Elle a reçu un accueil plutôt chaleureux des sénateurs. Catherine MacGregor, directrice générale du groupe d’énergie français, a été entendue ce mercredi 22 octobre par les sénateurs de la commission des affaires économiques. Elle est notamment venue répondre aux questions des parlementaires sur la manière dont son groupe envisage la transition énergétique, mais a plus largement fait part de son expertise sur les questions d’énergie.
Celle qui a fait l’entièreté de sa carrière dans le secteur de l’énergie, comme l’a précisé la présidente de la commission, Dominique Estrosi Sassone, en introduction, a notamment rappelé l’importance, selon elle, pour la France de se doter d’un mix énergétique qui inclut à la fois l’énergie nucléaire et les énergies renouvelables. Le sujet est bien connu des sénateurs, ces derniers ayant suivi le parcours législatif de la proposition de loi de leur collège Daniel Gremillet, portant programmation nationale et simplification normative dans le secteur économique de l’énergie.
Une cadre, proposé par le Sénat, jugé « précieux »
Pour rappel, ce texte a pour but de prévoir une programmation énergétique, alors que les dispositions de la loi Climat et Énergie ne sont pas appliquées. Cette loi prévoyait que le gouvernement soumette au Parlement une loi de programmation avant le 1er juillet 2023 et tous les cinq ans, dont le rôle serait de fixer les objectifs français en matière d’énergie. Une loi qui aurait dû déboucher sur des décrets concernant une programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Or, l’exécutif a renoncé à ceci. Le texte du sénateur Gremillet s’est donc fixé comme objectif de pallier ce manque.
À ce propos, la directrice générale d’Engie se dit satisfaite de ce que prévoit la PPL d’initiative sénatoriale. « Je trouve que le cadre politique proposé par le Sénat […] est précieux », a-t-elle déclaré face aux sénateurs. « On a besoin d’un cadre, on a besoin de savoir vers où on va, on a besoin d’avoir une vision, on a besoin de savoir que l’ensemble des technologies vont avoir une place dans le mix énergétique français », a-t-elle renchéri, cette dernière phrase étant une réponse indirecte à un débat datant de l’été dernier, à la suite de l’examen du texte en première lecture à l’Assemblée nationale.
Favorable à un « équilibre entre le nucléaire et le renouvelable »
En juin dernier, les députés de droite et d’extrême droite avaient uni leurs voix, pour intégrer au texte un moratoire visant à mettre fin au développement des énergies renouvelables en France. Le texte ayant été rejeté finalement par les députés, la version envoyée au Sénat pour une deuxième lecture ne contenait pas ledit moratoire. La dernière mouture du texte, adoptée par la chambre haute en juillet dernier, affirme l’attachement du Sénat au développement des énergies renouvelables.
Cette dernière version du texte semble convenir à la directrice générale d’Engie. En répondant à une question, Catherine MacGregor a affirmé qu’un « équilibre entre le nucléaire et le renouvelable [lui] va très bien ». Elle évoque d’ailleurs l’absence du PPE comme un « point d’attention » pour Engie. « Nous sommes […] assez désireux de voir les sujets avancer là-dessus », explique-t-elle.
Les sénateurs de la commission ont aussi fait réagir Catherine MacGregor à sa tribune publiée le 4 septembre dernier dans le Figaro. Son texte revient notamment sur un chiffre autour duquel, écrivait-elle, une « polémique » s’était « cristallisée », celui des « 300 milliards d’euros de prétendus coûts liés au développement des énergies renouvelables sur les dix prochaines années ».
Autour de 50 milliards, plutôt que 300 milliards
Le montant était notamment évoqué par Marine Le Pen lors d’un débat qui suivait la déclaration du gouvernement dirigé par François Bayrou sur la souveraineté énergétique, le 28 avril dernier. Le montant, repris par son allié Éric Ciotti, pouvait aussi être lu dans un amendement cosigné par Laurent Wauquiez, président du groupe DR à l’Assemblée nationale, déposé au moment de la lecture du texte de Daniel Gremillet.
Devant les sénateurs ce mercredi matin, Catherine MacGregor a donc rappelé que, pour elle, « il y a un certain nombre de fake news sur les sujets de l’énergie ». Des fausses informations à propos desquelles cette dernière affirme que son groupe a « une responsabilité ». « Ce n’est pas 300 milliards, nous, on pense que c’est plutôt 50, ce n’est pas hyperprécis mais ce n’est certainement pas 300 », précise la directrice générale.
Toujours pas de date d’examen à l’Assemblée nationale
S’il n’était pas présent dans la salle ce matin-là, Bruno Retailleau – qui ne sera de retour au Sénat que le 6 novembre – a peut-être entendu ses oreilles siffler. Celui qui, avant d’entrer au gouvernement de François Bayrou, avait cosigné la proposition de loi Daniel Gremillet a été l’auteur d’un coup d’éclat en juillet dernier. Signant une tribune dans le Figaro appelant à donner la priorité à l’énergie nucléaire, au profit d’énergies renouvelables qui « n’apportent au bouquet énergétique français qu’une intermittence coûteuse à gérer », l’ancien patron des sénateurs LR s’était attiré les foudres de ses anciens collègues de gauche.
Aujourd’hui, la version votée par les sénateurs le 8 juillet dernier se trouve sur la pile des textes sur lesquels les députés vont devoir se pencher. Mais, en raison de l’embouteillage parlementaire, le texte sur la programmation énergétique n’a donc toujours pas de date d’examen fixée au Palais Bourbon.