« Avec l’actuelle PAC, on ne peut pas intégrer l’Ukraine dans l’UE », selon Dacian Ciolos, eurodéputé roumain

La perspective d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne soulève de nombreux défis et notamment celui de la politique agricole commune. Si Kiev rejoignait les 27, il deviendrait le premier bénéficiaire de la PAC, et viendrait bouleverser l’équilibre actuel de la répartition des fonds. Pour certains eurodéputés, l’adhésion de l’Ukraine est impossible sans repenser les clefs de répartition du premier budget de l’UE.
Marie Bremeau

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

On l’appelle « le grenier à blé de l’Europe ». Avec ses 41 millions d’hectares de surface agricole et des terres parmi les plus fertiles de la planète, l’Ukraine est l’un des principaux exportateurs mondiaux de céréales. Des exportations rendues difficiles depuis le début de l’invasion du pays par la Russie et la guerre qui s’installe. Il y a un an, en juin 2022, les 27 États membres ont unanimement accordé le statut de pays candidat à l’Ukraine. La République tchèque milite même pour entamer dès à présent des négociations et accorder un processus d’adhésion accéléré.

« Repenser la PAC »

Mais certains pays agricoles ne sont pas aussi pressés, à l’instar de la France, la Pologne ou la Roumanie qui redoutent l’intégration de l’Ukraine. En adhérant à l’Union, Kiev deviendrait de fait le premier bénéficiaire de la politique agricole commune. Pour l’eurodéputé (Renew) roumain Dacian Ciolos, qui a occupé le portefeuille de l’agriculture au sein de la Commission européenne de 2010 à 2014, « avec l’actuelle PAC, telle qu’elle est structurée maintenant, on ne peut pas intégrer [l’Ukraine] dans l’UE. Si on veut, et on le souhaite, intégrer l’Ukraine dans l’UE, il faut repenser la politique agricole, agroalimentaire et environnementale commune ».

« Un tremplin positif pour repenser la PAC »

L’occasion pour l’eurodéputée allemande écologiste, Anna Deparnay-Grunenberg de changer enfin les règles du jeu. « Ça peut être aussi un tremplin positif pour repenser la PAC, par rapport aux biens communs. Quels sont les facteurs de biens communs que produisent les agriculteurs ? Que faut-il compenser ? Comment les aider à se transformer ? Et bien sûr, la paie à l’hectare comme nous le voyons avec tous les effets négatifs sur la biodiversité, sur les sols, sur l’eau, c’est un moment, une chance incroyable pour mettre les choses à plat, pour poser les bonnes questions. Qu’est-ce qu’on veut comme PAC qui serait plus apte au combat de nos jours pour le climat et contre la perte de biodiversité ? » Les écologistes militent depuis des années en effet pour la fin des aides proportionnelles à la taille des exploitations agricoles.

S’ils sont plusieurs au sein du parlement européen à vouloir repenser le modèle agricole européen, la PAC actuelle court jusqu’en 2027. Il faudra donc bien des années pour modifier en profondeur le premier budget de l’UE mais aussi pour éventuellement intégrer l’Ukraine et élargir le club des 27.

Revoir l’intégralité de l’émission en replay

Partager cet article

Dans la même thématique

« Avec l’actuelle PAC, on ne peut pas intégrer l’Ukraine dans l’UE », selon Dacian Ciolos, eurodéputé roumain
3min

International

Coupes budgétaires dans l’aide au développement : « Le risque c’est que nous allions moins dans les pays les plus vulnérables »

Invité de la matinale de Public Sénat, le directeur général de l’Agence française de développement (AFD) est revenu sur la crise que traverse le secteur avec le retrait des Etats-Unis et les coupes budgétaires récentes. Dans ce contexte, l’AFD devra se recentrer sur des financements privés et risque de moins pouvoir agir dans les pays les plus vulnérables.

Le

Royal Salute France State visit Windsor
7min

International

Visite d’Emmanuel Macron au Royaume-Uni : le contexte géopolitique prime sur les tensions passées

Cela faisait plus de 17 ans qu’un président français n’avait pas foulé le sol britannique à l’occasion d’un voyage d’Etat. Ce mardi, Emmanuel Macron est arrivé au Royaume-Uni pour une durée de trois jours. Au programme : sécurité, énergie, mais également intelligence artificielle. Dans un contexte géopolitique incertain, ce voyage souligne avant tout le rapprochement entre le Royaume et l’Union européenne (UE) après de fortes tensions liées au Brexit.

Le