Paris: Macron and Attal during a ceremony at the Mont-Valerien memorial
French President Emmanuel Macron and French Prime Minister Gabriel Attal during a ceremony marking the 84th anniversary of late French General Charles de Gaulle's World War II resistance call of June 18, 1940, at the Mont-Valerien memorial in Suresnes, outside Paris, on June 18, 2024.//01JACQUESWITT_WITT0048/Credit:Jacques Witt/SIPA/2406181512

Législatives : Emmanuel Macron est-il contraint dans son pouvoir de nomination du futur Premier ministre ?

Si le texte de la Constitution donne un pouvoir « discrétionnaire » au président de la République dans la nomination de son Premier ministre, le chef de l’Etat se retrouve cependant contraint par une réalité politique qui réduit son champ d’action.
Alexis Graillot

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Gabriel Attal à Matignon, pour encore combien de temps ? C’est toute la question qui se pose au lendemain des élections législatives anticipées, qui ont vu le Nouveau Front Populaire basculer en tête, à la surprise générale d’une grande partie des sondeurs et politologues.

Dans une Assemblée nationale plus fragmentée que jamais, et en l’absence (a minima) d’une majorité relative forte, la nomination d’un Premier ministre tourne désormais au casse-tête.

Pouvoir « discrétionnaire » de nomination

Compétence exclusive du Président de la République, des mots mêmes de l’article 8 de la Constitution, la nomination (et la révocation) du Premier ministre, relève du pouvoir discrétionnaire d’Emmanuel Macron.

Ce dernier n’a donc aucune obligation à mettre fin aux fonctions de Gabriel Attal, quel que soit le résultat des élections législatives. « Le Président de la République est le seul décisionnaire de ces actes, nul ne peut les défaire, pas même le juge constitutionnel », précise Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste et maître de conférences en droit public.

Menace d’une motion de censure

Mais alors, que se passerait-il dans le cas où Gabriel Attal serait encore en fonction le 18 juillet et renversé par l’Assemblée ? « Une motion de censure oblige la démission du gouvernement », note Anne-Charlène Bezzina, même si la Constitution ne précise à aucun moment que le Président de la République n’est tenu de nommer un Premier ministre issu du parti ou groupe politique, sorti majoritaire à l’issue des élections législatives.

« Certes, tout n’est pas prévu, mais il y a une logique politique qui prévaut », tempère-t-elle, notant que s’il n’y a pas de précédent politique ou juridique en la matière, « il n’est pas nécessaire de l’écrire dans le texte ». « Je trouve qu’il serait relativement inutile de jouer les muscles, quand bien vous disposez de cette prérogative », ajoute la constitutionnaliste.

Pour autant, il n’est même pas certain qu’une motion de censure à l’encontre de Gabriel Attal puisse être votée en l’état actuel du Parlement, celle-ci devant réunir en vertu de l’article 49-2 de la Constitution, 289 parlementaires. Et quand bien même, il n’est même pas sûr que celle-ci débouche sur une « clarification politique », voulue par le Président, au moment de la dissolution. Puisque, rappelons-le, même dans le cas où le gouvernement ferait face à une motion de censure, le Président de la République se retrouve dans l’impossibilité de dissoudre l’hémicycle… avant le 8 juillet 2025.

Partager cet article

Dans la même thématique

Un gouvernement RN peut-il paralyser le Conseil des ministres de l’Union européenne ?
5min

Institutions

Vingt ans après le « non » au traité européen, l’Europe est-elle encore un clivage à gauche ?

Lors d’un colloque organisé par l’eurodéputé PS François Kalfon divers intervenants sont revenus sur les changements des termes du débat sur l’Union européenne à gauche depuis vingt ans. François Ruffin a notamment admis que les frontières entre europhiles et eurosceptiques avaient été « floutées », alors que les obstacles à une Europe harmonisée fiscalement et volontariste au niveau commercial sont encore nombreux.

Le

Paris: Press conference by Didier Migaud, president of the HATVP on the 2022 activity report
5min

Institutions

Conflits d’intérêts : face à un record de contrôles en 2024, la HATVP manque de moyens

Lors de la présentation du rapport d’activité 2024 de la HATVP, son nouveau président Jean Maïa a fait état d’un exercice « record. » Face à l’afflux des déclarations à contrôler et les nouvelles missions qui lui sont confiées, la Haute autorité développe des pistes pour améliorer son fonctionnement, mais manque de moyens.

Le

Législatives : Emmanuel Macron est-il contraint dans son pouvoir de nomination du futur Premier ministre ?
6min

Institutions

« Nous avons un an d’espérance de vie », alerte la directrice de l’Agence Bio

Auditionnés par la commission d’enquête sur les agences de l’Etat, les représentants de l’Agence Bio ont surtout profité de l’audition pour plaider leur cause. Amputée de deux tiers de ses moyens cet hiver dans un contexte de coupes budgétaires, l’agence n’a, en l’état actuel, qu’un an « d’espérance de vie » devant elle.

Le

Biden France
3min

Institutions

80e anniversaire de la Victoire de 1945 : le programme des cérémonies du 8 mai

Alors que la France s’apprête à célébrer le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, l’Elysée prévoit une cérémonie commémorative spéciale au niveau de l’Arc de triomphe. Au programme : passage des troupes en revue, défilé de « reconstituants » et concert.

Le