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Voitures électriques : pourquoi le gouvernement met-il fin au leasing social ?

Victime de son succès, l’Elysée a annoncé mettre fin au « leasing électrique » ou offre de location de longue durée de voitures électriques à 100 euros pour mois. Raison invoquée ? Un dispositif « victime de son succès » selon Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'Industrie et de l'Énergie. Retour sur l’ascension fulgurante d’une mesure lancée le 1er janvier dernier, qui devrait cependant faire son retour l’année prochaine.
Alexis Graillot

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Un mois et puis s’en va. Annoncé en grandes pompes par le président de la République le 14 décembre dernier, le palais présidentiel a décidé de mettre fin au dispositif permettant à une partie des ménages, celui-ci « ayant dépassé » l’objectif initialement fixé.

Pour rappel, le leasing électrique permettait, selon le site du Ministère de la Transition écologique et de la cohésion des territoires, de « bénéficier d’un véhicule sans devoir en faire l’acquisition, en payant des loyers mensuels ». Lorsque le contrat arrive à son terme, celui-ci ayant une durée minimum de 3 ans, renouvelable une fois, deux possibilités s’offrent alors au locataire : la restitution du véhicule ou son achat à hauteur de sa valeur résiduelle, en d’autres termes, son montant une fois le contrat arrivé à échéance. En cela, cette opération ne doit pas être confondue avec la location de longue durée (LLD) qui n’offre pas la possibilité pour le locataire d’acheter le véhicule concerné une fois le contrat expiré.

 

50 000 bénéficiaires pour cette année

 

Bénéficiant potentiellement à la moitié des ménages actifs, l’exécutif avait cependant dans un premier temps, décidé de le réserver à environ « 20 000 à 25 000 bénéficiaires ». Pour pouvoir candidater à ce dispositif d’aide à la conversion, plusieurs conditions étaient requises : un revenu fiscal de référence inférieur à 15 400 euros par part, un domicile situé à plus de 15 kilomètres du lieu de travail à condition de s’y rendre avec sa voiture personnelle, des trajets domicile-travail ou dans le cadre de l’activité professionnelle supérieurs à 8000 kilomètres par an.

En seulement un mois, près de 100 000 demandes avaient été enregistrées, parmi lesquelles 50 000 d’entre elles, validées. Alors que l’aide de l’Etat était prévue à hauteur de 300 millions d’euros, soit environ 13 000 euros par véhicule directement financés par les pouvoirs publics, ce chiffre devrait doubler face à l’afflux de demandes.

 

« Toutes les commandes passées jusqu’à ce jour seront honorées »

 

Ces derniers jours, plusieurs distributeurs avaient alerté l’exécutif sur les éventuelles conséquences financières suscitées par le dépassement des quotas d’autant plus que la situation de marché pourrait s’avérer bien différente à l’issue du contrat, rendant une potentielle deuxième location complexe. D’autres concessionnaires étaient allés encore plus loin en décidant d’arrêter purement et simplement les modèles éligibles à l’aide à la location.

Pour autant, pour le gouvernement, il n’est pas question de limiter le nombre de bénéficiaires aux 25 000 prévus initialement. « Toutes les commandes passées jusqu’à ce jour seront honorées » promet-on du côté de l’exécutif.

 

« Accélérer, accélérer, accélérer » … tout en produisant français

 

Invité ce dimanche 11 février chez nos confrères de France 3, le ministre délégué chargé de l’Industrie et de l’Énergie, Roland Lescure, avait déjà laissé sous-entendre la mise sur pause du dispositif, qui devrait cependant reprendre de la vigueur fin 2024 ou en début d’année 2025. Selon le ministre, « ça va un peu plus vite que ce qu’on avait pensé. On va peut-être ralentir un petit peu, se donner le temps de produire français, et ensuite accélérer, accélérer, accélérer… ». « Fin d’année ou début d’année prochaine, je reviendrai vous dire » a conclu le ministre.

 

Quelles aides désormais ?

 

Si l’opération « leasing » est suspendue pour cette année, il est toujours possible de se procurer un véhicule électrique à moindre coût, en premier lieu grâce au bonus écologique pouvant aller jusqu’à 7000 euros pour les ménages les plus modestes. Les conditions de cette aide ont néanmoins été revues à la baisse cette année pour ne s’appliquer qu’aux véhicules produits en Europe.

La prime à la conversion, à savoir le remplacement d’un véhicule ancien et polluant par un véhicule plus récent s’offre également comme une autre possibilité à conditions de remplir plusieurs critères. Tout d’abord, l’automobile doit être un véhicule diesel dont la date de première immatriculation est antérieure à 2011 ou un véhicule essence ont la date de première immatriculation est antérieure à 2006. De plus, le propriétaire doit détenir le véhicule depuis plus d’un an. En outre, le véhicule est immatriculé en France et non gagé. Enfin, il devra être détruit dans un centre agréé entre 3 mois avant et 6 mois après l’achat de votre nouveau véhicule.

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Pour elle, l’abandon du NoDU, c’est « casser le thermomètre pour faire baisser la fièvre ». « Le HRI1 est un indicateur trompeur puisqu’il affiche une baisse de 32 % entre 2011 et 2021 alors que le NoDU a, lui, augmenté de 3 % de l’usage des pesticides pendant la même période », explique-t-elle dans un communiqué du 3 mai. « [Ce plan] prend les gens pour des imbéciles en prétendant ne rien avoir changé à la politique de réduction des pesticides en France ! », peut-on y lire. Son porte-parole François Veillerette, regrette : « La France a longtemps été considérée à l’avant-garde des pays portant une ambition de réduction des pesticides. Avec cette nouvelle stratégie elle rejoint les pays qui mettent tout en œuvre pour que rien ne change, faisant régresser notre pays de 15 ans ! ». Daniel Salmon partage la même colère. « C’est un très mauvais plan », juge-t-il, « c’est un grand recul malgré l’enfumage du ministre. Les producteurs de phytosanitaires ont gagné la bataille contre l’opinion publique et les agriculteurs ». « Quand j’entends le ministre, j’ai l’impression que ce sont mes mots » Du côté droit de l’hémicycle, le plan est bien accueilli. « Enfin ! », se réjouit le sénateur Les Indépendants de la Haute-Garonne Pierre Médevielle, « il était temps d’harmoniser les politiques et de parler d’une seule voix en Europe, pour que nous soyons crédibles ». Sur les pesticides, l’élu se veut mesuré dans sa position : « On ne peut pas vider la trousse à pharmacie, mais il faut arriver à restaurer la confiance ». Il plaide pour une approche « prudente mais réaliste », à l’encontre d’une « écologie punitive ou d’une écologie idéaliste ». « Quand j’entends le ministre, j’ai l’impression que ce sont mes mots », se réjouit Laurent Duplomb. Pour autant, l’élu dit ne pas se faire d’illusions : « Je n’ai rien à enlever à ce qu’il a dit. 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