Les gouvernements s’enchaînent depuis 2024 en France. La dissolution du 9 juin 2024, annoncée par le chef de l’État dans la foulée des élections européennes, a entraîné une instabilité gouvernementale inédite depuis la IVe République. Depuis le résultat final des législatives le 7 juillet, la valse des ministres s’est accélérée, faisant des quinze derniers mois une période de tous les records.
4 Premiers ministres depuis l’été 2024. Avec 27 jours passés à Matignon jusqu’à la présentation de sa démission, Sébastien Lecornu aura été le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Il bat ainsi le record qui était détenu par le Premier ministre appelé après les législatives post-dissolution, Michel Barnier, qui était resté 91 jours à la tête du gouvernement. Depuis la dissolution de 2024, quatre Premiers ministres se sont succédé : Gabriel Attal, Michel Barnier, François Bayrou et Sébastien Lecornu. Un cinquième devrait être nommé par le président de la République dans les prochaines heures.
159 jours, la durée de vie d’un Premier ministre ces deux dernières années. Depuis Gabriel Attal, nommé en janvier 2024, les Premiers ministres sont donc restés en moyenne 159 jours en poste. La moyenne tombe à 132 jours, si l’on prend uniquement en compte les trois Premiers ministres depuis septembre 2024 : Michel Barnier, François Bayrou et Sébastien Lecornu. À titre de comparaison, sous la IVe République – souvent brocardée pour son instabilité politique – les Premiers ministres changeaient tous les 193 jours en moyenne.
Les ministres 14 heures seulement au gouvernement. La brièveté de la séquence s’illustre d’autant plus pour les ministres qui devaient constituer le gouvernement de Sébastien Lecornu. Nommés dimanche soir, ils sont tombés avec leur Premier ministre ce lundi matin. Restés ministres l’équivalent de 14 heures, ils battent le record qui était détenu, ex aequo, par Thomas Thévenoud et Léon Schwartzenberg. Respectivement secrétaire d’État chargé du Commerce extérieur, en 2024 dans le second gouvernement Manuel Valls, et ministre délégué à la Santé en 1988 sous Michel Rocard, ils étaient restés seulement 9 jours en fonction.
62 jours avec des Premiers ministres démissionnaires. Depuis la démission de Gabriel Attal le 16 juillet 2024, la France a vécu 62 jours en cumulé sans disposer d’un Premier ministre de plein exercice. Durant cette période, les Premiers ministres étaient condamnés à attendre la nomination de leur successeur. La plus longue période de transition s’est jouée entre Gabriel Attal, et Michel Barnier, nommé le 5 septembre 2024 : cet intérim estival, marqué par les Jeux olympiques, a duré 51 jours. À cette principale période il faut ajouter l’attente de l’arrivée de François Bayrou (8 jours) après la censure du gouvernement Barnier, et le nouveau délai qui s’est ouvert depuis le départ, ce lundi, de Sébastien Lecornu. Le 9 septembre, il ne s’était écoulé que quelques heures entre la démission officielle de François Bayrou, après son échec lors du vote de confiance, et la prise de fonctions de Sébastien Lecornu.
114 jours avec des gouvernements réduits à expédier les affaires courantes. La vacance dans les ministères a été bien plus importante qu’à Matignon. C’est bien normal, la composition d’un gouvernement prend davantage de temps que le choix d’une personne pour le poste de Premier ministre. Chaque chute de Premier ministre entraînant celle de son gouvernement, la France a donc vu s’empiler les périodes où les Conseils des ministres ont été réduits à gérer les affaires courantes. Pas d’actes politiques, notamment des initiatives législatives. Cumulées, ces situations se sont étalées sur 114 jours. Autrement dit, la France a vécu un jour sur quatre avec des ministres réduits à expédier les affaires courantes, depuis la cessation des fonctions du gouvernement Attal le 16 juillet 2024. Dans le détail, le gouvernement Barnier a été précédé d’une attente de 18 jours, celui de François Bayrou est intervenu après 26 jours de consultations, et le nouveau gouvernement est désormais attendu depuis trois jours.
90 personnalités différentes dans les quatre derniers gouvernements. Un chiffre donne un autre aperçu de l’instabilité qui s’est installée. Au total, 90 hommes et femmes ont été, à un moment ou un autre, Premiers ministres, ministres, ministres délégués ou secrétaires d’État, depuis la campagne imprévue des législatives de l’été 2024. Ce décompte de tous les noms, qui ont fait partie des quatre derniers gouvernements, aurait même pu être plus élevé si Sébastien Lecornu avait eu le temps de nommer sa deuxième salve de ministres délégués et secrétaires d’État.