COP28 Climate Summit

COP 28 : que peut-on attendre de la conférence mondiale sur le climat, qui s’ouvre le 30 novembre à Dubaï ?

Du 30 novembre au 12 décembre, les Émirats Arabes Unis vont être au cœur des négociations climatiques mondiales, avec l’organisation de la COP 28 à Dubaï. Déjà critiqué en raison de la nomination de Sultan Al Jaber – PDG de la première compagnie pétrolière et gazière émiratie – à sa tête, les enjeux de ce sommet sont multiples.
Rose-Amélie Bécel

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« C’est la COP la plus importante depuis Paris », a annoncé à l’AFP Sultan Al Jaber, le président émirati de la COP 28, qui débutera à Dubaï le 30 octobre. Et pour cause, cette conférence mondiale sur le climat sera l’occasion de dresser un premier bilan de l’accord de Paris, conclu lors de la COP 21 en 2015.

À l’époque, les 196 pays engagés dans les négociations s’étaient entendus sur l’objectif de maintenir la hausse de la température moyenne de la planète sous la barre des 2 °C d’ici 2100, par rapport au niveau préindustriel, en faisant tout pour limiter le réchauffement à 1,5 degré.

« Ce sera un moment de vérité »

Une perspective qui s’éloigne d’année en année puisque, selon un rapport publié par le programme de l’ONU pour l’environnement en amont de la COP, si les pays mettent en œuvre leurs engagements, la hausse des températures sera plutôt de 2,9 °C d’ici 2100. « Ce sera un moment de vérité, car cela permettra de savoir si les objectifs de l’accord de Paris étaient réalistes ou si, alors même qu’ils ne sont pas très ambitieux, ils ne sont pas réalisables », analyse Marta Torre-Schaub, chercheuse au CNRS, spécialiste en droit de l’environnement.

Pour le moment, l’Union européenne fait figure de bonne élève dans le respect de cet accord, en raison de son pacte vert qui engage les Etats membres à diminuer de 55 % ses émissions d’ici 2030 et à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Ce n’est néanmoins pas le cas partout. « Si d’un côté les États s’engagent sur des trajectoires, mais que d’un autre côté on n’arrive pas à réguler les multinationales pour qu’elles fassent preuve de transparence dans leurs émissions de CO2, nous n’y arriverons pas », déplore la chercheuse.

Autre point attendu des négociations à Dubaï : les discussions sur la sortie des énergies fossiles, qui pèsent lourd dans les émissions de gaz à effet de serre. Selon l’Agence internationale de l’énergie, le charbon, le gaz et le pétrole ont été responsables en 2022 de l’émission de 36,8 milliards de tonnes de CO2, un record.

« Une sortie organisée des énergies fossiles »

Ce premier bilan sur les objectifs de la COP 21 pourrait ainsi être l’occasion d’aborder cette problématique, alors qu’aucune COP n’a pour le moment conclu un accord demandant explicitement la réduction des énergies fossiles. Seule la COP 26 de Glasgow mentionne dans ses négociations la notion de réduction de l’utilisation du charbon, sans objectif concret.

À Dubaï, la France souhaite faire de cette question une priorité, comme l’a indiqué la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher sur le plateau de Public Sénat ce 28 novembre. « Nous [la France] sortirons du charbon avant 2030 et nous voulons que tous les pays en responsabilité puissent s’organiser pour faire de même. Mais il ne faut pas oublier le pétrole et le gaz », rappelle la ministre qui plaide pour « une sortie organisée des énergies fossiles, plus on anticipe et moins cela coûtera aux citoyens ».

Avant même l’ouverture de la COP 28, la question du pétrole s’est déjà invitée dans les débats. Son président Sultan Al Jaber dirige en effet l’ADNOC, principale compagnie pétrolière des Emirats arabes unis, et s’est fixé comme objectif à la tête de la société d’accroître la production de 5 millions de barils d’ici 2030. « Ce n’est pas très heureux, mais cela envoie aussi le signal que tout le monde doit se retrouver à la table des négociations, y compris les pays dont l’économie est aujourd’hui essentiellement basée sur le pétrole », nuance Marta Torre-Schaub. De son côté, lors d’un entretien accordé à l’AFP il y a une semaine, Sultan Al Jaber estime qu’il tiendra « tout le monde, et toutes les industries, responsables et redevables de maintenir l’objectif 1,5°C à portée de main ».

Indemniser les pays les plus vulnérables

Il y a un an, la COP 27, organisée en Égypte, avait validé le principe de la création d’un fonds pour indemniser les « pertes et dommages » des pays les plus pauvres, davantage exposés aux conséquences du changement climatique, financé par les pays du Nord, historiquement les plus émetteurs de gaz à effet de serre. Sur la base de ce principe, les discussions devront se poursuivre à Dubaï pour permettre la création de ce fonds.

« Les débats devraient s’articuler autour de la question de la nature de ce fonds. Doit-il permettre de réparer les dégâts déjà constatés ? Ou doit-il permettre, au-delà des réparations, de donner une aide financière aux pays les plus vulnérables pour leur permettre de s’adapter au réchauffement ? », indique Marta Torre-Schaub, tout en précisant que la première position est davantage soutenue par les Etats-Unis, tandis que l’Union Européenne et les pays en développement sont plutôt favorables à la seconde.

Le 5 novembre, dix pays du Nord et 14 pays du Sud ont déjà trouvé un accord sur le sujet, qui servira de base aux discussions de la COP 28. Il prévoit que ce fonds soit hébergé par la Banque mondiale pendant ses 4 premières années d’existence, avant d’être doté d’une gouvernance autonome. Pour concrétiser ce fonds, les discussions devront pourtant aller bien plus loin à Dubaï, car l’accord trouvé au début du mois n’identifie pas concrètement les pays donateurs, indiquant seulement que les pays développés seront « exhortés » à y contribuer.

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