Le budget de la transition écologique pour 2025, c’est encore la ministre Agnès Pannier-Runacher qui en parle le mieux. « C’est un budget en baisse de plus de 2 milliards d’euros par rapport à la loi de finances initiale pour 2024 », a-t-elle concédé à l’issue de l’examen de ce volet du texte au Sénat.
Pourtant, après l’adoption définitive du projet de loi de finances avec le vote du Sénat ce 6 février, l’exécutif se félicite du vote d’un budget de l’écologie en progression par rapport à 2024. Alors, bonne surprise ou coup de communication ? Pour comprendre, il faut sortir la calculatrice.
Le volet écologie du budget passe de 24 milliards d’euros en 2024 à 21 milliards en 2025
Chaque année, le volet dépenses du budget est divisé en différentes missions, par thématiques. Selon la copie du projet de loi de finances sortie de la commission mixte paritaire le 31 janvier dernier, la mission « écologie, développement et mobilité durables » est dotée cette année d’un budget de près de 21 milliards d’euros. Sur cette base, on peut bel et bien parler d’une diminution des moyens. Celle-ci est même conséquente : de plus de 14 % par rapport à l’enveloppe votée par les Parlementaires l’an dernier, qui s’établissait à plus de 24 milliards d’euros.
Une diminution impressionnante, qu’il faut toutefois un peu relativiser. Entre le budget 2024 et 2025, un dispositif important a en effet changé de périmètre pour être transféré de la mission écologie vers la mission « cohésion des territoires » : MaPrimeRénov’. Cette aide destinée à soutenir les travaux de rénovation énergétique des bâtiments représentait l’an passé 4 milliards d’euros, dans le projet de loi de finances initial. Des moyens qui étaient donc supportés par la mission écologie.
Cette année, les crédits alloués à MaPrimeRénov’accusent une forte baisse, pour s’établir à 2,3 milliards d’euros. En incluant cette aide au budget en baisse dans le calcul, la diminution des moyens alloués à la mission écologie entre 2024 et 2025 tombe autour de 8 %.
Le fonds vert, les voitures électriques et les énergies renouvelables touchés par des coupes budgétaires
Tout comme MaPrimeRénov’, de nombreux dispositifs de la mission écologie accusent d’importantes coupes budgétaires. Le « fonds vert », destiné à financer les investissements pour la transition écologique dans les collectivités locales, est le plus touché. Son budget passe de 2,5 milliards d’euros en 2024 à 1,15 milliard cette année.
La diminution est tout de même moins importante que prévu. Lors de l’examen du budget en commission mixte paritaire, les parlementaires ont annulé une coupe budgétaire supplémentaire de 500 millions d’euros votée au Sénat. Députés et sénateurs ont également abondé le fonds vert de 200 millions d’euros en créant un « fonds territorial climat », pour aider les communes qui se sont dotées d’un plan climat.
Autre aide particulièrement touchée, celle allouée à l’électrification des véhicules. Elle perd plus d’un milliard d’euros par rapport à 2024, en passant d’un budget de 1,8 milliard l’an passé à 700 millions d’euros pour cette année. Les aides aux énergies renouvelables connaissent également une baisse de 200 millions d’euros.
Un « budget vert » en hausse ?
De son côté, le ministère de l’Economie et des Finances revendique toutefois un « budget vert » en augmentation. « Il y aurait une hausse des montants par rapport à l’année dernière », estime en effet Bercy, sans être en mesure de fournir des chiffres actualisés pour le moment.
Comment l’exécutif parvient-il à un constat si différent ? Tout tient dans l’expression « budget vert » : celle-ci ne prend pas seulement en compte les dépenses publiques de la mission écologie du projet de loi de finances, mais englobe aussi toutes les mesures des autres missions (logement, collectivités…) qui contribuent à la transition écologique.
Peu importe la méthode de calcul utilisée, le volet écologie du budget 2025 reste en tout cas largement en dessous des attentes en matière d’investissements pour la transition écologique. Dans leur rapport remis à Matignon en 2023, les économistes Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz chiffraient le niveau d’investissement public nécessaire jusqu’à 34 milliards d’euros supplémentaires par an.