Backès, secrétaire d’Etat chargée de la citoyenneté, les questions en forme d’accusation. « Comment expliquez-vous qu’une conférence à la Sorbonne sur l’entrisme des frères musulmans se soit déroulée sous haute surveillance ? Comment expliquez-vous l’inaction du ministère de l’Education nationale pour faire en sorte que le collège où enseignait Samuel Paty soit renommé et porte son nom ? » assène la sénatrice du Val d’Oise. Une violente charge en réponse de laquelle Sonia Backès a rappelé la position du gouvernement sur le sujet.

« La loi de 2004 est une loi protectrice et d’émancipation. Nous devons veiller à sa stricte application »

Accusé de laxisme contre l’intégrisme islamiste, la réponse de Sonia Backès se voulait pourtant ferme affirmant directement que « les abayas et les kamis constituent des habits religieux par destination, dès lors que la finalité qui s’attache à leur port ne fait aucun doute et que c’est une tentative de contournement manifeste de la loi de 2004 ». La secrétaire d’Etat chargée de la citoyenneté a essayé de rassurer son auditoire en réaffirmant l’importance de la loi de 2004 : « La loi de 2004 est une loi protectrice et d’émancipation. Nous devons veiller à sa stricte application ».

Sonia Backès s’est évertuée à rappeler les principes posés par le ministre de l’enseignement, Pap Ndiaye, au Sénat la semaine dernière expliquant que « comme vous, nous avons entendu les demandes des enseignants de bénéficier de règles claires. Les chefs d’établissement sont fondés à prendre des sanctions contre les élèves à l’origine de ces comportements et les exclure de l’établissement ». Par ailleurs Sonia Backès se félicite de l’implication et de la vigilance des services de l’Etat sur le sujet, démentant ainsi les accusations de Jacqueline Eustache-Brinio. « Depuis la rentrée 2022, les services de renseignement sont en lien constant avec les responsables des communautés éducatives et documentent une tendance préoccupante sur les atteintes à la laïcité notamment à l’école. Nous suivons cette évolution en lien étroit avec le ministre de l’Education nationale et ses services ». Insuffisant pour convaincre Jacqueline Eustache-Brinio qui a affirmé « ne pas être rassurée » par la réponse de Sonia Backès.

 

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