François Bayrou pensait donner une dernière chance aux partenaires sociaux, convaincu qu’un accord était à portée de main pour améliorer la réforme des retraites de 2023. Au lendemain de l’échec des discussions après quatre mois de réunions entre syndicats et organisations patronales, l’ultime manœuvre du Premier ministre se retourne pour ainsi dire contre lui.
Les trois syndicats toujours à la table en fin de conclave, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC, ont demandé ce 24 juin au chef du gouvernement de prendre ses « responsabilités ». « L’idée est qu’il n’y ait pas de nouvelle séance de négociation, charge au Premier ministre de prendre acte et de décider d’ici la fin de la semaine ce qu’il fait de ce qui est aujourd’hui sur la table », a déclaré la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon, aux côtés des deux autres centrales, à l’issue d’un rendez-vous à Matignon.
Les trois organisations syndicales reçues ont convenu de transmettre « la liste des blocages » au Premier ministre. Certains points de la négociation pouvaient faire l’objet d’un terrain d’entente entre les syndicats et le patronat, comme l’amélioration des calculs de retraite des mères de famille, ou encore sur l’âge de la décote pour les personnes liquidant leur retraite à l’âge légal sans le nombre de trimestres requis.
Le Medef « toujours dans l’esprit d’aboutir »
Reçu après les organisations syndicales, en début d’après-midi le président du Medef Patrick Martin a affirmé être « toujours dans l’esprit d’aboutir ». « Le Premier ministre nous a demandé de pointer, de repointer, les quelques sujets sur lesquels des désaccords demeurent avec les organisations syndicales. On va bien évidemment se prêter à l’exercice », a-t-il déclaré à la presse.
Selon lui, cette liste est « courte ». La question de la prise en compte en compte de la pénibilité de certaines professions a été le principal écueil dans les négociations. « Il faut ramener le balancier au milieu, on est conscients que les trois organisations syndicales ont fait une avancée significative, mais il ne faut pas oublier que de notre côté, nous avons fait, le Medef, la CPME, des avancées qui nous apparaissent extrêmement sensibles pour les intéressés, pour les salariés et les retraités », a fait valoir le président du Medef.
Cette journée de sauvetage doit se conclure à 20 heures avec une dernière réunion à Matignon, avec la CPME (Confédération des petites et moyennes entreprises), la deuxième organisation patronale présente au conclave.
Dans un courrier adressé aux socialistes à la mi-janvier, détaillant ses concessions en échange d’une non-censure, François Bayrou détaillait sa méthode en cas d’échec partiel : « Si les partenaires sociaux ne parviennent pas à un accord global, nous présenterons néanmoins, les avancées issues des partenaires sociaux, sous réserve d’un accord politique et d’un équilibre financier global maintenu, nous présenterons sur cette base un nouveau projet de loi. » Lors des questions d’actualité au gouvernement à l’Assemblée nationale, le président des députés socialistes Boris Vallaud a estimé que François Bayrou n’avait « pas tenu » ses engagements, avant d’annoncer le dépôt d’une motion d’une censure.