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Sénatoriales 2023 : âge, sexe, parcours… la composition sociologique du Sénat

Le Sénat sera renouvelé de moitié en septembre. Parité, répartition des sièges, catégories professionnelles… Tour d’horizon du profil des élus de la Chambre Haute, souvent critiquée pour sa faible capacité de régénération.
Romain David

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Le Sénat compte 348 élus, renouvelés pour moitié tous les deux ans. Les dernières élections sénatoriales se sont tenues en 2020, mais six des douze sénateurs représentants les Français établis hors de France, qui devaient être renouvelés à cette occasion, ne l’ont été qu’en 2021. En raison de la pandémie de covid-19 et des restrictions mise en place dans de nombreux pays étrangers au cours de l’année 2020, les élections consulaires ont dû être repoussées d’un an, or les conseillers consulaires et les délégués consulaires appartiennent au collège électoral des sénateurs des Français établis hors de France. Le mandat des sénateurs élus en 2021 a été exceptionnellement réduit à 5 ans afin d’éviter un nouveau décalage d’un an lors des sénatoriales de 2026.

Une féminisation lente mais qui progresse

Le Sénat reste une assemblée très majoritairement masculine, avec 230 hommes (66 %) contre 118 femmes (34 %) à l’issue du dernier renouvellement. Malgré tout, la parité progresse doucement au sein de la Chambre Haute, qui ne comptait que 102 élues en 2017 (29 %) et 87 en 2014 (25 %). Elles étaient moins d’une quarantaine au début des années 2000, et seulement 5 en 1959.

Aux côtés de Gérard Larcher, quatre des huit vice-présidents du Sénat sont des femmes : Laurence Rossignol (PS), Valérie Létard (centriste), Nathalie Delattre (RDSE) et Pascale Gruny (LR). Au bureau du Sénat, organe chargé d’organiser les travaux de la Haute Assemblée, on trouve 11 femmes sur 28 membres. Par ailleurs, on ne compte que deux sénatrices à la tête de l’une des sept commissions permanentes du Palais du Luxembourg : les LR Sophie Primas (Affaire économiques) et Catherine Deroche (Affaires sociales).

Léger rajeunissement

Le benjamin du Sénat s’appelle Rémi Cardon, ce socialiste a été élu en 2020 dans la Somme à seulement 26 ans et 5 mois. Il est d’ailleurs le plus jeune sénateur de toute l’histoire de la Cinquième République, battant le record établit en 2014 par le frontiste David Rachline, élu à 26 ans et 10 mois. Pour mémoire : depuis 2011, il faut avoir au moins 24 ans pour pouvoir se présenter aux sénatoriales, contre 30 ans précédemment et 32 avant 2003.

Le 30 septembre 2019, le MoDem Jean-Marie Vanlerenberghe est devenu le doyen d’âge. Elu une première fois en 2001, puis réélu en 2011 et 2017, l’ancien maire d’Arras a soufflé ses 84 bougies en mars. Mais le record d’âge au Sénat reste détenu par Serge Dassault, qui a terminé en 2017 son second mandat à 92 ans.

À l’issue des dernières sénatoriales, la moyenne d’âge de la Haute Assemblée accuse une légère baisse, à 60 ans et un mois contre 62 ans précédemment. À titre de comparaison, l’âge moyen des députés est de 49 ans. On compte 139 sénateurs dans la tranche d’âge 60-69 ans, 105 dans la tranche 50-59 ans. 50 sénateurs ont plus de 70 ans et 54 moins de 50 ans.

Le record de longévité parlementaire, parmi les sénateurs de l’actuelle législature, est détenu par Gérard Larcher, le président du Sénat. Elu une première fois en 1986, il quitte son siège en 2004 pour devenir ministre délégué au Travail sous Jacques Chirac. Il retrouve le Sénat en 2007, après la démission de sa suppléante Adeline Gousseau, et a été réélu depuis sans interruption. Au total, cet ancien vétérinaire a passé plus de 32 ans au Palais du Luxembourg. Porté une première fois à la présidence du Sénat en 2008, il quitte le perchoir en 2011 lorsque la Chambre Haute bascule à gauche et désigne le socialiste Jean-Pierre Bel comme nouveau président. Gérard Larcher est de nouveau élu à la présidence en 2014.

Une assemblée de droite

Après trois années aux mains de la gauche, une exception sous la Cinquième République, le Sénat repasse sous la domination de la droite en septembre 2014, renouant avec une trajectoire politique qui n’a guère varié depuis 1958. La majorité sénatoriale est formée d’une alliance entre les Républicains – principal groupe politique de la Chambre Haute avec 145 membres – et les 57 élus du groupe centriste. Avec 64 sénateurs, les socialistes rassemblés dans le groupe « Socialiste, Ecologiste et Républicain » (SER) représentent la première force d’opposition dans l’hémicycle du Palais du Luxembourg.

Majoritaires à l’Assemblée nationale, les macronistes ne sont que 24 au Sénat, réunis dans le groupe « Rassemblement des démocrates progressistes indépendants » (RDPI), qui peut compter à l’occasion sur le soutien des « Indépendants », 14 membres proches de la galaxie Edouard Philippe, voire des élus du petit groupe « Rassemblement démocrate et social européen » (RDSE). Le groupe communiste possède 15 élus et les écologistes seulement 12.

Un tiers des élus issus du privé

Sans surprise, le Sénat compte environ 70 retraités. Les catégories socioprofessionnelles les plus représentées sont les salariés (28 %), les professions judiciaires et libérales (16 %) et les fonctionnaires (14 %), suivis par les enseignants (13 %). Alors que le Sénat est parfois surnommé la « chambre de la ruralité », relevons la présence de 19 agriculteurs en son sein, soit seulement 5,5 % des élus.

Enfin, quelques exemples de professions peu communes exercées par des sénateurs : Bruno Retailleau, président du groupe LR, a travaillé pendant une vingtaine d’années au Puy-du-Fou, notamment comme cavalier bénévole pour les spectacles du parc. Ancien normalien, le socialiste Jean-Pierre Sueur s’est d’abord orienté vers la linguistique. Il est spécialiste de l’œuvre du poète Charles Péguy. Président de Médecins sans frontières à la fin des années 1970, Claude Malhuret est également le cofondateur du site de vulgarisation médicale Doctissimo, acquis par le groupe Lagardère en 2008. D’autres ont misé sur leur fibre artistique, ainsi le LR Jean-Raymond Hugonet qui a été batteur professionnel, ou la centriste Jocelyne Guidez, metteure en scène.

Notons que le socialiste Éric Kerrouche a été chargé de recherche au CNRS, il cosigne en 2011, six ans avant son élection comme sénateur des Landes, un article sur le profil des sénateurs français – disponible ici – et qui évoque une distribution socioprofessionnelle des élus relativement « trompeuse », dans la mesure où les métiers déclarés relèvent souvent d’une forme « d’affichage professionnel ». « L’immense majorité des sénateurs sont des professionnels de la politique, au sens où ils vivent uniquement des indemnités liées à leur(s) mandat(s) », souligne cette étude.

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