« Les massacres commis dans les kibboutz de Beeri et Kfar Aza ont un nom : des crimes contre l’Humanité. » C’est en termes que le président du Sénat a ouvert la première séance de questions au gouvernement, en condamnant de façon très ferme le carnage entrepris par les hommes du Hamas sur le sol israélien. Le sénateur LR Roger Karoutchi a emboîté le pas à Gérard Larcher, en appelant la diplomatie française à faire évoluer son langage après l’hécatombe au Proche-Orient. « Nous ne pouvons pas faire, pardon Madame la ministre des Affaires étrangères, des déclarations uniquement type Quai d’Orsay, sur fiche, ou pas », a brocardé l’ancien vice-président du Sénat.
Appelant à bien nommer les choses et à profiter de l’image de la France sur la scène internationale, le sénateur a appelé l’exécutif à « utiliser les mots ». « Crime contre l’humanité, c’est la réalité. Ce mot, cette expression-là, faites-la utiliser par l’Europe. Franchement, vu ce qu’il s’est passé, crimes contre l’humanité, c’est bien le minimum. » Le parlementaire altoséquanais a profité de son intervention pour appeler le gouvernement à faire en sorte que les responsables qui « trahissent les valeurs de la République » ou qui font « l’apologie du terrorisme du territoire » soient « sévèrement punis ». Des allusions sans doute au Nouveau Parti anticapitalisme, désormais poursuivi pour son communiqué. La tribune du sénateur LR intervient également aussi au moment où La France insoumise est pointée du doigt – y compris en interne – pour des réactions jugées ambiguës ou manquant de clarté, après les attaques du Hamas.
« Notre condamnation est totale et absolue, depuis le premier jour », réagit Catherine Colonna
En réponse, la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères Catherine Colonna a estimé que les expressions de l’exécutif étaient bien à la hauteur de la tragédie qui s’est nouée à plus de 3 000 kilomètres de là. « Je ne voudrais pas en venir à penser que vous n’avez pas bien entendu le président de la République, la Première ministre », a répliqué la cheffe de la diplomatie. « Madame la Première ministre vient de rappeler toute l’horreur que nous inspirent les actes barbares qui ont été commis par le Hamas, et de redire la condamnation absolue par la France de ces actes terroristes commis par un groupe terroriste, le Hamas, soutenu par d’autres groupes terroristes ».
La ministre n’a toutefois pas repris le qualificatif employé par le sénateur LR, qui emporterait alors des conséquences pénales particulières au niveau international. « Les prises d’otages abjectes, les assassinats monstrueux, les massacres, ne laissent aucun doute sur la nature terroriste du Hamas, notre condamnation est donc totale et absolue, et ceci, depuis le premier jour », s’est défendue la ministre. Roger Karoutchi, qui disposait encore de temps pour engager une réplique, n’a pas souhaité répondre.