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Discours sur l’Etat de l’Union : Ursula von der Leyen attendue au tournant

C’est le rendez-vous traditionnel de la rentrée sur la scène européenne. Mercredi 10 septembre, la présidente de la Commission prononcera à Strasbourg son discours sur l’Etat de l’Union, sorte de discours de politique générale qui doit lui permettre de tracer les grands enjeux pour l’année à venir. Mais après un été marqué par un accord douanier décrié avec Donald Trump, le discours d’Ursula von der Leyen est très attendu par les eurodéputés, dont certains n’ont pas de mots assez durs envers la présidente de la Commission.
Audrey Vuetaz

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« Ursula von der Leyen va dresser le bilan de la pire année de la Commission. » Manon Aubry, eurodéputée LFI et co-présidente du groupe de la Gauche au Parlement européen ne mache pas ses mots et la liste des griefs est longue. « Selon moi c’est une année de renoncements sans précédent sur le Pacte vert marquée par une coopération entre la droite et l’extrême droite. Il y a eu aussi l’accord signé en catimini avec Donald Trump qui va nous vassaliser, le passage en force sur l’accord commercial UE-Mercosur, sans oublier l’Union européenne qui ferme les yeux sur le génocide en cours à Gaza. C’est la Commission de toutes les hontes. » Des mots très durs, que Manon Aubry compte bien adresser directement à la présidente de la Commission. Car le format est toujours le même, Ursula von der Leyen parle pendant une heure environ, s’en suit un débat avec les eurodéputés.

 

Une mise au point nécessaire sur l’accord douanier UE-Etats-Unis

 

Manon Aubry n’est pas la seule à marquer son mécontentement vis-à-vis de l’accord commercial acté au cœur de l’été entre l’Europe et les Etats-Unis. Les exportations européennes qui entrent aux Etats-Unis seront taxées à hauteur de 15% au lieu de 4,8% environ avant l’arrivée de Donald Trump à la Maison blanche. Beaucoup reprochent à la Commission de ne pas s’être battue davantage, d’autant que le marché européen est le plus gros marché mondial. « Il y a eu une démonstration de faiblesse cet été de la part de l’Union européenne et maintenant il y a une réaction tiède aux propos de Donald Trump qui menace de droits supplémentaires pour faire tomber la régulation numérique européenne, » explique Théo Verdier, co-directeur de l’Observatoire Europe à la Fondation Jean Jaurès, « cela ne présage rien de bon dans nos relations avec le président des Etats-Unis qui impose la force. Ursula von der Leyen aura sûrement à cœur de faire une mise au point dans son discours. »

« Nous attendons du leadership de la part de la présidente. L’été a été catastrophique pour l’image de l’Union européenne qui se retrouve marginalisée, affaiblie, » avance Valérie Hayer la présidente du groupe Renew au Parlement européen « Ursula von der Leyen doit engager les réformes nécessaires pour faire du marché unique un vrai levier de puissance. Il faut aussi faire des réformes institutionnelles pour que l’UE soit plus efficace dans son processus de décision. Avec Renew et le Président Emmanuel Macron nous nous battons depuis 2019 pour développer l’autonomie stratégique de l’Europe, Mario Draghi a aussi publié un rapport il y a un an pour relancer la compétitivité européenne. Et rien de concret n’a été fait pendant tout ce temps. »

 

Ursula von der Leyen doit soigner sa majorité

« L’accord douanier avec les Etats-Unis a mis à mal la majorité d’Ursula von der Leyen, souligne Théo Verdier, les socialistes qui font partie de cette majorité ont fait savoir qu’ils ne voulaient pas forcément voter la ratification du texte. C’est un véritable problème pour la Commission qui ne peut pas toucher au texte validé avec Donald Trump, mais qui doit faire face à des demandes de modification de la part des socialistes. Il va falloir faire d’autres annonces en dehors du texte pour leur donner des gages. »

Les socialistes qui ont déjà envoyé une lettre à la présidente de la Commission pour préciser leurs attentes. Ils devraient notamment demander une stratégie sur la mise en œuvre du pacte vert. Ils sont rejoints sur ce sujet par les Verts européens. « L’an passé notre groupe des Verts a voté pour elle sur la promesse de continuer le Pacte vert et son mandat a très mal commencé, avec des reculs écologiques que ce soit sur l’agriculture ou l’automobile, » précise Daniel Freund, eurodéputé Vert allemand.

 

Deux nouvelles motions de censure

Mais peu importe ses arguments mercredi, la présidente de la Commission ne devrait pas échapper à deux nouvelles motions de censure. La première devrait être déposée par les Patriotes pour l’Europe, le groupe présidé par Jordan Bardella. La gauche radicale au Parlement européen tente aussi de recueillir les 72 signatures nécessaires. « Renoncement après renoncement elle tourne le dos aux peu de progrès faits pendant les mandats précédents.  Il est temps d’envoyer un avertissement, » conclue Manon Aubry.

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