Conflit Iran-Israël : tout savoir sur Fordo, le site nucléaire iranien au cœur des tensions
Par Marius Texier
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A première vue, un simple bâtiment blanc, en versant de montagne. Il faut dire que la tache blanche dénote dans cette zone aride et désertique. C’est peut-être d’ailleurs pour cela que l’Iran a choisi cet emplacement pour l’un de ses sites d’enrichissement d’uranium. Car à 80 ou 90 mètres de profondeur, une salle gigantesque de 250 mètres de long et 13 mètres de large abrite près de 3 000 centrifugeuses qui permettent d’enrichir l’uranium, processus indispensable dans l’élaboration d’une arme nucléaire. En comparaison, le site nucléaire de Natanz, en partie détruit lors des frappes israéliennes survenues la semaine dernière, compte environ 16 000 centrifugeuses à une profondeur de 30 mètres. Selon les déclarations du président de l’Agence internationale de l’énergie atomique, « aucun dommage » n’a été constaté sur le site de Fordo après les frappes israéliennes.
La GBU-57 inefficace ?
Cette installation en profondeur rend extrêmement difficile, voire impossible, sa destruction. Selon le Financial Times : « La solidité géologique de Fordo rend sa salle des centrifugeuses impossible à atteindre avec des bombes conventionnelles larguées par les airs ». Dans le même journal, il apparaît « peu probable » qu’Israël opte pour une opération militaire au sol.
Ainsi, l’une des seules solutions qui s’offre à l’Etat hébreu est la participation des Etats-Unis dans l’opération avec notamment la bombe américaine GBU-57, capable de pénétrer le béton avant d’exploser.
Pour le moment, Donald Trump n’envisage pas une telle participation. D’autant que la capacité de pénétration de la bombe dans le sol n’est que de 60 mètres, son usage pourrait alors s’avérer inefficace sur le site de Fordo.
Des particules enrichies à 83,7 %
Construit dans le plus grand des secrets, probablement à partir de 2002, l’existence du site est révélée à partir de 2009 par les services de renseignement occidentaux. En 2015, après l’accord sur le nucléaire iranien, Téhéran accepte de transformer Fordo en centre de recherches à visée civile. Mais le retrait américain de l’accord en 2018 accélère le projet d’enrichissement d’uranium de l’Iran, notamment à Fordo. En 2023, l’AIEA détecte au sein du site des particules enrichies à 83,7 %, un chiffre proche du seuil fatidique des 90 % nécessaire à la fabrication de l’arme nucléaire.
Fordo est donc un élément central dans le programme nucléaire iranien et sa destruction devient l’un des objectifs principaux d’Israël. Selon David Albright du think tank spécialisé « Institut pour la science et la sécurité internationale », si l’Iran poursuit l’enrichissement de son stock actuel d’uranium, elle pourrait obtenir « neuf armes nucléaires en un mois ». « Si Fordo reste opérationnel, l’offensive israélienne pourrait à peine ralentir l’avancée de l’Iran vers la bombe atomique », ajoute-t-il. Le ministre iranien de l’Energie atomique a quant à lui indiqué que le site fonctionnait à « pleine capacité » et que sa production d’uranium enrichi y avait « significativement augmenté ».
Un nouveau Fordo ?
Et l’Iran entend bien poursuivre sa course à l’atome. A quelques kilomètres au sud de Natanz, un nouveau site nucléaire « encore plus profond et mieux protégé » a vu le jour comme l’a révélé le Financial Times. Un lieu, semble-t-il, plus difficile encore à détruire. L’AIEA ignore encore si des stocks d’uranium enrichi s’y trouvent, l’accès au site lui ayant été interdit.
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