« Nous travaillons, en France, 100 heures de moins par habitant qu’en Allemagne », a déclaré la ministre chargée des Comptes publics, Amélie de Montchalin, après le conseil des ministres du 16 juillet. Un argument phare pour justifier la suppression de deux jours fériés proposée par François Bayrou dans ses orientations budgétaires. Une mesure qui doit, selon le gouvernement, rapporter 4,2 milliards d’euros et faire travailler les Français 14 heures de plus par an.
Les actifs français travaillent plus que leurs homologues outre-Rhin
Le chiffre de 100 heures avancé par la ministre reprend une étude de l’OCDE qui calcule le nombre d’heures travaillées par habitant. Selon les données de l’OCDE, le nombre d’heures travaillées en Allemagne par habitant s’élève à 724 heures contre 666 heures en France. Mais le diable se cache dans les détails puisque l’étude en question se borne à rapporter le nombre d’heures travaillées dans le pays à sa population totale. Une autre étude de l’OCDE, qui recense le temps de travail moyen par an des actifs, place la France devant l’Allemagne avec 1 489 heures contre 1 335.
Lors de son audition à l’Assemblée nationale le 16 juillet, la ministre avance un chiffre différent. « A temps complet, nous travaillons 122 heures de moins qu’en Allemagne », explique Amélie de Montchalin. Là encore, chaque mot compte. En effet, pour présenter ce chiffre aux députés, la ministre des Comptes publics s’appuie sur une étude Rexecode. Selon cette étude, en 2023, les salariés à temps complet travaillent plus en Allemagne (1 790 heures par an) qu’en France (1 673 heures par an). On constate donc un écart d’environ 120 heures de travail par an.
Néanmoins, ce chiffre est incomplet. En effet, ces données ne concernent que les salariés à temps complet et excluent donc les temps partiels et les indépendants. Si l’on prend en compte l’ensemble des salariés, à temps complet comme à temps partiel, la durée de travail par an par personne se révèle supérieure en France avec 1 553 heures de travail contre 1 527 en Allemagne. L’écart est encore plus grand si l’on compte l’ensemble des actifs avec 1 607 heures travaillées par personne en France contre 1 548 en Allemagne.
Un taux d’emploi supérieur en Allemagne
Si les actifs Français travaillent donc plus longtemps qu’en Allemagne, ces études font néanmoins apparaître des différences entre les marchés du travail des deux pays. En effet, selon l’Insee, l’Allemagne dispose d’un taux d’emploi supérieur puisque 77,4 % des 15-64 ans occupent un emploi contre 68,4 % en France. Les écarts entre les deux pays sont particulièrement prononcés chez les 15-24 ans avec une différence de 15 points (35,2 % d’emploi en France contre 50,9 % en Allemagne). La différence est encore plus marquante pour la tranche des 55-64 ans. En effet, ils sont 58,4 % à occuper un emploi en France contre 74,7 % en Allemagne.
Par ailleurs, cela révèle également un recours aux contrats à temps partiel bien plus important en Allemagne qu’en France avec 28,8 % des employés en temps partiel outre-Rhin contre 16,6 % dans l’Hexagone.