Guerre en Ukraine : les enjeux du Conseil européen « décisif » 

Réuni ce jeudi à Bruxelles pour un Conseil européen extraordinaire, les dirigeants des 27 Etats membres vont s’entretenir sur la défense européenne et la continuité du soutien militaire à l’Ukraine. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky est également présent dans la capitale belge.
Marius Texier

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Les sommets se poursuivent sur la question de la sécurité européenne et de la guerre en Ukraine. A l’initiative du président portugais du Conseil européen, António Costa, l’ensemble des dirigeants des 27 Etats membres du Conseil sont arrivés dès 12 h 30. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, est lui convié pour participer aux « derniers développements » du sommet. Il a « remercié » ses alliés européens avant le début du sommet avant d’ajouter « ne plus se sentir seul ».

Un contexte d’urgence

Mardi 4 mars, les Etats-Unis ont annoncé suspendre leur aide militaire à l’Ukraine. Le même jour, le président américain Donald Trump a assuré avoir reçu une lettre du président ukrainien lui indiquant que l’Ukraine est « prête à s’asseoir à la table des négociations dès que possible pour se rapprocher d’une paix durable ».

Les relations entre les deux hommes sont au plus bas depuis leur échange houleux le 28 février dans le Bureau ovale où le président américain a reproché à son homologue de ne pas « vouloir la paix ». Volodymyr Zelensky avait quitté précipitamment la Maison Blanche.

Depuis le discours du vice-président américain J. D. Vance lors de la conférence de Munich le 14 février, l’urgence de la sécurité européenne et de l’aide à l’Ukraine s’est faite plus pressante. Plusieurs sommets d’urgences entre Paris et Londres ont été organisés pour échanger sur les menaces de sécurité du continent européen.

Le 24 février, le président Emmanuel Macron s’est rendu à Washington pour une rencontre avec Donald Trump qui s’est avérée infructueuse.

Des enjeux multiples

Dans sa lettre d’invitation, le président du Conseil européen, António Costa appelle à des « décisions » pour que « l’Europe devienne plus souveraine, plus capable et mieux à même de faire face aux défis immédiats et futurs qui pèsent sur sa sécurité ». Au sujet de l’Ukraine, il invite à « échanger » sur la « manière de continuer à soutenir l’Ukraine ». « Nous devrions donc être préparés à apporter une éventuelle contribution européenne aux garanties de sécurité qui seront nécessaires pour assurer une paix durable en Ukraine ».

Les enjeux vont aussi porter sur le réarmement européen. Le 4 mars, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen a annoncé un plan de 800 milliards d’euros pour réarmer l’Europe. « L’Europe est prête à renforcer massivement ses dépenses en matière de défense. À la fois pour répondre, à court terme, à l’urgence de soutenir l’Ukraine, mais aussi pour satisfaire, à long terme, à la nécessité d’assumer une responsabilité beaucoup plus importante dans la défense de sa propre sécurité », a-t-elle déclaré dans sa lettre. Afin de mobiliser les fonds nécessaires, elle annonce assouplir les règles budgétaires en vigueur dans l’Union. Tout comme l’Allemagne qui a annoncé sortir de son orthodoxie budgétaire pour son plan massif de réarmement.

Le 5 mars, dans une allocution télévisée, Emmanuel Macron a également annoncé vouloir investir massivement dans la défense. La question du parapluie nucléaire européen, évoqué quelques jours plus tôt par le président français devrait être, lui aussi, au cœur des discussions.

Une cohésion nécessaire

Une entente est-elle possible entre tous les dirigeants européens ? Si les sommets ont montré une convergence des points de vue, rien n’est moins sûr aujourd’hui. Le Premier ministre hongrois Viktor Orbán, qui s’est entretenu mercredi soir avec Emmanuel Macron, ne souhaite pas poursuivre les aides à l’Ukraine. Proche de Donald Trump et de Vladimir Poutine, le hongrois salue tout de même l’effort de défense européen. Son homologue italienne, Giorgia Meloni, navigue quant à elle entre plusieurs positions. Proche de Donald Trump, elle appelle à « faire preuve de sang-froid » sur le dossier ukrainien.

Un élément de discorde risque aussi de fragiliser les échanges. La provenance des achats d’armements. Emmanuel Macron compte bien peser pour faire valoir l’industrie d’armement française. La plupart des Etats membres de l’Union européenne se tournent du côté des Etats-Unis pour leurs commandes.

En tout état de cause, l’immense majorité des participants du sommet semble déterminée à trouver un accord pour entériner le plan « Rearm Europe » d’Ursula von der Leyen. De son côté, Londres est en discussion avec une vingtaine de pays « intéressés » à contribuer à une paix en Ukraine.

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Data Center TAS Cloud Services a Sophia-Antipolis
6min

Institutions

IA et collectivités : un rapport du Sénat préconise le partage d’expérience

Présenté ce jeudi 13 mars, le rapport sur « l’intelligence artificielle et les collectivités territoriales » préconise une série de mesures pour le développement de l’IA dans les territoires. Les propositions visent principalement à la formation et à la sensibilisation des acteurs locaux, tout en questionnant les enjeux environnementaux et sécuritaires.

Le

Mayotte :Cyclone Chido
5min

Institutions

Gestion de l’eau en Outre-mer : un rapport du Sénat qui souhaite accélérer l’accès à l’eau potable

Face à la problématique de manque d’eau dans les départements d’outre-mer, les sénateurs Georges Patient et Stéphane Fouassin ont présenté leur rapport sur la gestion de l’eau et de l’assainissement en outre-mer ainsi que l’enquête de la Cour des comptes sur le sujet. Commandés par la commission des finances, les rapports émettent plusieurs recommandations pour améliorer l’accès à l'eau en Outre-mer.

Le