C’est un conflit que la majorité craint de voir s’enliser. Depuis que les raffineries françaises sont bloquées en raison d’un mouvement de grève des salariés de TotalEnergies et Esso-ExxonMobil qui réclament des augmentations de salaire, les queues autour des stations-service s’allongent. Et menacent de perturber le bon fonctionnement de l’industrie et des services du pays.
Conséquences : après avoir laissé les négociations se faire entre les syndicats et les directions de TotalEnergies et Esso-ExxonMobil, le gouvernement a annoncé mardi la « réquisition » de personnels de ces entreprises. De quoi mettre de l’huile sur le feu en pleines négociations ?
« Il est logique que les gens reprennent le travail après la signature d’un accord »
En marge des questions au gouvernement au Sénat, le ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure, a rappelé le fameux adage du communiste Maurice Thorez : « Il faut savoir arrêter une grève ». Selon lui, s’il a été important de laisser le dialogue social et les négociations se faire, il rappelle qu’un accord majoritaire a été signé pour les raffineries Esso. De là, « il est logique que les gens reprennent le travail après la signature d’un accord majoritaire, n’en déplaise à deux syndicats aujourd’hui minoritaires. » Faisant ainsi référence à la CGT et FO qui ont choisi de reconduire la grève.
Et le ministre de préciser : « Le gouvernement prend sa part de responsabilité et entend l’immense majorité des Français qui considère que le dialogue social c’est bien, mais il ne doit pas se transformer en blocage antisocial. »
Faut-il craindre de nouvelles mesures symboliques ? Rien n’est exclu : « On suit la situation heure par heure et on adaptera la réponse du gouvernement aux comportements des uns et des autres. On fera tout pour que les Français aient accès à de l’essence pour aller travailler, se soigner, pour vivre tout simplement. »
Soutien réaffirmé aux patrons en difficulté
A droite, plusieurs élus, dont le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, avaient largement pointé du doigt cette réaction du gouvernement, la qualifiant de tardive et insuffisante. « Il faut laisser du temps au temps, se défend le ministre. On a laissé le dialogue se faire pour trouver un équilibre. »
Car la préoccupation sous-jacente du gouvernement reste le coût de l’énergie qui s’envole, contraignant certaines entreprises à mettre la clé sous la porte. Mais le ministre se veut rassurant et réitère son soutien aux patrons : « On soutient les entreprises françaises et on prolonge ce soutien. Tout cela se fait dans le cadre de négociations européennes qui vont déboucher dans les jours qui viennent. Il est hors de question que l’industrie française soit la victime collatérale du conflit en Ukraine. »
Les 20 et 21 octobre prochains, des débats à Bruxelles doivent avoir lieu pour notamment autour du prix du gaz, qui acheté en gros, pourrait permettre de faire baisser le prix de l’électricité qui est produit à partir de ce gaz. Laurence Boone, secrétaire d’Etat chargée de l’Europe, s’était d’ailleurs exprimée sur le sujet face aux Sénateurs en audition préalable au conseil européen.