Les sommets se poursuivent sur la question de la sécurité européenne et de la guerre en Ukraine. A l’initiative du président portugais du Conseil européen, António Costa, l’ensemble des dirigeants des 27 Etats membres du Conseil sont arrivés dès 12 h 30. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est lui convié pour participer aux « derniers développements » du sommet. Il a « remercié » ses alliés européens avant le début du sommet avant d’ajouter « ne plus se sentir seul ».
Un contexte d’urgence
Mardi 4 mars, les Etats-Unis ont annoncé suspendre leur aide militaire à l’Ukraine. Le même jour, le président américain Donald Trump a assuré avoir reçu une lettre du président ukrainien lui indiquant que l’Ukraine est « prête à s’asseoir à la table des négociations dès que possible pour se rapprocher d’une paix durable ».
Les relations entre les deux hommes sont au plus bas depuis leur échange houleux le 28 février dans le Bureau ovale où le président américain a reproché à son homologue de ne pas « vouloir la paix ». Volodymyr Zelensky avait quitté précipitamment la Maison Blanche.
Depuis le discours du vice-président américain J. D. Vance lors de la conférence de Munich le 14 février, l’urgence de la sécurité européenne et de l’aide à l’Ukraine s’est faite plus pressante. Plusieurs sommets d’urgences entre Paris et Londres ont été organisés pour échanger sur les menaces de sécurité du continent européen.
Le 24 février, le président Emmanuel Macron s’est rendu à Washington pour une rencontre avec Donald Trump qui s’est avérée infructueuse.
Des enjeux multiples
Dans sa lettre d’invitation, le président du Conseil européen, António Costa appelle à des « décisions » pour que « l’Europe devienne plus souveraine, plus capable et mieux à même de faire face aux défis immédiats et futurs qui pèsent sur sa sécurité ». Au sujet de l’Ukraine, il invite à « échanger » sur la « manière de continuer à soutenir l’Ukraine ». « Nous devrions donc être préparés à apporter une éventuelle contribution européenne aux garanties de sécurité qui seront nécessaires pour assurer une paix durable en Ukraine ».
Les enjeux vont aussi porter sur le réarmement européen. Le 4 mars, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a annoncé un plan de 800 milliards d’euros pour réarmer l’Europe. « L’Europe est prête à renforcer massivement ses dépenses en matière de défense. À la fois pour répondre, à court terme, à l’urgence de soutenir l’Ukraine, mais aussi pour satisfaire, à long terme, à la nécessité d’assumer une responsabilité beaucoup plus importante dans la défense de sa propre sécurité », a-t-elle déclaré dans sa lettre. Afin de mobiliser les fonds nécessaires, elle annonce assouplir les règles budgétaires en vigueur dans l’Union. Tout comme l’Allemagne qui a annoncé sortir de son orthodoxie budgétaire pour son plan massif de réarmement.
Le 5 mars, dans une allocution télévisée, Emmanuel Macron a également annoncé vouloir investir massivement dans la défense. La question du parapluie nucléaire européen, évoqué quelques jours plus tôt par le président français devrait être, lui aussi, au cœur des discussions.
Une cohésion nécessaire
Une entente est-elle possible entre tous les dirigeants européens ? Si les sommets ont montré une convergence des points de vue, rien n’est moins sûr aujourd’hui. Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, qui s’est entretenu mercredi soir avec Emmanuel Macron, ne souhaite pas poursuivre les aides à l’Ukraine. Proche de Donald Trump et de Vladimir Poutine, le hongrois salue tout de même l’effort de défense européen. Son homologue italienne, Giorgia Meloni, navigue quant à elle entre plusieurs positions. Proche de Donald Trump, elle appelle à « faire preuve de sang-froid » sur le dossier ukrainien.
Un élément de discorde risque aussi de fragiliser les échanges. La provenance des achats d’armements. Emmanuel Macron compte bien peser pour faire valoir l’industrie d’armement française. La plupart des Etats membres de l’Union européenne se tournent du côté des Etats-Unis pour leurs commandes.
En tout état de cause, l’immense majorité des participants du sommet semble déterminée à trouver un accord pour entériner le plan « Rearm Europe » d’Ursula von der Leyen. De son côté, Londres est en discussion avec une vingtaine de pays « intéressés » à contribuer à une paix en Ukraine.