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Logement : la Cour des comptes pointe la vulnérabilité des habitations face au réchauffement climatique

Pour la Cour des comptes, les aides publiques à la rénovation énergétique ne sont plus suffisantes pour faire face aux conséquences du réchauffement climatique. Du côté du Sénat, les critiques à l’égard de MaPrimeRénov’, principal outil de cette politique d’adaptation des logements, se multiplient.
Rose Amélie Becel

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La Cour des comptes consacre son rapport annuel, publié ce 12 mars, à l’analyse des politiques publiques en faveur de l’adaptation au réchauffement climatique. Dans son volet consacré au logement, l’institution presse l’Etat de mieux prendre en compte les effets des canicules, ou encore des inondations, dans ses politiques de rénovation des bâtiments.

Face aux pics de chaleur, des risques de « mal-adaptation »

Principal pilier de cette politique, MaPrimRenov’ « ne répond que partiellement au risque de pics de chaleur », expliquent les magistrats. L’été dernier, l’ancien ministre du Logement Patrice Vergriete avait fait un pas dans cette direction en proposant d’élargir les aides de MaPrimeRénov’ aux travaux de protection face au soleil, comme c’est déjà le cas en Outre-mer. Une annonce restée depuis lettre morte.

Pourtant, le temps presse selon la Cour des comptes, si l’État ne s’engage pas davantage sur la question des bouilloires énergétiques, il s’expose à un risque de « mal-adaptation ». « À défaut d’une adaptation des logements, le recours à la climatisation pourrait être massif », il conduirait alors à une « augmentation de la facture énergétique, hausse des émissions de gaz à effet de serre et accentuation des effets d’îlots de chaleur urbain », expliquent les magistrats.

Guillaume Gontard, président du groupe écologiste au Sénat, n’est pas étonné par les conclusions du rapport. « Tous les jours, nous mesurons davantage l’impact du réchauffement climatique sur les problématiques de logement et pourtant le gouvernement navigue à vue », dénonce-t-il. Pour le sénateur, qui déplore également les coupes budgétaires annoncées par Bruno Le Maire en faveur de la transition énergétique, investir sur ce sujet permettrait au contraire à l’État d’éviter de futures dépenses : « Les habitants de logements non-rénovés, avec des problèmes d’humidité, de moisissures, où il fait 50 degrés l’été, sont davantage exposés aux maladies, ce qui entraîne donc aussi des dépenses de santé. »

Sur MaPrimeRénov’, « le retour en arrière du gouvernement est inquiétant »

Selon la Cour des comptes, dans les trois quarts des cas, les fonds de MaPrimeRénov’ sont utilisés pour des travaux de changements de mode de chauffage, pour financer l’installation d’une pompe à chaleur par exemple. De plus, les travaux d’ampleur conduisant à des rénovations globales ne concernent que 3 % des surfaces bénéficiant de MaPrimeRenov’. Pourtant, les « monogestes » sont jugés insuffisants pour adapter les logements au changement climatique.

Dans son rapport sur la mission écologie du projet de loi de finances 2024, la sénatrice Les Républicains Christine Lavarde pointait déjà du doigt le mauvais calibrage du dispositif, déclarant qu’il est « impératif » d’encourager davantage les rénovations globales. Un appel que le gouvernement semblait avoir entendu, puisque les aides de MaPrimeRenov’ avaient été restreintes en début d’année, pour exclure les « rénovations par gestes » (isolation simple, ventilation, installation d’une pompe à chaleur…).

Mais, la semaine dernière, le ministère de la Transition écologique a rétropédalé sur cette annonce, au grand regret de Guillaume Gontard, rapporteur l’an dernier d’une commission d’enquête sur l’efficacité des politiques publiques en matière de rénovation énergétique. « Le retour en arrière du gouvernement est inquiétant et témoigne de calculs de court terme, quelqu’un qui sollicite une aide pour une rénovation simple n’envisagera pas par la suite des travaux plus ambitieux », déplore le sénateur.

Des investissements impossibles à chiffrer

Pour mener ces politiques d’adaptation d’ampleur, la Cour des comptes peine à chiffrer les investissements que l’État devrait mettre en place, « faute de données techniques et d’objectifs définis ». « Un effort d’amélioration de la faisabilité technique et de la soutenabilité financière des travaux d’adaptation doit être conduit par l’Etat », réclame le rapport.

Enfin, les magistrats déplorent un manque d’investissements dans la recherche pour prévenir les risques liés au phénomène de retrait-gonflement des sols, qui provoque d’importantes fissures sur les bâtiments. En décembre dernier, le Sénat avait voté la création d’un « fonds de solidarité nationale » de 150 millions d’euros pour aider les communes touchées par ce phénomène.

Mais, ce leur côté, les magistrats plaident pour une anticipation de ces risques, pour éviter la mise en place de telles mesures d’urgence. « L’investissement dans la recherche doit être accru pour identifier des solutions de prévention des sinistres moins coûteuses », explique le rapport.

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