L’examen du budget 2025 a été suspendu sitôt le gouvernement de Michel Barnier censuré mercredi soir. À ce stade, trois pistes législatives se dégagent pour assurer la continuité de la vie de la nation, sans que les juristes ne semblent s’accorder sur les modalités d’application de certains mécanismes d’urgence, quasiment inédits.
En Corse, Emmanuel Macron très attendu sur « l’autonomie » de l’île de beauté
Par Romain David
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Emmanuel Macron sera en Corse ce mercredi soir, pour commémorer le 80e anniversaire de la Libération de l’île de beauté. Cette visite de deux jours devrait aussi être l’occasion d’une clarification sur le statut de la collectivité. Le chef de l’Etat doit notamment dîner avec les élus locaux dans la soirée, avant de prononcer jeudi, en milieu de matinée, un discours devant l’Assemblée de Corse. En mars 2022, à quelques mois de l’élection présidentielle, l’exécutif, par l’intermédiaire du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, avait évoqué la piste d’une modification institutionnelle « pouvant aller jusqu’à l’autonomie », sans toutefois préciser ce qu’il entendait derrière cette formule.
Cette déclaration faisait suite aux violentes manifestations qui ont agité la Corse après la mort de l’indépendantiste Yvan Colonna, tué le 21 mars 2022 dans la prison d’Arles où il purgeait une peine de perpétuité pour l’assassinat du préfet Claude Erignac en 1998. Depuis, 18 mois d’échanges entre les insulaires et l’exécutif ont abouti à la présentation de deux projets. D’un côté, celui des élus indépendantistes, qui réclament un pouvoir législatif « plein et entier », hormis sur les questions régaliennes. Et de l’autre la copie de l’opposition de droite, qui se cantonne à une simple adaptation de la législation déjà en vigueur aux spécificités locales.
Vers une inscription dans la Constitution ?
Le gouvernement, quant à lui, a posé ses lignes rouges : il n’est pas question de sortir la Corse de la République ni de créer deux catégories de citoyens. Par ailleurs, l’hypothèse d’une co-officialité de la langue corse aux côtés du français ne paraît non plus recevable pour l’Elysée. Les éventuelles discussions sur une réforme constitutionnelle s’annoncent d’autant plus ardues si les forces politiques en présence ne parviennent pas à s’entendre autour d’un projet commun.
Contactés par Public Sénat, les élus nationalistes ne souhaitent pas s’exprimer en amont de la prise de parole du chef de l’Etat jeudi. Il y a quelques jours, le sénateur corse LR Jean-Jacques Panuzi nous confiait pour sa part ne pas vouloir d’une inscription de l’île à l’article 74 de la Constitution, qui consacre le régime d’autonomie de certains territoires d’outre-mer.
Début septembre, Gérald Darmanin a préparé le terrain à la visite présidentielle en rencontrant Gilles Simeoni, le président autonomiste de l’exécutif corse. « Ce qui ressort clairement […] c’est que dans son esprit au moins, le principe d’un statut d’autonomie et d’une solution politique globale est acquis », avait salué le Corse. Devant les journalistes, le locataire de la place Beauvau a évoqué, outre « l’autonomie législative », la possibilité d’élargir celle-ci aux questions agricoles et énergétiques.
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