Conseil constitutionel
Conseil constitutionel installe rue de Montpensier, ou se reunissent les sages du palais-Royal//MASTAR_FOURMY0104/Credit:Mario FOURMY/SIPA/2304032026

Référendum d’initiative partagée : une proposition de loi pour le rendre « réalisable » rejetée par la commission des lois du Sénat

La proposition de loi des sénateurs socialistes visant à rendre « réalisable » la procédure de référendum d’initiative partagée (RIP) doit être examinée en séance le 22 novembre prochain. Ce mercredi, elle a été rejetée par la commission des lois. Un rejet qui ne décourage pas pour autant son auteur, le socialiste Yan Chantrel, qui invite les sénateurs Renaissance à la voter pour concrétiser les paroles du Président de la République.
Mathilde Nutarelli

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Lors de leur niche parlementaire au Sénat le 22 novembre prochain, les socialistes proposent un texte pour rendre « réalisable » le dispositif de référendum d’origine partagée. Cet outil, prévu par la Constitution, n’a jamais été mis en œuvre. En effet, les conditions de sa réalisation sont très contraignantes. Avec cette réforme du RIP, « nous voulons faire des citoyens, des gouvernants et des gouvernés », explique Eric Kerrouche, sénateur socialiste des Landes et porte-parole du groupe socialiste au Sénat.

Un texte rejeté en commission des lois

Examinée en commission le 15 novembre, la proposition de loi de Yan Chantrel, sénateur socialiste des Français de l’étranger et auteur du texte, a pourtant été rejetée par la commission des lois. Le rapporteur Philippe Bas, ancien secrétaire général de la présidence sous Jacques Chirac, estime en effet dans son rapport que « si la proposition de loi contribu [e] utilement aux réflexions sur le sujet, les solutions qu’elle envisag [e], pour certaines inabouties ou contestables dans leur principe, ne [peuvent] être appréhendées de manière autonome par rapport aux réflexions conduites dans d’autres instances ». Il fait ici référence à un groupe de travail sur les institutions, mis en place par Gérard Larcher, ainsi qu’aux rencontres de Saint-Denis, autour des chefs de partis représentés au Parlement, initiées par Emmanuel Macron fin août 2023.

Un « deux poids deux mesures » avec la proposition de loi constitutionnelle des Républicains

Une mesure en particulier attire l’attention : dans leur proposition de loi, les socialistes souhaitent étendre le champ du référendum aux questions fiscales. Aujourd’hui, un référendum ne peut concerner que l’organisation des pouvoirs publics, les réformes relatives à la politique économique et sociale et aux services publics qui y concourent, ou bien la ratification d’un traité non contraire à la Constitution mais susceptible d’influencer le fonctionnement des institutions. Cette mesure a été rejetée par la commission des lois et son rapporteur LR, au motif que l’élargissement du champ du référendum « tendrait à faire de la voie référendaire un mode d’adoption des lois non plus dérogatoire, mais quasi concurrent de la voie parlementaire ». Motif qui fait vivement réagir les socialistes du Sénat. Eric Kerrouche, dénonce un « deux poids deux mesures », avec la proposition de loi constitutionnelle du groupe LR du Sénat, étudiée le 12 décembre prochain, qui vise à élargir le champ du référendum aux questions relatives à « l’entrée et au séjour des étrangers en France ainsi que le droit de la nationalité ».

« Si le Président souhaite faciliter le RIP, que les sénateurs du groupe Renaissance votent notre proposition de loi »

