Arrestation d’influenceurs algériens : « Aucune douleur de l’histoire n’autorise un pays à offenser la France », défend Bruno Retailleau

Le ministre de l’Intérieur a été interrogé au Sénat sur les arrestations et expulsions d’influenceurs algériens, dans un contexte de tensions entre Paris et Alger. En refusant d’accueillir l’influenceur Doualemn, expulsé de France début janvier, l’Algérie a « méconnu le droit international », dénonce Bruno Retailleau.
Rédaction Public Sénat

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« Nous respectons la souveraineté des Etats et des peuples, mais nous souhaitons aussi en retour que la France soit respectée. Aucune douleur de l’histoire, fût-elle très vive, n’autorise un pays à offenser la France », martèle le ministre de l’Intérieur, à l’occasion des questions d’actualité au gouvernement ce 22 janvier.

« La récente expulsion d’un influenceur, renvoyé à Roissy par l’Algérie qui a refusé de l’accueillir, illustre l’urgence d’agir », l’avait interpellé le sénateur Les Républicains Henry Leroy. L’élu des Alpes-Maritimes fait référence au cas de l’influenceur algérien Doualemn, 59 ans, arrêté à Montpellier le 7 janvier, après avoir posté sur TikTok une vidéo dans laquelle il proférait des appels au meurtre. Mis dans un avion le 9 janvier pour l’Algérie, le pays a décidé de son renvoi en France dans la soirée.

Accord franco-algérien de 1968 : « C’est l’occasion de remettre la discussion sur la table »

« Évidemment que l’Algérie a méconnu le droit », défend le ministre de l’Intérieur devant les sénateurs ce 22 janvier. « Le droit international est très simple, dès lors que vous pouvez prouver la nationalité d’un ressortissant – et nous l’avons fait –, alors le pays d’origine doit l’accepter. Ça n’a pas été le cas », explique-t-il.

Face à cette situation, Bruno Retailleau promet que la France « ne laissera rien passer ». De là à rompre les accords conclus en 1968, qui règlementent l’emploi et le séjour des ressortissants algériens en France, comme l’a demandé le sénateur Henry Leroy ? « Vous savez parfaitement ce que je pense de ces accords. Mais, dans les circonstances, la gradation de la riposte ne m’appartient pas », évacue le ministre de l’Intérieur, qui avait défendu une résolution de dénonciation de l’accord en juin 2023, quand il était encore président du groupe LR au Sénat.

Au micro de Public Sénat quelques minutes plus tard, interrogé sur les accords de 1968, le ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur François-Noël Buffet renvoie aussi la balle « au plus haut niveau de l’Etat français ». « C’est l’occasion de remettre la discussion sur la table », estime-t-il, tout en rappelant que la décision revient au président de la République et du Premier ministre.

Un autre influenceur algérien « arrêté il y a quelques heures »

Dans le contexte de relations dégradées entre la France et l’Algérie, notamment depuis l’incarcération de l’écrivain Boualem Sansal à Alger mi-novembre, d’autres influenceurs ont été arrêtés. Tous sont accusés d’avoir diffusé des propos haineux sur les réseaux sociaux. « À chaque fois qu’il y a eu la commission de ces propos inacceptables, nous avons demandé à la plateforme Pharos de supprimer les vidéos, elles l’ont été. Nous avons localisé, interpelé et systématiquement judiciarisé ces individus », souligne Bruno Retailleau.

Devant les sénateurs, le ministre de l’Intérieur a de nouveau évoqué le cas d’un autre influenceur « arrêté il y a quelques heures ». Plus tôt dans la journée, Bruno Retailleau avait déjà annoncé l’interpellation de cet influenceur algérien, qui « appelait à commettre des actes violents sur le territoire français sur TikTok ». Une annonce qui a valu au ministre de l’Intérieur un recadrage du parquet de Paris, quelques heures plus tard. Le ministère public a dénoncé auprès de l’AFP une « fuite prématurée », précisant que « rien n’était retenu à ce stade » contre l’influenceur en question.

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