Censure du gouvernement Barnier : la crise politique française vue par la presse étrangère
Ironie anglaise, incompréhension danoise et sévérité américaine : tour d’horizon des commentaires de la presse étrangère sur la situation politique française.
Par Henri Clavier
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La parole de la France et d’Emmanuel Macron pèse-t-elle encore dans la résolution du conflit entre le Hamas et Israël ? « La parole présidentielle n’imprime plus dans la région », tranche Antoine Basbous, fondateur et directeur de l’Observatoire des pays arabes et invité de la matinale de Public Sénat. Historiquement, en refusant l’alignement avec les Etats-Unis, la France était un interlocuteur important des pays arabes au Levant.
Le discours du président de la République a évolué depuis le lancement de l’offensive israélienne sur Gaza et avait appelé à un cessez-le-feu immédiat le 9 novembre. Pour Antoine Basbous, ces hésitations nuisent à la crédibilité du discours français. « [La parole française] est contradictoire, on ne sait plus où la situer », pointe le politologue qui ajoute que le « en même temps ne fonctionne pas ». Si le chercheur partage la mise en garde d’Emmanuel Macron adressée à Israël concernant le Hamas, celle-ci n’est pas suffisante pour regagner de la crédibilité dans la région. « On attend du président de la République une vision, un plan de paix qui soit juste et qui intègre les deux belligérants dans une projection de paix au levant », explique Antoine Basbous.
« Le président de la République a eu plusieurs déclarations qui ont manqué de cohérence. La coalition anti-Hamas, à l’instar de la coalition anti-Daech, n’était pas la bienvenue, elle a été très mal perçue par les pays arabes », rappelle Antoine Basbous. Lors de son déplacement en Israël, le 24 octobre, Emmanuel Macron avait surpris en proposant une coalition internationale contre le Hamas à l’image de la coalition contre Daech. Pour Antoine Basbous, cette proposition illustre la perte d’influence française dans la région expliquant que le « Hamas a un agenda nationaliste » et « n’a rien à voir » avec Daech. « L’idéologie, les revendications nationales ne meurent pas », rappelle Antoine Basbous.
Une tendance qui traduit une connaissance de moins en moins bonne de la région. « Il s’est avéré que la France ne connaît pas suffisamment le Liban », explique Antoine Basbous pour illustrer son propos. « Emmanuel Macron s’est beaucoup engagé » après l’explosion du port de Beyrouth, rappelle Antoine Basbous. Le président français s’était rendu deux fois au Liban, à l’été 2020, pour proposer un plan de redressement mais il a été « mené en bateau », estime Antoine Basbous.
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