Si le parcours de cette proposition de loi semble entravé par ce rejet en commission, le sujet n’est pas clos pour autant. En effet, la réforme de la procédure du RIP a été évoquée par Emmanuel Macron lui-même, notamment le 5 octobre dernier, devant le Conseil constitutionnel. Il avait soulevé l’idée d’abaisser le seuil de signatures nécessaires pour déclencher la procédure, à 4,8 millions aujourd’hui, soit 10 % du corps électoral. Une proposition que formalise également la proposition de loi socialiste, qui souhaite le ramener à un million. Peut-être la nouvelle édition des rencontres de Saint-Denis, prévue ce vendredi, est-elle l’occasion pour les socialistes, de trouver un soutien auprès du Président de la République pour leur proposition de loi. Pourtant, Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, a refusé l’invitation. « Ce n’est pas parce qu’Emmanuel Macron a évoqué l’idée d’abaisser le seuil du RIP qu’il va le reprendre à son compte », déplore Éric Kerrouche, « à force de toucher à tous les outils de la démocratie, il les a galvaudés », regrette-t-il, en rappelant la déception qu’ont suscité en leur temps le grand débat et ses cahiers de doléances, et la Convention citoyenne sur le climat dont seule une proposition a été reprise. « C’est le Parlement qui est le plus légitime pour discuter de ce genre de réforme », affirme quant à lui Yan Chantrel, « si le Président souhaite faciliter le RIP, que les sénateurs du groupe Renaissance votent notre proposition de loi ».

Partager cet article

Dans la même thématique

9min

Institutions

Quatre Premiers ministres en trois ans : la Ve République à bout de souffle ?

ANALYSE – Le départ de François Bayrou interroge la solidité de notre cadre institutionnelle, alors que la France multiplie les crises politiques depuis la dissolution de 2024. Interrogés par Public Sénat, historiens et professeurs de droit public ciblent moins la Constitution qu’un personnel politique toujours rétif au compromis, à la fois par tradition et par pragmatisme.

Le

Brüssel, Belgien, 27.06.2025: Europa-Gebäude: Europäischer Rat: L-R: Donald Tusk, António Costa, Ursula von der Leyen in
4min

Institutions

Discours sur l’Etat de l’Union : Ursula von der Leyen attendue au tournant

C’est le rendez-vous traditionnel de la rentrée sur la scène européenne. Mercredi 10 septembre, la présidente de la Commission prononcera à Strasbourg son discours sur l’Etat de l’Union, sorte de discours de politique générale qui doit lui permettre de tracer les grands enjeux pour l’année à venir. Mais après un été marqué par un accord douanier décrié avec Donald Trump, le discours d’Ursula von der Leyen est très attendu par les eurodéputés, dont certains n’ont pas de mots assez durs envers la présidente de la Commission.

Le

Mercosur : farmes rally at European parliament
3min

Institutions

Accord UE-Mercosur : dernière ligne droite avant son adoption définitive ?

Ce mercredi, la Commission européenne présente à Bruxelles le texte définitif de l'accord commercial avec les pays du Mercosur. Il prévoit une suppression progressive des droits de douane sur les produits industriels européens (voitures, machines, produits chimiques et pharmaceutiques), et une libéralisation partielle pour les produits agricoles sud-américains (viande, sucre, riz, miel, soja) encadrée par des quotas. Le traité de libre-échange, qui devrait comporter des clauses de sauvegarde pour obtenir le soutien de la France, pourrait être adopté définitivement d’ici à la fin de l’année.

Le

La sélection de la rédaction

Conseil Constitutionnel
7min

Institutions

RIP : son rejet questionne les institutions, selon la gauche sénatoriale

Alors que le second RIP des parlementaires de gauche a été rejeté par le Conseil constitutionnel, les sénateurs de gauche se disent toujours mobilisés. Pas vraiment surpris par la décision, ils estiment que celle-ci pose la question de la réforme des institutions, puisqu’elle acte la difficulté de faire aboutir la procédure inscrite dans la Constitution en 2008, qui n’est arrivée à l’étape du recueil des signatures qu’une seule fois.

Le

Référendum d’initiative partagée : une proposition de loi pour le rendre « réalisable » rejetée par la commission des lois du Sénat
4min

Politique

Le RIP sur les superprofits rejeté : Boris Vallaud envisage une proposition de loi

Le Conseil constitutionnel a invalidé la procédure de référendum d’initiative partagée que souhaitait enclencher la gauche sur la taxation des superprofits. Les Sages ont estimé que le texte sortait du cadre fixé par la Constitution. Le député socialiste Boris Vallaud, invité mercredi de Public Sénat, espère toutefois ramener ce sujet à l’agenda, à travers une nouvelle proposition de loi.

Le