A Venise, « on avait l’inquiétude que la ville puisse être sous l’eau, maintenant il y a le risque qu’il n’y en ait plus » s’inquiète Laura Ferrara, eurodéputée italienne

Alors que nous ne sommes qu’au mois d’avril, plusieurs régions d’Europe sont en alerte car les nappes phréatiques sont à sec. Et les 27 États membres redoutent déjà l’été qui se profile. Pour pallier les manques l’Union européenne envisage de garantir un droit à l’eau et à l’eau potable à tous ces ressortissants. Mais comment assurer de manière pérenne un accès à cette ressource indispensable à notre survie ? Cette semaine, « Ici l’Europe », ouvre le débat.
Marie Bremeau

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Gondoles et bateaux à moteur à l’arrêt dans les canaux de Venise asséchés ? L’image en a surpris et inquiété plus d’un. En cette fin du mois de février 2023, la capitale de la Vénétie s’est retrouvée à sec comme d’autres régions européennes. En cause, une sécheresse durable et précoce due au manque de précipitations. [A Venise], « on avait trop d’eau avant, on avait l’inquiétude que toute la ville puisse être sous l’eau, et maintenant il y a le risque qu’il n’y ait plus d’eau ! », constate avec désolation l’eurodéputée italienne, Laura Ferrara.

« On a manqué d’ambition et c’est déjà trop tard »

L’élue du mouvement 5 étoiles regrette d’une manière générale le manque d’ambition européen face à la gestion de l’eau. « On a manqué d’anticipation et c’est déjà trop tard ! On aurait dû prendre des mesures pour garantir l’eau à tout le monde. Quand on parle d’eau, on parle de la vie, on parle d’un droit de l’homme, le droit à avoir de l’eau potable pour tout le monde, ce qu’aujourd’hui on n’a pas, même en Europe ! Quand on ouvre le robinet d’eau à la maison, on n’a pas d’eau potable partout. Dans le sud de l’Italie, dans ma région par exemple, il y a des villes où il n’y a pas d’eau potable. Ça c’est dramatique et on devrait mettre en place des mesures pour garantir ce qui est un droit de l’homme ! »

Une eau potable « souillée »

Au-delà de la rareté de l’eau et des nappes phréatiques au plus bas dans certains territoires, se pose la question de la qualité de l’eau pour les 450 millions de citoyens européens. « Quand on parle d’accès à l’eau il y a la quantité, mais il faut aussi qu’on travaille sur la qualité », alerte Benoît Biteau, député européen écologiste. « C’est-à-dire que si on a de l’eau en quantité mais qu’elle est souillée par des pesticides ou des engrais de synthèse, ce n’est plus de l’eau potable ! ». L’élu français plaide pour une révolution de nos habitudes agricoles et industrielles afin de retrouver une eau de qualité. « Je pense à une politique commune majeure qui est la PAC (politique agricole commune), c’est cet outil-là qui doit accompagner les agriculteurs vers la sortie des pesticides et des engrais de synthèse pour éviter que l’eau soit polluée. Et on voit à quel point c’est efficace d’attraper les choses en amont, aux causes, plutôt que de s’attaquer aux conséquences. »

L’agriculture intensive pointée du doigt

Car « nettoyer » l’eau polluée a un coût pour les collectivités, qui n’est pas négligeable. « Je prends toujours l’exemple de la ville de Munich où il y a 25 ans, ils avaient une pollution de leur périmètre de captage qui était important. Ils ont décidé d’accompagner tous les agriculteurs pour qu’ils pratiquent une agriculture biologique, et aujourd’hui le mètre cube qui sort du périmètre de captage coûte 1 centime d’euros. Alors qu’en Bretagne par exemple pour dépolluer l’eau qui est souillée avec des pesticides et des nitrates, ça coûte 27 centimes. Le rapport, c’est 27 fois plus cher de porter des solutions curatives avec l’argent public de nos impôts que de s’attaquer aux causes ! » Bruxelles tente de faire passer des directives pour garantir un droit à l’eau potable, sachant que 14 % des Européens sont déjà en situation de stress hydraulique.

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