Dans son rapport annuel, l’observatoire Copernicus décrit des conditions climatiques « extrêmes » en Europe. Marquée par des records de température, l’année 2023 a en effet aussi connu des inondations dévastatrices.
Pénurie en eau : « Aujourd’hui le bonheur avec la maison, le jardin et la piscine ce n’est plus possible » lâche cet élu du sud
Par Marie Bremeau
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Avec les huit autres maires du territoire de Fayence, Jean-Yves Huet a décidé qu’il fallait tout arrêter net, ne plus accorder de nouveaux permis de construire. « On s’est donné 5 ans pour trouver cette nouvelle ressource en eau », affirme tristement celui qui depuis 2014 est à la tête élu maire de Montauroux.
Pas de pluie quasiment depuis trois ans
Depuis quelques années le joli village provençal aux allures de carte postale de 6500 habitants doit faire face à une situation alarmante. « On a qu’une seule source et depuis trois ans il n’a quasiment pas plu. On avait quelques forages de secours, mais malheureusement les forages aussi ont des nappes phréatiques qui sont à sec. L’année dernière, on est passé juste à côté des coupures [d’eau]. Cette année, on a un déficit en eau, puisqu’on a un débit de la source qui se situe à peu près au niveau du mois de juillet. »
La fin de la maison avec jardin et piscine ?
La décision n’a pas été facile à prendre pour ce territoire attractif et touristique, mais il a bien fallu se rendre à l’évidence, Jean-Yves Het n’avait plus le choix. » Evidemment notre territoire c’est un territoire en pleine croissance, puisque la commune a doublé sa population en 30 ans. On a vécu de ça aussi. On est un territoire assez particulier, à proximité de Cannes, de Fréjus, de Saint- Raphaël et à partir de là, il y a tout un transfert de population, de gens qui imaginent le bonheur. Et j’ai envie de dire que c’est vrai que mon territoire c’est le bonheur avec la maison, le jardin et avec sa piscine. Aujourd’hui ce n’est plus possible tant que nous n’aurons pas trouvé une nouvelle ressource. »
Inventer des gestions démocratiques de l’eau
Conscient qu’il ne peut plus agrandir sa commune sans penser aux ressources il a décidé d’adapter le plan local d’urbanisme en fonction de l’eau disponible. Un changement de paradigme salué par le sénateur écologiste Daniel Breuiller. « C’est impossible de doubler la population d’un territoire indépendamment de la question de la ressource, il faut lier les documents d’urbanisme et les documents de gestion de l’eau, il y a là une question de bon sens. Vous êtes dans un territoire un peu paradisiaque et sans doute beaucoup de vos concitoyens ont des piscines. Dans une France à plus de 4 degrés tout le monde ne peut pas avoir deux maisons, une résidence secondaire avec piscine, ce n’est pas possible ! Ce n’est pas du tout être castrateur de dire ça, c’est faire un constat que si on fait ça, on le fait toujours au détriment d’autre. Il faut donc inventer des gestions démocratiques de l’eau. »
Fuite des canalisations : 25 à 30% de l’eau potable
Mais la décision de suspendre les permis de construire n’est pas une solution viable pour le sénateur du Cher (LR) Rémy Pointereau. « C’est une solution dans l’immédiat, mais à long terme je ne pense pas que cela puisse solutionner les problèmes pour la commune car il faudra bien qu’elle se développe. » Celui qui préside aussi la mission d’information sur la gestion durable de l’eau à la Haute-Assemblée cite d’autres pistes à explorer afin de résoudre les problèmes d’approvisionnement en eau. « Il faut essayer de limiter les canalisations qui fuient. On a un milliard de mètres cubes d’eau perdu chaque année, c’est 25 à 30% de la consommation totale d’eau potable. »
Jean-Yves Huet connait très bien la réalité des fuites des canalisations, mais le maire de Montauroux en rappelle le coût, « 1 km de tuyau à remplacer c’est entre 500 000 et 1 million d’euros, parce qu’il faut mettre un tuyau et ensuite refaire la route par-dessus. ». Et de conclure que « les petites communes à elles seules ne peuvent pas gérer les fuites… »