Paris : E.Macron 65e anniversaire de la constitution Veme republique
Discours de Emmanuel Macron, President de la Republique a l occasion du 65 eme anniversaire de la Constitution de 1958, Conseil Constitutionnel, Paris. Mercredi 4 octobre 2023. Speech by Emmanuel Macron, President of the Republic, on the occasion of the 65th anniversary of the 1958 Constitution. Constitutional Council, Paris. Wednesday 4 October 2023.//ACCORSINIJEANNE_CONSEIL.SIPA.0047/Credit:JEANNE ACCORSINI/SIPA/2310041337

Révision constitutionnelle : après la Corse, vers une autonomie des collectivités d’Outre-mer ?

Après avoir évoqué « l’autonomie » de la Corse, Emmanuel Macron a ouvert la porte à une évolution du statut des collectivités d’Outre-mer afin qu’elles soient « mieux reconnues dans notre Constitution ». L’ancien ministre des Outre-mer, le sénateur socialiste, Victorin Lurel demande la réécriture des articles 73 et 74 afin que chaque territoire d’Outre-mer puisse bénéficier « d’un statut selon le degré d’autonomie de son choix  ».
Simon Barbarit

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Aussitôt prononcé, le discours d’Emmanuel Macron à Ajaccio visant à proposer « une nouvelle étape institutionnelle » pour l’avenir de la Corse, avait suscité la même envie d’autonomie de la part d’autres collectivités. Depuis Saint -Malo où se tenait le congrès des régions de France, le président de la région Bretagne, Loig Chesnais-Girard avait demandé immédiatement « la même chose » que les Corses.

En s’engageant sur l’avenir institutionnel de la Corse, chef de l’Etat a-t-il ouvert « la boîte de Pandore de la différenciation » ? Comme l’affirme, sur X, le constitutionnaliste Benjamin Morel. Cette semaine, devant le Conseil constitutionnel à l’occasion du 65e anniversaire de la Constitution, Emmanuel Macron a affirmé que l’ensemble des collectivités d’Outre-mer devait « pouvoir être mieux reconnus dans notre Constitution ».

L’année dernière, l’appel de Fort-de-France cosigné par les présidents des exécutifs de Guadeloupe, Martinique, Mayotte, Guyane et Saint-Martin appelaient à « une refondation » de la relation de leurs territoires avec République « par un nouveau cadre permettant la mise en œuvre de politiques publiques » adaptés à leurs régions.

Victorin Lurel propose « une réécriture des articles 73 et 74 de la Constitution »

L’ancien ministre des Outre-mer, Victorin Lurel sénateur socialiste de Guadeloupe a dévoilé ses pistes dans l’optique d’une future révision constitutionnelle. « Je proposerai une réécriture des articles 73 et 74 de la Constitution dans un double objectif : permettre à chaque territoire de disposer d’un statut selon le degré d’autonomie de son choix : et modifier les modalités d’évolution institutionnelle et statutaire, actuellement trop rigides », écrit-il dans un communiqué de presse.

Précisons ici que si toutes les collectivités d’Outre-mer sont citées dans un même article de la Constitution (72-4), elles n’ont pas toutes le même statut. A l’article 73, on retrouve les « départements et régions » d’Outre-mer. Elles sont soumises au principe de l’identité législative. C’est-à-dire que les lois et règlements sont applicables de plein droit. Même s’ils peuvent faire l’objet d’adaptations tenant aux caractéristiques et contraintes particulières de ces collectivités. Il s’agit de la Martinique, la Guadeloupe, la Réunion, la Guyane et Mayotte. Les collectivités dont les statuts sont définis à l’article 74, Comme la Polynésie sont, elles, soumises au régime de spécialité législative et d’autonomie. C’est-à-dire que la loi doit spécifier que la norme s’applique dans ces territoires.

« Les collectivités d’Outre-mer n’ont pas attendu les propos d’Emmanuel Macron sur la Corse pour demander une révision de leur statut », rappelle La constitutionnaliste Géraldine Chavrier, professeure de droit public à l’université Paris-1-Panthéon-Sorbonne. « De façon récurrente, les collectivités d’Outre-mer demandent la fin de la distinction entre l’article 73 et 74 afin que chacune ait son propre statut défini dans une loi organique. Accorder une place particulière à une collectivité ne menace pas pour moi un Etat unitaire, au contraire c’est une façon de produire plus d’intégration à la Nation ».

Quand Sébastien Lecornu évoquait « l’autonomie de la Guadeloupe »

En 2021, alors ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu avait ouvert la porte à l’autonomie de la Guadeloupe. Le mouvement de contestation contre l’obligation vaccinale des soignants avait rapidement mué avec des revendications portant notamment sur la vie chère et le taux de chômage et la question de l’autonomie des territoires d’Outre-mer. Accusé par l’opposition de menacer l’unité nationale, Sébastien Lecornu avait clarifié ses propos expliquant que l’autonomie n’équivalait pas à l’indépendance. « Cette autonomie existe déjà pour certaines collectivités d’outre-mer à des degrés divers, le modèle le plus poussé étant, par exemple, la Polynésie » avait-il comparé dans le JDD.

La prochaine étape de la préparation d’une potentielle révision constitutionnelle interviendra le 20 octobre prochain, lors de la réception des exécutifs d’Outre-mer par Emmanuel Macron.

 

 

Partager cet article

Pour aller plus loin

Dans la même thématique

Un gouvernement RN peut-il paralyser le Conseil des ministres de l’Union européenne ?
5min

Institutions

Vingt ans après le « non » au traité européen, l’Europe est-elle encore un clivage à gauche ?

Lors d’un colloque organisé par l’eurodéputé PS François Kalfon divers intervenants sont revenus sur les changements des termes du débat sur l’Union européenne à gauche depuis vingt ans. François Ruffin a notamment admis que les frontières entre europhiles et eurosceptiques avaient été « floutées », alors que les obstacles à une Europe harmonisée fiscalement et volontariste au niveau commercial sont encore nombreux.

Le

Paris: Press conference by Didier Migaud, president of the HATVP on the 2022 activity report
5min

Institutions

Conflits d’intérêts : face à un record de contrôles en 2024, la HATVP manque de moyens

Lors de la présentation du rapport d’activité 2024 de la HATVP, son nouveau président Jean Maïa a fait état d’un exercice « record. » Face à l’afflux des déclarations à contrôler et les nouvelles missions qui lui sont confiées, la Haute autorité développe des pistes pour améliorer son fonctionnement, mais manque de moyens.

Le

Révision constitutionnelle : après la Corse, vers une autonomie des collectivités d’Outre-mer ?
6min

Institutions

« Nous avons un an d’espérance de vie », alerte la directrice de l’Agence Bio

Auditionnés par la commission d’enquête sur les agences de l’Etat, les représentants de l’Agence Bio ont surtout profité de l’audition pour plaider leur cause. Amputée de deux tiers de ses moyens cet hiver dans un contexte de coupes budgétaires, l’agence n’a, en l’état actuel, qu’un an « d’espérance de vie » devant elle.

Le

Biden France
3min

Institutions

80e anniversaire de la Victoire de 1945 : le programme des cérémonies du 8 mai

Alors que la France s’apprête à célébrer le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe, l’Elysée prévoit une cérémonie commémorative spéciale au niveau de l’Arc de triomphe. Au programme : passage des troupes en revue, défilé de « reconstituants » et concert.

Le