Agressions contre les enseignants : « Il faut des lycées à part » pour les élèves les plus difficiles, plaide François-Noël Buffet

La commission d’enquête du Sénat sur les menaces et agressions contre les enseignants a rendu ses conclusions mercredi. Au micro de Public Sénat, François-Noël Buffet, le président de la commission des lois, détaille certaines recommandations, notamment la mise en place d’établissements dédiés pour assurer la scolarisation des élèves « hautement perturbateurs ou polyexclus ».
Romain David

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Des enseignants bien seuls lorsqu’ils sont confrontés aux incivilités, aux menaces, et parfois à la violence physique. C’est le constat que dresse le Sénat dans un rapport d’enquête sur les menaces et agressions de professeurs, rendu public mercredi 6 mars. La Haute assemblée liste 38 mesures pour mettre en avant une « laïcité à la française » mais également renforcer la formation des personnels éducatifs sur ce sujet. Toutefois, les recommandations des élus ne concernent pas seulement l’apprentissage et l’encadrement, elles prévoient également de sanctionner les élèves problématiques et leurs parents.

Des sanctions pénales

« C’est terrible d’en arriver là, mais malheureusement nous n’avons pas d’autres moyens à un moment donné que de montrer beaucoup de fermeté », explique François-Noël Buffet, le président (LR) de la commission des lois au micro de Public Sénat. Le rapport sénatorial évoque ainsi la création « d’une charte des parents », par laquelle ceux-ci s’engagent à respecter les prérogatives de l’enseignant, par exemple sur le système de notation, la liberté pédagogique ou encore le choix des textes étudiés. Mais les élus souhaitent également que des sanctions pénales « en cas d’entrave à l’enseignement » soient mises en place.

« Évidemment, nous souhaitons que les parents soient responsabilisés à partir du moment où leurs enfants ne respectent pas les règles de la laïcité, mais aussi les règles du comportement à l’école. À partir du moment où ils ne prennent pas conscience de cette responsabilité qu’ils ont à l’égard de l’équipe éducative du lycée ou du collège dans lequel est scolarisé leur enfant, nous souhaitons qu’il puisse y avoir une amende », détaille l’élu.

« J’ai entendu dire qu’on parlait de centres de redressement. Ce n’est pas du tout le sujet »

Le Sénat plaide aussi pour la création de structures d’accueil pour les élèves « hautement perturbateurs ou polyexclus ». Après l’assassinat du professeur Dominique Bernard à Arras, Gabriel Attal, encore ministre de l’Education nationale, avait indiqué vouloir « sortir » les élèves signalés pour des faits de radicalisation des établissements scolaires. « On doit trouver une autre solution que de les scolariser », avait défendu le locataire de la rue de Grenelle.

« J’ai entendu dire qu’on parlait de centres de redressement. Ce n’est pas du tout le sujet », veut déminer François-Noël Buffet. « Vous avez des enfants et des jeunes qui sont en difficulté. Il faut bien trouver un moyen de les scolariser et de continuer leur éducation, aussi difficile soit-elle. Il faut des lycées à part, un dispositif à inventer pour qu’ils puissent continuer de progresser, d’apprendre et se départir de la situation dans laquelle ils sont embarqués, en grande partie par les réseaux sociaux » soutient le sénateur du Rhône.

Une fracture générationnelle autour de la laïcité

Autre élément mis en lumière par le rapport du Sénat : les variations d’interprétation autour du concept de laïcité, ce qui complique sa mise en pratique. « Incontestablement, il y a une fracture générationnelle. Nous avons bien vu que les enseignants âgés de plus de 50 ans sont sur un concept de laïcité classique, que nous connaissons et sur lequel nous avons été formés, alors que les plus jeunes sont sur une forme plus anglo-saxonne, avec davantage de tolérance à l’égard d’un certain nombre de comportements, d’attitudes vestimentaires ou de façon de penser », détaille François-Noël Buffet. « Le cœur, le fond du problème est là. »

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