Agression russe d’un pays de l’Union européenne : « Je pense que c’est une possibilité réelle », estime Nicolas Tenzer

Invité de la matinale de Public Sénat, Nicolas Tenzer, spécialiste des questions géostratégiques, enseignant à Sciences Po revient sur la nécessité pour les Européens de renforcer leur défense commune alors même que la Russie pourrait cibler d’autres pays européens dans les années à venir.
Henri Clavier

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« Poutine n’a aucune intention de faire la paix », affirme Nicolas Tenzer, spécialiste des questions géostratégiques et enseignant à Sciences Po. Pour ce dernier, la menace russe et le retour de Donald Trump à la tête des Etats-Unis doivent permettre une recomposition de la puissance européenne. Après la suspension de l’aide américaine à l’Ukraine et du partage du renseignement, le positionnement américain reste incertain à la veille de la rencontre entre le président ukrainien et des représentants américains en Arabie saoudite. « Je ne crois pas que cette réunion à Riyad puisse aboutir à quoi que ce soit », anticipe Nicolas Tenzer qui estime que « Donald Trump reprend exactement les désirs de Poutine ». 

L’Union européenne face au risque d’agression russe 

Pour l’enseignant, même si les Etats-Unis et l’Ukraine venaient à s’entendre sur la conclusion d’un accord sur l’exploitation des minerais ukrainiens, les Etats-Unis ne fourniraient pas de garanties de sécurité suffisantes à l’Ukraine. « Je suis très favorable à une présence militaire de troupes d’un certain nombre de pays de l’Otan », assure donc Nicolas Tenzer qui estime que ces forces peuvent servir à assurer la paix mais également à « imposer une zone de non-survol » ou « aider par des tirs ciblés contre les forces russes ». Sans plaider pour une confrontation directe, Nicolas Tenzer anticipe tout de même la possibilité de nouvelles offensives russes. « Je pense que c’est une possibilité réelle [que la Russie s’en prenne à un pays de l’UE]. Ça peut arriver en Estonie, mais aussi pour d’autres pays comme la Lituanie », explique l’enseignant à Sciences Po. Une inquiétude déjà exprimée par Emmanuel Macron, mercredi lors de son allocution. 

« Il faut se diriger rapidement vers l’économie militaire totale » 

Dans ce contexte et confronté à l’évolution de la position américaine, le développement d’une défense européenne a rassemblé les dirigeants européens qui ont approuvé, la semaine dernière, un plan visant à réarmer l’Union européenne et mobiliser 800 milliards d’euros sur les prochaines années. « Il faut se diriger rapidement vers l’économie militaire totale », plaide d’ailleurs Nicolas Tenzer qui insiste sur l’opportunité que cela représente pour l’industrie européenne. En plus de développer l’industrie européenne de défense, le chercheur appelle à renforcer la coopération militaire en dehors de l’Otan. « Le sujet aujourd’hui, c’est comment recréer une sorte d’Otan sans les Etats-Unis. Il n’y aura pas de grand chef européen qui va décider, mais une coordination des chefs d’Etat », pointe Nicolas Tenzer.

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