Respect de la laïcité : « L’Education nationale se nie dès qu’elle s’éloigne de ses principes républicains fondateurs », selon Jean-Michel Blanquer

La commission d’enquête du Sénat sur le traitement des menaces et violences à l’encontre des enseignants auditionnait, ce mardi, Jean-Michel Blanquer. L’ancien ministre de l’Education nationale est revenu sur son bilan en matière de lutte contre les atteintes à la laïcité.
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En poste durant tout un quinquennat, Jean-Michel Blanquer détient le record de longévité sous la Ve République à la tête du ministère de l’Education nationale. Il y a trois ans, il était en fonction lors de l’assassinat de Samuel Paty et c’est à ce titre que la commission d’enquête du Sénat sur le traitement des menaces et violences à l’encontre des enseignants l’auditionnait, ce mardi. Sans s’attarder sur les faits qui font l’objet d’une procédure judiciaire, la Haute assemblée souhaite se concentrer sur « les procédures et les garde-fous tendant à prévenir la répétition de ces drames », a rappelé, le président de la commission de la culture et de l’éducation, Laurent Lafon (centriste).

L’ancien ministre a d’abord rappelé que dès sa prise de fonction en 2017, il a mis l’accent sur la lutte contre les atteintes à la laïcité et son corollaire, « le phénomène : pas de vagues », en créant le Conseil des sages de la laïcité, et en mettant en place une cellule de crise au sein de son ministère, destinée à faire remonter l’ensemble des enjeux de sécurité. « Tout ceci peut sembler naturel a posteriori. Ça ne l’était pas. Déjà pointaient les critiques sur mon esprit sécuritaire, la priorité excessive que j’accordais à ces questions », tient-il à souligner.

Le Conseil des sages de la laïcité a par la suite, créé des normes de référence pour l’éducation nationale en éditant un vade-mecum de la laïcité. « En même temps, nous avons créé des équipes valeurs de la République à l’échelle de chaque académie […] des équipes capables d’intervenir sur le terrain à l’appel des établissements […] lors de la semaine fatidique qui a précédée l’assassinat de (Samuel Paty), a chacune des étapes, cette équipe a été mobilisée […] La principale du collège avait été imprégnée de ces règles et a accompagné Samuel Paty pour le dépôt de la plainte », rappelle-t-il.

Mort de Samuel Paty : Jean-Michel Blanquer répond aux critiques sur l’enquête de l’Inspection générale de l’Education

Le sénateur LR, Jacques Grosperrin a lui évoqué les propos de la sœur de Samuel Paty auditionnée un mois plus tôt. Mickaëlle Paty avait épinglé le contenu du rapport publié par une mission d’inspection sur l’attentat survenu contre son frère, « Seuls trois professeurs ont été entendus sur les 51 qui composent l’équipe pédagogique, versus 4 représentants des parents d’élève, inversant ainsi le rapport de force », s’était-elle étonnée, avant de relever la rapidité de rédaction du rapport, « bouclé ou bâclé en 15 jours ».

L’affaire étant actuellement judiciarisée, le président de la commission des lois, François-Noël Buffet (LR) a invité Jean-Michel Blanquer à répondre avec « prudence ». « Si on a des éléments de désaccord, il faut confronter ce rapport à d’autres éléments de l’enquête. Sans rentrer dans les détails, je voudrais inciter chacun à la prudence sur les interprétations qui sont faites en la matière. L’expression selon laquelle, l’Education nationale aurait lâché Samuel Paty est un sujet qui doit être regardé de très près […] Je demande à ce qu’on regarde ça avec sérénité et objectivité », a-t-il répondu.

Après l’assassinat de Samuel Paty, Jean-Michel Blanquer a lancé ce qu’il appelle le « système des 1000 ». « Nous avons formé 1 000 personnes qui à leur tour sont devenues les formateurs de formateurs à l’échelle du pays ».

Mickaëlle Paty était justement revenue la formation au respect de la laïcité des professeurs dans les Inspés. « Pour avoir côtoyé certains formateurs en Inspés qui eux-mêmes se sont déjà fourvoyés dans une laïcité ouverte, transmettent forcément une laïcité ouverte […] il y a un traitement complètement diffèrent dans l’enseignement supérieur où la loi de 2004 n’est pas appliquée », avait-elle dénoncé devant le Sénat, insistant sur le fait que « la nouvelle génération de professeurs n’avaient pas la même notion de la laïcité que leurs anciens collègues ».

« Tout le monde se veut plus victime que son voisin »

« Je ne prétends pas que nous sommes arrivés à cette homogénéité de culture et de réflexe. Mais cette homogénéité est indispensable […] J’ai été le plus en amont possible. J’ai dénoncé certaines choses qui pouvait se passer dans les universités qui ont un impact sur nos professeurs […] L’Education nationale se nie dès qu’elle s’éloigne de ses principes républicains fondateurs. Ils n’ont pas vocation à varier considérablement dans le temps, ce sont toujours les mêmes depuis les années 1880. La laïcité non plus, n’a pas changé de sens », a-t-il estimé.

Une référence à son combat contre le « wokisme ». « En effet, c’est un enjeu de matrice culturelle. Nous avons la chance d’avoir une matrice républicaine […] On a besoin de ne plus avoir le logiciel de la victimisation comme étant le logiciel de la lecture des rapports en société […] tout le monde se veut plus victime que son voisin. Cette surenchère de la victimisation est la clef de compréhension de beaucoup d’attitudes », a-t-il développé.

Enfin, plusieurs sénateurs ont évoqué la piste d’une protection fonctionnelle automatique pour les enseignants menacés. « La protection fonctionnelle est assez systématique. Elle n’est pas automatique. Passer de systématique à automatique serait une bonne évolution », a-t-il considéré.

 

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