Le texte de l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur, finalisé le 6 décembre, a été dévoilé cette semaine par la Commission européenne. Il prévoit une réduction drastique, voire la suppression des droits de douanes sur des quotas de produits fabriqués de part et d’autre de l’Atlantique. La France continue de s’opposer à ce texte, alors que les volumes de denrées agricoles concernés soulèvent l’inquiétude de nombreuses filières.
Aide à l’Ukraine : comment les oppositions vont aborder le vote au Parlement
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Le vote du Parlement sur l’accord bilatéral de sécurité entre la France et l’Ukraine ces 12 et 13 mars sera purement symbolique sur la forme, puisqu’il est non contraignant. Le résultat n’en aura pas moins une portée politique. Les débats devraient d’ailleurs aller bien au-delà de cet accord de coopération militaire conclu le 16 février entre Paris et Kiev. « Le vote a son importance et il permet la clarté sur cet accord, rien d’autre », résume ce mardi le ministre des Armes, Sébastien Lecornu, dans Le Parisien. Lequel appelle le RN et les Insoumis à « cesser leur double jeu ».
Cette assistance à l’Ukraine ne devrait, en effet, pas faire le plein de voix au sein des oppositions. Le Rassemblement national et la France insoumise ont largement pris leurs distances avec la ligne défendue par le gouvernement. L’accord devrait donc recueillir en proportion davantage de soutien au Sénat.
Le RN et les Insoumis bloqués par des « lignes rouges »
Les parlementaires du Rassemblement national s’abstiendront lors du vote. Le RN est « favorable au soutien à l’Ukraine », mais « ne souhaite pas entrer en guerre précisément avec la Russie », a expliqué ce matin sur France 2, le président du RN Jordan Bardella. L’eurodéputé estime que la « voie dans laquelle est engagé Emmanuel Macron » est « totalement irresponsable ». Le 27 février, à l’issue d’une conférence de soutien à l’Ukraine, le président de la République avait considéré que l’envoi de troupes occidentales au sol ne devait pas être exclu à l’avenir. Jordan Bardella ajoute que certains points de l’accord constituent des « lignes rouges », comme la perspective d’une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne et à l’OTAN. « Toute forme d’élargissement pourrait accroître le risque d’escalade », a-t-il dénoncé.
La France insoumise fixe les mêmes lignes rouges. Le groupe votera contre. Invité de LCI, Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise, a lui aussi épinglé le soutien français à une adhésion future de l’Ukraine à l’UE et à l’OTAN. « À partir du moment où il y a ces lignes rouges, je ne vois pas comment nous pourrions voter positivement cet après-midi sur cet accord », a-t-il prévu. Encourageant ses collègues à « s’opposer » au texte, Manuel Bompard juge par ailleurs que le vote a « une dimension de mascarade ». « Officiellement on est censé voter sur un accord bilatéral entre la France et l’Ukraine alors que cet accord a déjà été ratifié par le président de la République. »
Les communistes voteront contre
Les communistes s’opposeront, pour leur part. Le secrétaire national du Parti communiste français et député du Nord, Fabien Roussel, a annoncé ce dimanche sur Europe 1 qu’il voterait contre l’accord. « Aujourd’hui nous franchissons un cap dangereux pour l’avenir de l’Europe et pour la paix en Europe. Nous sommes à l’aube d’une escalade militaire dangereuse et nous ne voulons pas assassiner la paix », a-t-il défendu. Son groupe de la gauche démocrate et républicaine (GDR) suivra. « Il faut aider l’Ukraine à se défendre mais la France a une autre voix à porter que la guerre », a annoncé le député PCF Sébastien Jumel.
Socialistes et écologistes voteront l’accord
À gauche, le PS soutiendra l’accord, il est le seul à cette heure au sein de la NUPES à l’assumer sans détour. « Nous avons toujours considéré qu’il y avait une forme d’évidence au soutien à la résistance ukrainienne face à un adversaire, la Russie qui n’a jamais été un partenaire fiable », a insisté le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure. Et de préciser : « Depuis le 24 février 2022 nous n’avons jamais varié. »
Les écologistes voteront également favorablement. « C’est un vote extrêmement symbolique », a souligné à la mi-journée Cyrielle Chatelain, présidente du groupe écologiste à l’Assemblée nationale. « Il sort de cette réunion très clairement qu’il faut soutenir l’Ukraine. On est très clair sur le fait que tous les chefs de partis l’ont dit. Mais je vois bien qu’il y a les paroles dans les salles, les actes en vrai, puis les postures historiques. Je vois toujours un peu d’hypocrisie derrière les positions de chacun », relevait la semaine dernière la secrétaire nationale des Ecologistes (EELV) Marine Tondelier, à l’issue de la réunion avec les chefs de parti à l’Élysée.
Un vote positif chez LR, mais « quelques voix discordantes » pourraient envoyer un message à Emmanuel Macron
Chez les Républicains, le vote sera majoritairement positif. « Nous avons un devoir de solidarité avec l’Ukraine, qui a été agressée et défend sa liberté. Le peuple ukrainien est extraordinairement courageux dans ce combat, il faut le soutenir », motivait encore ce matin le président du parti, Éric Ciotti, sur Sud Radio. Le député des Alpes-Maritimes a cependant épinglé « les prises de position un peu irresponsables du président de la République », qui en fait « un moyen de campagne électorale ». « Quelques voix discordantes » au sein du groupe LR à l’Assemblée nationale pourraient ainsi choisir de ne pas approuver l’accord. « Macron a hystérisé le débat », confie un parlementaire.
L’UDI devrait soutenir le gouvernement sur ce dossier, son président Hervé Marseille avait clairement soutenu le chef de l’État la semaine dernière. « Si l’accord est celui intervenu avec M. Zelensky lors de son passage à Paris, il n’y a pas de raison de ne pas le voter », soulignait hier encore le sénateur.
Le groupe hétéroclite LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) à l’Assemblée nationale suivra également. « On est à la traîne des pays européens qui sont en soutien de l’Ukraine », a affirmé ce mardi Benjamin Saint-Huile, tout en refusant une « situation de cobélligérance ».
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