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Algérie : 10 ans de prison requis contre Boualem Sansal en appel

Après avoir été condamné à cinq ans de prison le 27 mars dernier, l’écrivain Boualem Sansal, emprisonné en Algérie depuis novembre 2024, s’est vu requérir dix années de réclusion par le tribunal d’appel. A ce stade, seule une grâce présidentielle, le 5 juillet prochain, pourrait changer le sort de l’écrivain.
Marius Texier

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L’audience n’a duré qu’une dizaine de minutes. A l’instar du réquisitoire de première instance, le tribunal algérien a requis dix années de prison à l’encontre de l’écrivain de 80 ans. La Cour d’appel rendra sa décision le 1er juillet prochain.

Cela fait désormais 220 jours que Boualem Sansal est retenu prisonnier en Algérie. Le 16 novembre 2024, l’écrivain et essayiste, naturalisé français la même année par Emmanuel Macron en personne, est arrêté lors de sa descente d’avion sur le tarmac de l’aéroport d’Alger. Il est accusé par son pays d’origine d’avoir « porté atteinte à l’intégrité du territoire national ou incitant à le faire, par quelque moyen que ce soit ».

Dans un entretien accordé au magazine d’extrême droite Frontières, dont l’écrivain est membre du comité éditorial, Boualem Sansal est revenu sur les frontières algériennes en soutenant la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Il a également affirmé que la partie ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc avant la colonisation française.

Les relations « les plus graves depuis la fin de la guerre d’Algérie »

Cette arrestation s’inscrit dans le climat délétère de relations tendues qu’entretiennent la France et l’Algérie. Le 3 juillet 2024, Emmanuel Macron a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental : un casus belli pour l’Algérie.

Dès lors, les relations n’ont cessé de s’envenimer. Après l’arrestation de l’écrivain, plusieurs influenceurs algériens ont été arrêtés pour « apologie de la violence » dont l’un a été expulsé en Algérie avant d’être renvoyé par le pays. Dans le même temps, le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau remettait en cause l’accord de 1968. Interrogé par Public Sénat, le chercheur à l’IRIS, Brahim Oumansour qualifiait cette séquence de tensions comme la « plus grave depuis la fin de la guerre d’Algérie ».

Une grâce présidentielle incertaine

Le sort de l’écrivain est donc particulièrement tributaire de la situation diplomatique. Ainsi, une partie de la classe politique française s’est mobilisée pour tenter de peser sur les négociations avec l’Algérie. Le 25 mars dernier, une manifestation organisée à Paris, près de l’Assemblée nationale, a réuni plusieurs responsables politiques comme les présidents des deux chambres parlementaires ou encore Bruno Retailleau et Marine Le Pen.

Atteint d’un cancer de la prostate, l’écrivain espère bénéficier d’une grâce du président algérien Abdelmadjid Tebboune. Tous les ans, à l’occasion de la fête d’indépendance du 5 juillet, le président algérien gracie plusieurs détenus. En 2023, 8 500 prisonniers algériens ont retrouvé la liberté après la grâce présidentielle. Pour le chercheur Brahim Oumansour, cette grâce présidentielle est incertaine « au vu des relations » entre les deux pays. De son côté Paris appelle à un « geste d’humanité » envers un homme malade et affaibli. Mais jusqu’à présent, les multiples demandes de libération ou de grâce présidentielle sont restées lettre morte y compris lorsque cette demande provenait d’Emmanuel Macron en personne.

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