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Attaque du Hezbollah contre Israël : « Le risque d’un conflit ouvert reste encore contenu, mais de moins en moins »

Ce dimanche 25 août, le Hezbollah a annoncé le lancement de centaines de roquettes dans le nord d’Israël. L’attaque, largement déjouée par l’État hébreu, marque un pas dans l’escalade des tensions à la frontière avec le Liban, ravivées depuis le 7 octobre. Décryptage.
Rose Amélie Becel

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Ce dimanche 25 août, le Hezbollah a lancé des centaines de roquettes et des drones en direction d’Israël, dans les régions de Galilée et du plateau du Golan. Une attaque « achevée avec succès », a estimé la milice chiite libanaise dans un communiqué, destinée à venger la mort de Fouad Chokr, l’un de ses hauts chefs militaires, tué dans une frappe israélienne le 30 juillet dernier.

Un succès très largement relativisé par l’armée israélienne, qui affirme de son côté avoir lancé des frappes préventives pour déjouer l’opération, détruisant « des milliers de rampes de lancement de roquettes ». Après les échanges de tirs, c’est donc une bataille des narratifs qui s’engage.

« Aucune des deux parties n’a envie de s’engager dans une guerre totale »

« Chacun, à sa manière, présente aujourd’hui cet épisode comme un succès », observe David Rigoulet-Roze, chercheur associé à l’Institut de recherches internationales et stratégiques (IRIS). En réalité, l’opération du Hezbollah semble avoir été massivement déjouée. « Faute de mieux, face à l’efficacité probable des frappes préventives israéliennes, le Hezbollah aurait, selon ses dires, lancé plus de 300 roquettes dans le nord du pays. Mais ce n’est probablement pas ce qui était prévu initialement », analyse le spécialiste du Moyen-Orient.

Au cours d’une allocution télévisée, le chef de la milice Hassan Nasrallah a en effet annoncé que la principale cible de l’attaque était la base militaire de Glilot, près de Tel-Aviv, qui abrite notamment le siège du Mossad. Un objectif bien plus éloigné de la frontière que les sites finalement visés. Dès ce dimanche, un porte-parole de l’armée israélienne affirmait par ailleurs auprès de l’AFP que la base n’avait pas été touchée.

« L’élimination du chef d’Etat major du Hezbollah n’aura pas coûté cher aux israéliens », remarque ainsi Antoine Basbous, associé de Forward global et directeur de l’Observatoire des pays arabes. Pour le politologue, « aucune des deux parties n’a envie de s’engager dans une guerre totale » : « L’armée israélienne et le Hezbollah ont tous deux le verbe très haut, mais leur action est très timide par rapport à leurs capacités. »

« La situation actuelle est intenable et de plus en plus tendue »

Sans marquer le début d’un conflit ouvert, les attaques de ce dimanche alimentent tout de même l’engrenage de violences qui touche la frontière entre les deux pays depuis le 7 octobre. « Le risque d’un conflit ouvert est encore contenu, mais il l’est de moins en moins », analyse David Rigoulet-Roze, dans un contexte où les frappes se multiplient. « La situation sécuritaire actuelle au nord d’Israël est intenable et de plus en plus tendue », estime le spécialiste du Moyen-Orient.

Côté israélien, en raison des tensions, des dizaines de milliers d’habitants ont en effet été contraints de quitter la zone. Après les attaques de ce 25 août, le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a affirmé vouloir « tout faire » pour la « sécurité » des habitants du nord du pays, martelant son intention de pouvoir leur permettre de rentrer chez eux. Si la solution diplomatique est toujours privilégiée, la piste militaire n’est donc pas écartée.

« Le risque, face à l’efficacité du bouclier anti-missiles israélien, c’est que le Hezbollah en vienne à utiliser des missiles balistiques beaucoup plus sophistiqués, qui pourraient atteindre des cibles militaires stratégiques ou même certaines villes et franchir ainsi les lignes rouges israéliennes », observe Pierre Razoux, directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques. « L’autre risque serait que l’inefficacité des frappes du Hezbollah encourage les dirigeants israéliens à frapper toujours plus fort au risque de pousser le Hezbollah à l’escalade », ajoute-t-il.

Des tensions qui pourraient pousser le Hamas à faire des compromis ?

Alors que la guerre entre l’État hébreu et le Hamas se poursuit dans la bande de Gaza, l’attaque du Hezbollah déjouée par Israël pourrait tout de même bousculer les choses. « Soit Yahya Sinwar, le chef du Hamas, poursuit sa stratégie suicidaire. Soit il considère que le Hamas est seul et ne peut plus compter sur l’ouverture de nouveaux fronts entre Israël et les alliés de l’Iran, ce qui pourrait le pousser à accepter des compromis », estime Pierre Razoux.

Pour le moment, l’éventualité d’une trêve semble toutefois s’éloigner. Présente au Caire dans le cadre de négociations sous l’égide des Etats-Unis, une délégation du Hamas a annoncé ce 25 août rejeter toutes les nouvelles conditions posées par Israël pour un cessez-le-feu à Gaza.

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