Conflit Israël-Hamas : « Le président de la République a eu plusieurs déclarations qui ont manqué de cohérence »

Presque deux mois après les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre, le poids de la diplomatie française et de la parole d’Emmanuel Macron interroge. En marge de la Cop 28 à Dubaï, le président de la République a mis en garde Israël contre une guerre qui pourrait « durer dix ans ».
Henri Clavier

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

La parole de la France et d’Emmanuel Macron pèse-t-elle encore dans la résolution du conflit entre le Hamas et Israël ? « La parole présidentielle n’imprime plus dans la région », tranche Antoine Basbous, fondateur et directeur de l’Observatoire des pays arabes et invité de la matinale de Public Sénat. Historiquement, en refusant l’alignement avec les Etats-Unis, la France était un interlocuteur important des pays arabes au Levant.

Le « en même temps ne fonctionne pas »

Le discours du président de la République a évolué depuis le lancement de l’offensive israélienne sur Gaza et avait appelé à un cessez-le-feu immédiat le 9 novembre. Pour Antoine Basbous, ces hésitations nuisent à la crédibilité du discours français. « [La parole française] est contradictoire, on ne sait plus où la situer », pointe le politologue qui ajoute que le « en même temps ne fonctionne pas ». Si le chercheur partage la mise en garde d’Emmanuel Macron adressée à Israël concernant le Hamas, celle-ci n’est pas suffisante pour regagner de la crédibilité dans la région. « On attend du président de la République une vision, un plan de paix qui soit juste et qui intègre les deux belligérants dans une projection de paix au levant », explique Antoine Basbous.

« La coalition anti-Hamas, à l’instar de la coalition anti-Daech, n’était pas la bienvenue, elle a été très mal perçue par les pays arabes »

« Le président de la République a eu plusieurs déclarations qui ont manqué de cohérence. La coalition anti-Hamas, à l’instar de la coalition anti-Daech, n’était pas la bienvenue, elle a été très mal perçue par les pays arabes », rappelle Antoine Basbous. Lors de son déplacement en Israël, le 24 octobre, Emmanuel Macron avait surpris en proposant une coalition internationale contre le Hamas à l’image de la coalition contre Daech. Pour Antoine Basbous, cette proposition illustre la perte d’influence française dans la région expliquant que le « Hamas a un agenda nationaliste » et « n’a rien à voir » avec Daech. « L’idéologie, les revendications nationales ne meurent pas », rappelle Antoine Basbous.

Une tendance qui traduit une connaissance de moins en moins bonne de la région. « Il s’est avéré que la France ne connaît pas suffisamment le Liban », explique Antoine Basbous pour illustrer son propos. « Emmanuel Macron s’est beaucoup engagé » après l’explosion du port de Beyrouth, rappelle Antoine Basbous. Le président français s’était rendu deux fois au Liban, à l’été 2020, pour proposer un plan de redressement mais il a été « mené en bateau », estime Antoine Basbous.

 

Dans la même thématique

International Students
6min

International

Interdiction des étudiants étrangers à Harvard : « C’est une mise sous tutelle totale, même Viktor Orban n’est pas allé aussi loin »

En guerre ouverte depuis plusieurs semaines avec l’université américaine de Harvard, l’administration Trump a annoncé vouloir supprimer le droit, à la prestigieuse université, d’inscrire des étudiants étrangers dans son cursus académique. Cette nouvelle attaque donne un coup de massue à l’institution, déjà fragilisée par la suppression de sa subvention fédérale.

Le

Paris: Macron and Netanyahou during a press conference at Elysee Palace
7min

International

Guerre à Gaza : Benyamin Netanyahou de plus en plus contesté en Israël ? « Il n’est pas tant que ça fragilisé »

La pression internationale s’accentue ces derniers jours pour pousser Israël à interrompre son offensive meurtrière sur Gaza. Après plus d’un an et demi de guerre, le Premier ministre Benyamin Netanyahou est toujours en poste, soutenu par ses alliés issus de plusieurs formations d’extrême-droite. Ses partenaires, essentiels à sa survie politique, menacent de quitter sa coalition en cas de cessez-le-feu. Dans le même temps, l’opposition, divisée, ne parvient que péniblement à faire entendre sa voix.

Le

Conflit Israël-Hamas : « Le président de la République a eu plusieurs déclarations qui ont manqué de cohérence »
6min

International

Attaques de Donald Trump contre la science : « Comment peut-on soutenir Make America Great Again, tout en cassant son système scientifique ? », interroge Pascale Ultré-Guérard

Face aux attaques de Donald Trump envers la recherche scientifique, la commission de la culture du Sénat a organisé ce mercredi une table-ronde sur le sujet, réunissant Valérie Masson-Delmotte, directrice de recherche au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), Pascale Ultré-Guérard, directrice de la science du Centre national des études spatiales (CNES), Dominique Costagliola, directrice de recherche à l’Inserm et Alain Schuhl, directeur délégué à la science du CNRS.

Le