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Réarmement : en quoi consiste l’armée de réserve ?

Dans ce climat géopolitique tendu et les annonces de réarmement, le gouvernement espère doubler le nombre de réservistes d’ici dix ans. La sénatrice Marie-Arlette Carlotti entend « faciliter et rendre accessible » cet engagement volontaire.
Marius Texier

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« La patrie a besoin de vous, de votre engagement », a déclaré Emmanuel Macron le 5 mars dernier lors d’une allocution télévisée après le désengagement américain sur l’Ukraine et l’annonce d’un plan de réarmement européen.

Le lendemain au micro de France Inter, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu a relevé la référence du président sur les réservistes. « Est-ce que l’on a besoin d’accélérer sur le durcissement de nos réserves ? La réponse est oui. On a besoin d’une réserve professionnelle », a expliqué le ministre.

44 500 réservistes opérationnels

On qualifie de réservistes les volontaires engagés pour aider à la défense nationale et qui conservent un métier dans le civil. Après la décision de Jacques Chirac de suspendre le service militaire obligatoire en 1997, le modèle de réserve de masse s’est transformé en un modèle de réserve opérationnelle d’emploi fondée sur le volontariat.

Au 1er octobre 2024, le gouvernement dénombrait 44 500 réservistes opérationnels militaires. C’est l’armée de terre qui regroupe la majorité des effectifs avec plus de 28 000 volontaires. Le reste des réservistes font partie de la marine nationale, de l’armée de l’air et de l’espace ou encore du service de santé des armées.

 

Armée réserve

Pour être engagé comme réserviste, il suffit d’être âgé entre 17 et 72 ans et de faire preuve d’une bonne condition physique. La nationalité française ainsi qu’un casier judiciaire vierge figurent parmi les prérogatives requises. Une formation militaire de base est également nécessaire.

Des missions variées

Si l’on est retenu comme réserviste, on effectue des missions ponctuelles ou de longue durée selon les besoins de défense nationale. Celles-ci vont de la protection des populations comme les missions Sentinelle ou Vigipirate à la protection des installations militaires. Les missions portent également sur le secours des populations lors de catastrophes naturelles, industrielles ou technologiques. Elles recouvrent aussi d’autres domaines tels que le juridique, la finance ou la communication selon les compétences dans le civil du réserviste.

Les contrats varient entre un à cinq ans et sont renouvelables. La durée de travail annuelle ne doit pas excéder 60 jours. Le réserviste peut espérer toucher un salaire entre 40 et 200 euros qui varie selon le grade.

Vers une hausse des réservistes

« L’augmentation des réserves est un combat clé », a insisté Sébastien Lecornu. Avec le plan Réserve2035, le gouvernement souhaite doubler le nombre de réservistes d’ici dix ans.

« Cette hausse de réservistes demande beaucoup de temps et de moyens », prévient Marie-Arlette Carlotti, sénatrice socialiste des Bouches-du-Rhône, membre de la commission des affaires étrangères et autrice d’un avis sur la réserve opérationnelle en 2022. « Il nous faut communiquer et informer sur le dispositif ainsi que travailler à son accessibilité ».

Depuis 20 ans, l’armée de réserve n’a cessé de progresser. Elle a connu une hausse importante d’engagés au lendemain des attentats terroristes en France en 2015 et 2016. Devant ce désir d’engagement de la société civile, on décide de créer la Garde nationale en 2016. Cet organisme regroupe les réservistes de l’armée ainsi que ceux du ministère de l’Intérieur. Au 1er août 2024, 83 000 réservistes figuraient dans la Garde nationale, dont 40 000 du ministère de l’Intérieur.

En plus des engagés volontaires, les militaires dits « de l’active » peuvent être rappelés au service dans les cinq ans après leur départ à la retraite. On en compte 60 000 aujourd’hui. Ainsi, c’est plus de 140 000 réservistes qui sont mobilisables en cas de conflit pour épauler les 200 000 militaires actifs.

« Un lien entre l’armée et la nation »

« La réserve opérationnelle, c’est un moyen de retisser le lien entre l’armée et la nation », précise Marie-Arlette Carlotti. « Les jeunes ne côtoient presque jamais les militaires ou alors seulement occasionnellement dans la rue au cours des opérations Sentinelle. Il ne faut certainement pas militariser la totalité du pays, mais il s’agit plutôt de faire comprendre aux jeunes qu’ils peuvent être utiles. La réserve se fait en plus du recrutement militaire. Elle est là pour l’épauler même si elle a parfois servi à compenser les baisses d’effectif dans l’armée ».

Pour Sébastien Lecornu, la hausse des effectifs de réservistes est absolument essentielle. « On a une multiplication des sollicitations des forces armées françaises sur le territoire national comme à l’étranger qui est très importante », pointe le ministre en prenant pour exemple l’aide des militaires après la catastrophe à Mayotte ou encore la sécurisation des Jeux olympiques. « Face à l’activité importante que l’on demande à l’armée française, il est certain que nous n’avons pas assez de réservistes ».

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