Planification écologique : « Ce que demandent les écologistes, c’est une loi de programmation sur le climat », affirme Marine Tondelier

Invitée de la matinale de Public Sénat, Marine Tondelier est revenue sur les annonces du chef de l’Etat concernant la planification écologique. Si la démarche est soutenue par les écologistes, la secrétaire nationale d’EELV n’est pas vraiment convaincue par le contenu des annonces, en particulier sur la question des mobilités.
Henri Clavier

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 « J’étais la première à dire que l’exercice de planification était une bonne chose », rappelle directement Marine Tondelier, convaincue par le constat, mais soucieuse d’exprimer un désaccord de fond sur le contenu des annonces. Le plan, dévoilé hier par Emmanuel Macron, est le fruit du travail du Secrétariat général à la planification écologique. Une approche globale qui doit permettre à la France de réduire de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030. Le programme inclut une part d’innovation (avec le développement de l’hydrogène et de la voiture électrique), une réduction de l’utilisation des énergies fossiles ou encore le renforcement de l’industrie verte. L’exécutif a également annoncé une hausse de 7 milliards d’euros du budget dédié à la transition écologique.

Malgré cet objectif commun, Marine Tondelier exprime ses doutes face à une « écologie à la française » promue par Emmanuel Macron et affirme que le président de la République « a passé sa soirée à parler d’écologie au service de l’économie, mais il n’a pas parlé des gens. Je voulais qu’il explique aux Français ce qui allait changer dans leur vie. »

 « Comment vous faites une planification écologique sans supprimer aucun grand projet autoroutier, aucun projet de méga bassine ou de ferme-usine ? »

Parmi les oublis majeurs, Marine Tondelier pointe la promesse de l’abandon du charbon d’ici 2027. En 2018, Emmanuel Macron avait déjà promis l’arrêt du charbon pour 2022, un renoncement pour la secrétaire nationale d’EELV qui souligne que « la planification c’est bien, mais il faut de l’action. » Pour rappel, deux centrales électriques fonctionnent encore au charbon en France. Même constat sur le glyphosate, alors que le chef de l’Etat avait promis d’interdire d’ici 2021, Emmanuel Macron souhaite désormais une réduction de 30 % de l’utilisation de ce pesticide. Une hésitation mal vécue par les « écologistes qui demandent une loi de programmation sur le climat », déclare la secrétaire nationale d’EELV.

Des renoncements qui poussent Marine Tondelier à s’interroger sur l’impact réel de ces annonces : « Comment vous faites une planification écologique sans supprimer aucun grand projet autoroutier, aucun projet de méga bassine ou de ferme-usine ? » Néanmoins, le ministre des Transports Clément Beaune a annoncé sur France Inter l’abandon de plusieurs projets d’autoroutes. Le projet clivant de l’A69 entre Castres et Toulouse est maintenu.

 « Pleins de Français et de Françaises se retrouvent obligés de prendre la voiture parce qu’ils n’ont pas d’alternative »

Alors que les transports représentent la principale source d’émission de gaz à effet de serre en France (32,2 %), Emmanuel Macron a annoncé, le 24 septembre, la mise en place, pour 2024, d’un nouveau chèque carburant de 100 euros pour les personnes ayant besoin de leur voiture pour aller travailler. « On est dans un pays qui depuis des décennies a organisé la dépendance au pétrole », rappelle Marine Tondelier avant de s’exprimer en faveur de ce chèque carburant proposé par le chef de l’Etat, à une nuance près. « Ces chèques doivent être ciblés sur deux populations, ceux qui n’ont pas d’alternative pour aller travailler et ceux qui en ont le moins le moyen. C’est ça la justice sociale et environnementale », explique la Secrétaire nationale d’EELV. Cette dernière insiste également sur le développement des alternatives à la voiture puisque « plein de Français et de Françaises se retrouvent obligés de prendre la voiture parce qu’ils n’ont pas d’alternatives. »

Un sujet également traité dans le cadre de la planification écologique puisqu’Emmanuel Macron s’est félicité de l’investissement de 700 millions d’euros par l’Etat pour financer 13 projets de RER métropolitains. « Quand vous habitez dans des territoires comme le mien et on vous dit que peut-être en 2040 vous aurez un RER pour aller à Lille », soupire Marine Tondelier, pas vraiment convaincue par la mesure.

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