Fonds Marianne : le calendrier de la commission d’enquête bouleversé par la perquisition chez Mohamed Sifaoui

Une perquisition dans le cadre d’une enquête du PNF a empêché Mohamed Sifaoui de se présenter devant la commission d’enquête sénatoriale ce mardi matin. L’essayiste sera donc auditionné jeudi, après la ministre Marlène Schiappa ce mercredi. Une inversion du calendrier dommageable pour la commission d’enquête, mais les sénateurs assurent qu’ils pourront poursuivre leur travail, quitte à réauditionner certaines personnes le cas échéant.
Louis Mollier-Sabet

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Mohamed Sifaoui leur avait déjà fait faux bond il y a deux semaines, le mercredi 31 mai. L’essayiste, salarié de l’USEPPM qui a reçu 355 000 euros du Fonds Marianne sur l’année 2021, pour une production finale si limitée que son président avait eu du mal à justifier l’utilisation des subventions devant la commission d’enquête. Excusé pour des raisons de santé, Mohamed Sifaoui n’avait donc pas pu répondre aux questions des sénateurs et devait rectifier le tir ce mardi matin à 9h avant l’audition de Marlène Schiappa ce mercredi, alors que son arrêt maladie prenait fin ce lundi soir, explique Jean-François Husson, rapporteur LR de la commission d’enquête.

« 15 minutes avant l’audition, nous avons reçu qu’il y avait une perquisition en cours à son domicile »

Seulement à 8h45 ce mardi, les sénateurs de la commission d’enquête apprennent que – pour la deuxième fois – M. Sifaoui ne pourra pas se présenter et témoigner sous serment devant eux. « 15 minutes avant l’audition, nous avons reçu un message de son avocat nous disant qu’il y avait une perquisition en cours à son domicile et que donc il ne pouvait pas se rendre à cette audition », détaille Claude Raynal, le président (PS) de la commission d’enquête. Une information judiciaire au Parquet National Financier (PNF) est en effet en cours. La perquisition est-elle mal tombée ? « Il y a eu trois perquisitions en même temps ce matin. Donc ce n’est pas un sujet concernant uniquement M. Sifaoui, le parquet a son agenda propre, nous respectons le parquet dans ses actions et nous n’imaginons pas autre chose », tempère le sénateur socialiste.

Même son de cloche du côté du rapporteur LR Jean-François Husson : « Je ne cherche pas à interpréter, ni à voir un message. Il faut faire confiance à nos institutions, on sait au départ qu’il y a trois démarches : une inspection générale de l’administration qui a rendu un rapport partiel, le PNF et la commission d’enquête sénatoriale. » Claude Raynal regrette tout de même que l’audition de M. Sifaoui « n’ait pas été prise en compte par le parquet de la même façon que nous respectons le travail du parquet et que nous nous gardons d’empiéter sur le champ judiciaire », a-t-il expliqué.

« S’il y avait lieu, nous pourrions reconvoquer telle ou telle personne »

En tout état de cause, cette perquisition a chamboulé le calendrier des auditions de la commission d’enquête, qui réservait les auditions des ministres pour la fin. « On auditionnera les deux ministres avant M. Sifaoui », qui sera finalement entendu jeudi prochain, détaille Jean-François Husson. « C’est un contretemps, nous souhaitons garder une maîtrise du calendrier. Il y avait une certaine logique à auditionner les ministres à la fin du processus puisque la décision procède du gouvernement et de ses représentants. »

Claude Raynal aussi concède que ce changement de calendrier modifie un peu les choses, mais pas fondamentalement, explique le président socialiste de la commission d’enquête : « C’est un peu différent du calendrier que nous avions choisi, puisque nous souhaitions interroger les ministres en ayant l’ensemble des témoignages sous serment à disposition. Mais au fond, la question est la même puisque nous aurons Marlène Schiappa et Sonia Backès mercredi, M. Sifaoui jeudi et nous verrons bien s’il y a des contradictions entre les deux témoignages. S’il y avait lieu, nous pourrions reconvoquer telle ou telle personne. »

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