Concours à bac +3, formation des profs en deux ans, « reconquête de l’écriture » : le plan de bataille de François Bayrou et Elisabeth Borne pour l’école

Le Premier ministre et la ministre de l’Education nationale dévoilent leur plan, pour lutter contre la baisse du niveau scolaire et la crise d’attractivité du métier d’enseignant. À partir de la rentrée 2026, les professeurs seront recrutés dès la fin de la licence, puis formés en deux ans. Un plan « pour la reconquête de l’écriture » doit également être annoncé d’ici l’été.
Rose-Amélie Bécel

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C’est depuis une école des Hauts-de-Seine que François Bayrou et Elisabeth Borne ont dévoilé une nouvelle réforme de l’éducation nationale, essentiellement tournée vers la formation initiale et continue des professeurs. Ces annonces étaient attendues depuis de longs mois. Proposée par Emmanuel Macron il y a un an, préparée par la ministre de l’Education de l’époque Nicole Belloubet pour la rentrée 2025, la réforme avait été suspendue en raison de la dissolution.

C’est le premier chantier majeur auquel s’attaque François Bayrou, depuis le vote du budget au début de l’année. Depuis une école élémentaire de Rueil-Malmaison, le Premier ministre a en effet rappelé que l’enseignement était « la mère des batailles » de son gouvernement, où le ministère de l’Education nationale occupe la première place dans l’ordre protocolaire.

Une nouvelle formation postbac, un concours à bac +3, un master rémunéré

Les nouvelles modalités de formation des enseignants devraient donc être mises en œuvre à partir de la rentrée 2026. Mesure la plus emblématique : les futurs professeurs du premier et du second degré seront désormais recrutés via un concours à l’issue d’une licence, c’est-à-dire à niveau bac +3. Les lauréats du concours seront ensuite formés en deux ans, dans le cadre d’un master, contre un an aujourd’hui. « Ce temps de formation supplémentaire est essentiel pour renforcer le niveau disciplinaire et mieux préparer à l’entrée dans le métier », a assuré Elisabeth Borne.

Concrètement, ces deux années doivent permettre d’alterner des périodes de stage dans des établissements, voire de mi-temps dans une école en deuxième année, et une formation au sein des instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (INSPE). Pendant tout ce temps, les étudiants auront un statut d’élèves-fonctionnaires et seront donc rémunérés, 1 400 euros par mois en première année et 1 800 euros en seconde.

Seconde mesure annoncée par la ministre : la création d’une nouvelle « licence pluridisciplinaire préparatoire au professorat des écoles », destinée à préparer le concours. « Cette licence aura pour objectif de susciter des vocations dès la sortie du lycée et de mieux préparer les étudiants à la réalité du métier auquel ils se destinent », a expliqué Elisabeth Borne. Cette formation en trois ans doit compléter la formation de deux ans en INSPE, en prenant pour exemple le modèle des « écoles normales », ces établissements chargés de former les instituteurs jusqu’au début des années 1990. « Elles avaient pour caractéristique de recruter précocement les futurs enseignants et leur donnaient une fois recrutés le temps et les moyens de se former dans les disciplines fondamentales », a souligné François Bayrou.

La formation continue, « parent pauvre de l’enseignement scolaire » et oubliée du plan Bayrou

Face à la perte d’attractivité du métier, avec encore 3 000 postes d’enseignants non-pourvus dans le pays à la rentrée dernière, l’idée d’un concours à bac +3 fait plutôt consensus au sein des syndicats enseignants. Dans un communiqué commun diffusé cette semaine, les syndicats de l’enseignement supérieur se sont tout de même « alarmés de ce qu’aucune concertation n’ait été entamée avec les partenaires sociaux » autour de la réforme. « Aucune leçon n’a été tirée de la situation chaotique de l’année dernière », ont-ils déploré, alors que la première réforme annoncée avait été reportée.

Au Sénat, la réforme du gouvernement devrait être accueillie plutôt positivement. Dans un rapport d’information sur la formation des enseignants, publié en juillet dernier, le sénateur Max Brisson (LR) et la sénatrice Annick Billon (Union centriste) avaient affirmé la nécessité d’un « continuum de formation en plusieurs étapes », en commençant par « une sensibilisation aux réalités du métier en formation postbac ».

Les sénateurs avaient toutefois également insisté sur la nécessité de développer davantage la formation continue, tout au long de la vie de l’enseignant, soulignant qu’elle reste « le parent pauvre de l’enseignement scolaire ». Le Premier ministre n’a pour le moment pas pris d’engagements pour augmenter le nombre d’heures de formation continue, affirmant seulement que celle-ci devait « se fonder sur la pratique et les réussites de terrain ».

Un plan pour « faire en sorte que les élèves lisent et écrivent chaque jour »

Si les annonces sur la formation étaient attendues de longue date, la seconde partie du plan proposée par le Premier ministre est en revanche plus nouvelle. François Bayrou a annoncé la mise en place d’un « plan pour la reconquête de l’écrit » : « Chaque jour, dès la rentrée à l’école et jusqu’à l’université, dans toutes les disciplines, nous allons faire en sorte que les élèves lisent et écrivent ». Les mesures concrètes de ce plan devraient être dévoilées « d’ici l’été », précise Elisabeth Borne, sur les recommandations d’un groupe de travail dirigé par l’écrivain et académicien Erik Orsenna.

Pour le Premier ministre, ce plan doit notamment permettre d’élever le niveau des élèves. « Entre 2000 et 2025, le niveau des élèves mesuré par les enquêtes nationales et internationales a baissé d’un an. Le niveau des élèves de 5ème Il y a un quart de siècle équivaut donc au niveau des élèves de 4ème aujourd’hui », a-t-il déploré. « Dès lors que vous maîtrisez la langue, la lecture, l’écriture, tout d’un coup des portes s’ouvrent, qui ne se seraient pas ouvertes sinon », a souligné le Premier ministre.

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