Afrique : « Les dictatures utilisent l’argent de la coopération pour se maintenir au pouvoir », estime cette eurodéputée belge

Alors que les coups d’Etat se multiplient en Afrique de l’Ouest et au Sahel, cette semaine « Ici l’Europe », s’interroge sur l’état des relations entre les deux continents, à l’heure où l’influence de de la Russie et de la Chine ne cesse de gagner du terrain ,;et alors que celle de la France ne cesse de reculer.
Marie Bremeau

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

En juillet et en août dernier, les présidents du Niger et du Gabon ont été renversés. Et depuis 2020, plusieurs pays du Sahel, déstabilisés par l’insurrection djihadiste dans la région, ont connu des putschs miliaires. C’est le cas au Burkina Faso, en Guinée et au Mali. « Nous sommes dans un contexte où on court après les faits. La situation en Afrique de l’ouest, dans la région du Sahel, est géopolitique. Ce n’est pas seulement la région qui perd, c’est aussi l’Union européenne qui perd en termes d’influence dans un monde multilatéral, où la Russie est en train du gagner du terrain, et la Chine aussi », constate avec une certaine amertume l’eurodéputée belge Assita Kanko (Conservateurs et réformistes).

« Avoir en face de nous des Etats africains adeptes de la démocratie »

Des coups d’Etat qui se multiplient et qui exacerbent le sentiment anti-européen, et plus particulièrement anti-français dans la région. Mais pour l’eurodéputé français, Max Orville, pas question de se renier  pour garder en influence, il plaide pour une Europe forte, qui assume ses valeurs démocrates et humanistes en ne parlant qu’avec les « gouvernements légitimes » du continent.  « Il s’agit d’avoir en face de nous des Etats africains adeptes de la démocratie, qu’ils vont promouvoir.  Il faut un véritable partenariat avec les pays africains. Ces coups d’état, ce sont toujours les militaires qui s’emparent du pouvoir et qui ne le rendent pas naturellement aux autorités civiles.»

« Pourquoi un dictateur peut tenir aussi longtemps? »

Pour Assita Kanko, il y a urgence à définir une nouvelle approche globale stratégique.  « J’ai grandi au Burkina Faso, j’ai vu des gens danser dans la rue quand j’avais 7 ans, en 1987, quand a eu lieu le premier coup d’Etat que j’ai vu. Et il y a eu toute une série de coups d’Etat après. C’est le seul moyen pour une population pour changer de président et c’est quand même un drame ! Pourquoi un dictateur peut tenir aussi longtemps ?  Ils utilisent beaucoup l’argent de la coopération pour leur dictature.  Donc il faut qu’on revoit la manière dont on travaille avec l’Afrique. »

UE, premier donateur en Afrique

Les sept dernières années, l’Union européenne était le premier donateur sur le continent africain avec le Fonds européen de développement doté d’un budget de 30,5 milliards d’euros. De l’argent qu’il faut mieux flécher et investir, rabâche sans cesse l’élue belge. « Ce que l’Europe a toujours fait, on constate bien que cela n’a pas fonctionné depuis plus de 40 ans. Alors pourquoi continuer ? Pourquoi on ne dit pas qu’on a commis des erreurs et pourquoi on continue à signer des chèques en blanc ? »

Revoir l’intégralité de cette émission en replay

Partager cet article

Dans la même thématique

Afrique : « Les dictatures utilisent l’argent de la coopération pour se maintenir au pouvoir », estime cette eurodéputée belge
3min

International

Libération des otages israéliens : « C’est une étape cruciale pour le cessez-le-feu ; pour la paix, c’est une autre question », estime Bernard Guetta

Retenus depuis deux ans dans la bande de Gaza, les 20 otages israéliens toujours vivants ont été libérés ce lundi 13 octobre par le Hamas. « C’est une étape cruciale pour le cessez-le-feu », salue l’eurodéputé Renew Bernard Guetta, invité de Public Sénat. Mais « une étape cruciale pour la paix, ça, c'est vraiment une autre question », ajoute-t-il.

Le

4min

International

Gaza : Une « conférence humanitaire » devrait se tenir dans les prochaines semaines, assure Emmanuel Macron

Emmanuel Macron participera dans la journée au « Sommet de la paix » réunissant plusieurs chefs d’Etat en Egypte, alors que le Hamas libère ce lundi 13 octobre les otages israéliens, dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu négocié la semaine dernière. Pour le président français, « la priorité » est maintenant « la reprise des opérations humanitaires » à Gaza.

Le