Un nouveau drame a secoué le monde éducatif ce mercredi 24 septembre. Au collège Robert Schuman de Benfeld, dans le Bas-Rhin, une professeure de musique de 66 ans a été poignardée en plein cours par un élève de 14 ans. Blessée au visage, l’enseignante a été hospitalisée en urgence. Son pronostic vital n’est pas engagé. L’auteur des faits, un temps en fuite, a finalement été interpellé après s’être lui-même infligé des coups de couteau. L’établissement a été immédiatement évacué. Sur le réseau social X, la ministre de l’Éducation nationale a condamné « avec force » cette agression et a annoncé sa venue sur place.
Un arsenal législatif renforcé
Ce nouvel acte de violence relance le débat sur la sécurité des enseignants, déjà éprouvés par une série de drames récents. Depuis l’assassinat de Samuel Paty en octobre 2020, puis celui de Dominique Bernard en 2023, les agressions à l’encontre des professeurs suscitent une inquiétude croissante au sein de la communauté éducative Depuis 2020, plusieurs mesures ont déjà été introduites pour mieux protéger le corps enseignant. Le projet de loi « confortant les principes de la République » a créé en 2021 un délit d’entrave à la fonction d’enseignant, passible d’un an de prison et de 15 000 euros d’amende. Il a aussi renforcé les sanctions contre la diffusion d’informations personnelles mettant en danger un agent public.
« Protéger l’école de la République »
En 2023, à la demande de Mickaëlle Paty, sœur du professeur assassiné, le Sénat a ouvert une commission d’enquête sur les menaces visant les enseignants. Ses travaux ont abouti à 38 recommandations, dont plusieurs ont été traduites dans une proposition de loi visant à « protéger l’école de la République et les personnels qui y travaillent » du sénateur centriste Laurent Lafon, adoptée à l’unanimité en mars 2025 par la Chambre haute. Cette proposition de loi vise à protéger davantage les enseignants. Elle prévoit l’octroi automatique de la protection fonctionnelle lorsqu’un professeur est victime de menaces ou de violences. Elle permet aussi à l’administration de déposer plainte à la place des enseignants, avec leur accord, afin de simplifier les démarches souvent jugées trop lourdes. Enfin, les chefs d’établissement doivent désormais être informés lorsqu’un élève est mis en examen ou condamné pour des faits liés au terrorisme. Le texte est resté sur le bureau de l’Assemblée nationale depuis mars à cause de l’instabilité politique du pays.
Des nouvelles mesures sécuritaires
En février, la ministre de l’Éducation, Élisabeth Borne annonçait que des fouilles de sacs d’élèves pourraient être mises en place dès le printemps, dans des situations de menace grave. Une mesure appuyée par François Bayrou en avril, après l’agression meurtrière survenue à Nantes, pour lutter contre la circulation des armes blanches. Cette mesure moins consensuelle, permettant des contrôles « inopinés » sous conditions strictes a été validée par le Sénat et a permis la saisie de 186 couteaux lors des 6 000 contrôles menés depuis la fin mai, annonçait le gouvernement en juin dernier.
Malgré ces dispositifs, beaucoup d’enseignants se sentent encore isolés. Les professeurs dénoncent la lenteur des procédures judiciaires et le manque d’informations sur les suites données à leurs plaintes. Ce sentiment d’abandon renforce leur vulnérabilité et décourage certains d’entre eux de saisir la justice.