Annoncées en février 2020 et généralisées en septembre 2022 à la faveur des Jeux olympiques de Paris 2024, les « 30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école » visent à réduire la sédentarité chez les enfants. Les sénatrices Laure Darcos et Béatrice Gosselin évaluent, dans un rapport, les premières années de mise en place de ce dispositif, insuffisamment appliqué selon elles.
Uniforme à l’école : comment va se dérouler l’expérimentation ?
Par Simon Barbarit
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Comme l’année dernière, le débat sur l’uniforme à l’école occupe le premier rang de la rentrée scolaire. Avec une différence notable, contrairement à son prédécesseur Pap Ndiaye, le nouveau ministre de l’Education, y est favorable. Gabriel Attal a annoncé lundi 4 septembre qu’il dévoilera à l’automne les modalités de l’expérimentation du port de l’uniforme à l’école. Le ministre a invité les élus volontaires à entrer en contact avec le gouvernement pour travailler sur cette expérimentation qui sera menée dans les écoles, collèges et lycées et dans « différents territoires ».
Quelques heures plus tard, Emmanuel Macron a fait part de son souhait de privilégier « l’approche de l’expérimentation, de l’évaluation ». « Sans avoir un uniforme, on peut dire : vous vous mettez en jeans, t-shirt et veste […] la question de la tenue unique est à mon avis plus acceptable, et peut paraître un peu moins stricte d’un point de vue disciplinaire », a-t-il développé sur la chaîne du YouTuber, Hugo décrypte.
La proposition revient à intervalle régulier dans le débat public lorsqu’on évoque les difficultés de l’Education nationale. Imposer aux élèves un « uniforme » ou une « tenue vestimentaire commune » serait, selon où l’on se place sur l’échiquier politique, un moyen pour faire respecter la laïcité ou un instrument promoteur d’égalité, voire de lutte contre le harcèlement scolaire.
A droite, l’idée séduit
« Je ne suis pas sûr que ce soit une solution miracle qui permette de régler tous les problèmes de l’école. Mais en tout cas je pense qu’elle mérite d’être testée », a estimé Gabriel Attal sur RTL, en invitant les élus intéressés à se rapprocher des services du ministère.
A droite et à l’extrême droite, plusieurs présidents de collectivités locales ont répondu présents à l’appel de l’exécutif. Le patron de LR, Éric Ciotti a fait acte de candidature pour son département des Alpes-Maritimes.
Même demande de la part du maire du Rassemblement national de Perpignan Louis Aliot qui a proposé jeudi la mise en place d’une tenue uniforme dans les établissements scolaires de sa ville. Début août, le maire de Béziers (Hérault) Robert Ménard, ancien proche de Marine Le Pen et d’Éric Zemmour, avait aussi exprimé son souhait d’expérimenter la mesure dans sa commune.
L’uniforme à l’école est une vieille antienne de la droite. Le ministre de l’Education de Nicolas Sarkozy, Xavier Darcos l’avait proposé en 2003. On retrouve aussi l’idée dans le programme de François Fillon en 2017. Au Sénat, Jacques Grosperrin, rapporteur LR d’une commission d’enquête en 2015, sur la perte de repères républicains dans les établissements scolaires, avait proposé la mise en place « d’une tenue d’établissement ». En janvier dernier, la sénatrice (apparentée LR) Céline Boulay-Espéronnier, a déposé une proposition de loi en ce sens. La mesure débattue au printemps dans le cadre d’un autre texte de la droite sénatoriale sur l’autonomie de l’école, avait été rejetée durant le débat, par une majorité de voix venues de la gauche et du centre.
Une mesure déjà appliquée en Outre-mer
Contrairement aux idées reçues, l’uniforme n’a jamais été obligatoire dans les établissements publics métropolitains à l’exception des internes des lycées Napoléoniens. L’image d’Épinal des écoliers en blouse au début du XXe siècle renvoyait à des raisons pratiques. Le textile coûtait cher et la blouse permettait aux écoliers de ne pas se tacher avec l’encre.
Toutefois, plusieurs territoires d’Outre-mer appliquent cette mesure dans les établissements publics avec des variantes selon les degrés. Le port de l’uniforme est courant aux Antilles. La pratique est généralisée dans un tiers des établissements de Martinique, par exemple. En 2017, la province Sud de la Nouvelle Calédonie l’a imposé à toutes les écoles. Il est obligatoire dans les collèges de Polynésie, mais pas dans les écoles.
L’expérience abandonnée à Provins
En 2018, la commune de Provins en Seine-et-Marne avait expérimenté le port non-obligatoire pour six écoles publiques élémentaires. La mesure n’était pas inscrite dans le règlement intérieur des établissements et malgré le soutien de 62 % des parents d’élèves interrogés, la mesure avait été abandonnée deux ans plus tard, faute d’homogénéité dans son application.
Ce sera d’ailleurs l’enjeu dans les prochaines semaines. En l’absence de loi spécifique, le port de l’uniforme dans un établissement public ne pourra être généralisé à tous les établissements scolaires. Il contreviendrait à certaines libertés, comme celle « de se vêtir à sa guise », reconnue par la Cour de Cassation ou encore le droit à l’instruction. Les expérimentations envisagées par l’exécutif ne devraient donc, à ce stade, revêtir un caractère obligatoire comme le rappelle la Ligue des Droits de l’Homme.
A Troyes, le maire LR, François Baroin, a prévu l’expérimentation d’une « tenue scolaire commune » dans cinq écoles primaires pour la rentée 2024.