Le patron des sénateurs Horizons, Claude Malhuret a vu sa violente charge prononcée contre Donald Trump et Elon Musk lors d’un débat au Sénat sur la guerre en Ukraine devenir virale sur les réseaux sociaux cumulant des millions de vues dans le monde. « Ça démontre à quel point la colère contre l’administration américaine est sous-estimée », observe-t-il.
Au téléphone ou en face-à-face, Claude Malhuret paraît presque réservé. Mais dans l’hémicycle du Sénat, c’est une autre histoire. Le président des sénateurs Les indépendants-République et Territoire (Horizons) se mue en tribun déclamant d’un ton corrosif ses discours ciselés et généralement abondamment partagés sur les réseaux sociaux.
Mardi, lors du débat sur la situation en Ukraine et la sécurité en Europe, Claude Malhuret n’a pas dérogé à la règle qu’il s’est fixée depuis maintenant quelques années : utiliser des formules chocs pour marquer l’hémicycle et a fortiori l’opinion. « Washington est devenu la cour de Néron. Un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine chargé de l’épuration de la fonction publique. C’est un drame pour le monde libre, mais c’est d’abord un drame pour les Etats-Unis », a taclé le sénateur Horizons de l’Allier, ajoutant : « Nous étions en guerre contre un dictateur, nous nous battons désormais contre un dictateur soutenu par un traître ».
Mais cette fois-ci les saillies du sénateur ont dépassé les frontières hexagonales. « C’est parce que des influenceurs, des gros comptes ont fait une très bonne traduction anglaise », juge, modeste, Claude Malhuret, contacté par publicsenat.fr. Des versions polonaises et espagnoles de son discours existent également.
« Je pense que les Américains souhaiteraient entendre la même chose de la part de leurs élus »
Son discours a déjà dépassé la dizaine de millions de vues. De nombreux comptes anglophones et des médias comme Skynews ou encore CNN ont partagé la vidéo. « Ce n’est pas si surprenant. Ça démontre à quel point la colère contre l’administration américaine est sous-estimée. Je pense que les Américains souhaiteraient entendre la même chose de la part de leurs élus qu’ils soient Républicains ou Démocrates. En pratiquant cette stratégie du tapis de bombes, Trump n’a pas vu venir qu’il allait se créer des ennemis dans tous les domaines », veut croire l’ancien secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme.
« La critique de toutes les dictatures, c’est la marque de notre groupe Les Indépendants. On est habitué à ses discours brillants. Il se met une pression de malade pour rédiger un truc exigeant. Mais là il a dépassé la barrière internationale. Et ça n’est jamais arrivé. C’est parce que c’est la première fois qu’il ne parle pas de politique intérieure », observe Emmanuel Capus, sénateur Horizons. Claude Malhuret va d’ailleurs donner des interviews à la BBC, et Radio Canada. Le mensuel américain, The Atlantic va aussi publier son discours.
« Musk peut bien faire sauter mon compte, vous avez vu que ne je ne m’en sert pas »
Public Sénat aussi, est habitué aux discours de Claude Malhuret. Ils ne sont d’ailleurs pas toujours aussi bien accueillis. En 2018, sa prise de parole sur la réforme de la SNCF, avait profondément heurté le groupe communiste qui soutenait les syndicats. Le sénateur de l’Allier avait alors qualifié le communisme, « d’idéologie archi-décédée » et dénoncé « la grève à répétition destinée à pourrir au maximum et le plus longtemps possible la vie de nos concitoyens ». La patronne du groupe communiste de l’époque, Éliane Assassi avait alors estimé que Claude Malhuret « avait vomi dans l’hémicycle ». Ambiance.
Ses discours sur les gilets jaunes mais surtout, sur les antivax pendant la période du Covid 19, lui valurent de nombreuses menaces de mort sur les réseaux « antisociaux », comme il aime les appeler. « Ce sont des trolls organisés en provenance de l’extrême gauche ou des complotistes. Mais quand ça m’arrive, je me dis que j’ai tapé au bon endroit. Je prends ça comme un hommage involontaire », répond l’ancien président de Médecins sans frontières.
Quant au secret de fabrication de ses discours, Claude Malhuret confie les écrire « au dernier moment. Je lis la presse dans l’optique du discours, je laisse infuser dans ma tête et après, ça s’écrit assez vite, en deux ou trois heures », explique le sénateur qui cumule presque 50 000 abonnés sur X sans jamais avoir tweeté. « Je n’ai pas besoin de tweeter puisque vous reprenez toujours mes discours ». Imparable. S’attend-il à une réponse d’Elon Musk et de Donald Trump ? « J’ai coutume de dire qu’il ne faut pas répondre aux attaques sinon ça fait de la pub à leurs auteurs. Et Musk peut bien faire sauter mon compte, vous avez vu que ne je ne m’en sers pas ».