Un budget en hausse dans une situation internationale des plus instables. Auditionnée par la commission des affaires étrangères du Sénat, la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Catherine Colonna, s’est félicitée de crédits en hausse pour son ministère dans le projet de loi de finances (PLF) pour 2024.
De quoi tenter de répondre aux crises multiples que connaît le monde. La ministre n’a évidemment pas échappé, d’abord, à un point sur la situation au Proche-Orient, onze jours après l’attaque du Hamas contre Israël. Elle a souligné « l’urgence de demander l’accès humanitaire à la bande de Gaza » et l’importance du « respect du droit international par Israël, dans l’exercice de son droit à se défendre ». La France lance aussi « à chacun un appel à la responsabilité pour éviter l’escalade et un embrasement régional », affirme Catherine Colonna (voir notre article pour plus de détails).
« Réarmement de notre diplomatie grâce à une hausse de ses moyens »
Côté PLF, la ministre des Affaires étrangères a salué un « budget offensif pour répondre à ce contexte » international. « Le projet de loi de finances acte le réarmement de notre diplomatie grâce à une hausse de ses moyens, hausse inédite depuis des décennies car vous savez comme moi que les budgets et les emplois avaient considérablement baissé depuis plus de 30 ans », rappelle la ministre.
« En 2024, le budget sera de 6,76 milliards d’euros, en crédits de paiement, soit une hausse de 293 millions d’euros par rapport au budget de cette année », souligne Catherine Colonna. Concrètement, « cette année, sont prévus 165 emplois à temps plein de plus et une augmentation de nos crédits de 4,5 % par rapport à 2023, qui marquait déjà une première inflexion », précise la ministre, qui ajoute que « d’ici 2027, ce sont 700 emplois supplémentaires qui sont prévus dans la programmation pluriannuelle, sans compter les 100 de cette année et une hausse de crédits au total de 22 % ».
Dans le détail, « la mission action extérieure de l’Etat se verra attribuer 3,34 milliards d’euros en crédits de paiement », la ligne de crédits destinés à la « solidarité à l’égard des pays en développement » sera quant à elle de « 3,42 milliards ». Le total des crédits prévus pour l’aide humanitaire s’élève à « près de 900 millions d’euros », celui du programme pour crise majeure passe « à 270 millions d’euros ».
« Travail avec les influenceurs, notamment sur le continent africain »
Une attention particulière est apportée à « l’influence », avec une « augmentation de 50 millions d’euros » des crédits, portés à « 721 millions d’euros », soit une hausse de 8 %. Cette « politique d’influence » passe « notamment par le développement d’un nouveau partenariat culturel et solidaire avec le continent africain ». Catherine Colonna note aussi que « les crédits des services de presse sont trop faibles ». Ils vont progresser, avec « +2,2 millions d’euros » pour « accroître la capacité de nos ambassades » notamment en « Afrique et dans l’Indopacifique ».
L’objectif est de « renforcer nos moyens humains en outils de production d’information et de riposte dans la lutte informationnelle », avec un « renforcement de notre présence de nos médias sur les réseaux sociaux », via notamment « le décryptage de l’action diplomatique, avec des petits formats vidéo », une « capacité de veille renforcée », ainsi qu’un « travail avec les influenceurs, notamment sur le continent africain, où on voit que nos adversaires sont particulièrement actifs ». Sans que la ministre ne le cite, le groupe Wagner, et plus globalement l’influence russe, se sont fait pour le moins sentir depuis plusieurs mois sur le continent africain.