Le Sénat vote pour une réduction de 5 % du nombre de fonctionnaires d’État
La majorité sénatoriale de droite a amendé le projet de loi de programmation budgétaire 2023-2027, en introduisant un objectif de réduction de 120 000 postes de fonctionnaires d’État sur la durée du quinquennat.

Le Sénat vote pour une réduction de 5 % du nombre de fonctionnaires d’État

La majorité sénatoriale de droite a amendé le projet de loi de programmation budgétaire 2023-2027, en introduisant un objectif de réduction de 120 000 postes de fonctionnaires d’État sur la durée du quinquennat.
Guillaume Jacquot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Après avoir resserré la vis du rythme de redressement des finances publiques, le Sénat a amendé le projet de loi de programmation budgétaire pour les années 2023-2027, en inscrivant une baisse de 5 % du nombre de fonctionnaires de l’État et de ses opérateurs sur le quinquennat. L’amendement, défendu par le groupe Les Indépendants, a été adopté par 164 voix contre 123, dans la soirée du 2 novembre 2022. « Pour les Indépendants, nous ne pensons pas que nous pourrons atteindre la réduction de notre déficit, tel que nous le demandons, en maintenant la stabilité des emplois sur le quinquennat », a expliqué le sénateur Emmanuel Capus (Horizons). Ce chiffre correspond « peu ou prou à l’engagement du président Macron en 2017 », a-t-il précisé. L’objectif en question avait été abandonné après la crise des Gilets Jaunes.

L’amendement a reçu un avis de sagesse de la part de la commission des finances, ce qui signifie qu’elle s’en est remise à la volonté de l’hémicycle. Selon Jean-François Husson (LR), rapporteur général de la commission, Emmanuel Macron « n’a pas tenu » la promesse du premier quinquennat mais « s’honorerait » à suivre cette voie, plutôt qu’une stabilité des effectifs, pour permettre un redressement des finances publiques. « Il faudra que vous soyez en cohérence avec les actions que vous préconisez. »

« La question que je pose, c’est : où est-ce que vous les prenez ? »

Gabriel Attal, ministre des Comptes publics, a émis un avis défavorable sur l’amendement sénatorial. Plus tôt, il avait donné un exemple concret de ce que la trajectoire de réduction des dépenses publiques, durcie par le Sénat, signifiait. « Pour faire seulement un quart des économies supplémentaires qui ont été adoptées – 37 milliards d’euros – il faudrait supprimer 200 000 postes de fonctionnaires ».

Selon lui, l’exécutif a « assumé » la fin d’un objectif chiffré lors du précédent quinquennat. « Il y avait un enjeu sur la présence des services publics dans les territoires », a-t-il rappelé. « La question que je pose, c’est : où est-ce que vous les prenez ? Dire que l’on va supprimer 125 000 postes de fonctionnaires sans préciser, ce n’est pas crédible. » Gabriel Attal a indiqué que les 20 000 créations de postes dans les ministères régaliens (Intérieur, Justice, Défense) étaient gagées par des suppressions de postes dans d’autres ministères. « Il y a déjà un effort qui a été fait. »

À lire aussi » Le Sénat accélère le retour à un déficit public sous les 3 % du PIB, contre l’avis du gouvernement

Les groupes de gauche ont voté contre la proposition des Indépendants. Pascal Savoldelli (communiste) a considéré qu’il s’agissait d’un « amendement extrêmement grave ». Le groupe Union centriste, à sa quasi-unanimité, s’est abstenu. « Je me méfie des effets d’annonce. Il faut que l’on soit vigilant », s’est inquiétée la sénatrice Françoise Gatel. La présidente de la délégation aux collections territoriales a notamment pointé le risque de transferts à l’échelon local.

Partager cet article

Dans la même thématique

Mairie
4min

Institutions

Elections municipales : 2 189 démissions de maires depuis 2020, un chiffre record

Le nombre d’édiles qui renoncent à poursuivre leur mandat n’a jamais été aussi élevé, selon une étude de l'Observatoire de la démocratie de proximité AMF-Cevipof/SciencesPo. Les démissions ont été multipliées par quatre depuis 2020 par rapport à la période 2008-2014. Les tensions au sein des Conseils municipaux sont invoquées comme première cause de renoncement.

Le

Un gouvernement RN peut-il paralyser le Conseil des ministres de l’Union européenne ?
5min

Institutions

Vingt ans après le « non » au traité européen, l’Europe est-elle encore un clivage à gauche ?

Lors d’un colloque organisé par l’eurodéputé PS François Kalfon divers intervenants sont revenus sur les changements des termes du débat sur l’Union européenne à gauche depuis vingt ans. François Ruffin a notamment admis que les frontières entre europhiles et eurosceptiques avaient été « floutées », alors que les obstacles à une Europe harmonisée fiscalement et volontariste au niveau commercial sont encore nombreux.

Le

Paris: Press conference by Didier Migaud, president of the HATVP on the 2022 activity report
5min

Institutions

Conflits d’intérêts : face à un record de contrôles en 2024, la HATVP manque de moyens

Lors de la présentation du rapport d’activité 2024 de la HATVP, son nouveau président Jean Maïa a fait état d’un exercice « record. » Face à l’afflux des déclarations à contrôler et les nouvelles missions qui lui sont confiées, la Haute autorité développe des pistes pour améliorer son fonctionnement, mais manque de moyens.

Le