Conflit Israël-Iran : « Le régime des mollahs a fait son temps », estime Antoine Basbous

Invité de la matinale de Public Sénat, le politologue et directeur de l’Observatoire des pays arabes a analysé les tensions au Moyen-Orient, au sixième jour des frappes entre Israël et l’Iran. Pour Antoine Basbous, cette guerre régionale marque la fin du « règne » des mollahs sur le plan militaire et politique.
Clarisse Guibert

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« Ce régime est fini ». Face à la supériorité militaire des Israéliens et à la menace américaine, le directeur de l’Observatoire des pays arabes Antoine Basbous ne voit pas une autre issue au conflit que la fin du régime des mollahs en Iran. « Il faut du changement », estime-t-il : « il y a une contestation et une détestation du régime » dans la société iranienne, mais également par « le reste du monde ».

Pour le politologue, non seulement la fin du régime libérerait les Iraniens de la répression et la « terreur », mais conduirait également à « beaucoup moins d’ingérence chez les voisins » de la région. Cependant, l’incertitude règne encore sur les possibles successeurs à la tête de l’Etat perse. Faut-il encore faire tomber le régime en place.

« Je ne crois pas qu’on puisse défendre le statu quo avec ce régime-là », estime Antoine Basbous

De son côté, le président de la République alerte sur les risques d’un renversement du pouvoir iranien par la force, lors du sommet du G7 au Canada : « La plus grande des erreurs aujourd’hui, c’est de chercher par la voie militaire à faire un changement de régime en Iran, parce que ce sera là le chaos ». Mais ce chaos ne semble pas effrayer Antoine Basbous : est-ce qu’un changement « sera pire que le mal actuel ? Je n’en sais rien. […]. Mais je ne crois pas qu’on puisse défendre un statu quo avec ce régime-là », a-t-il poursuivi sur notre plateau.

Si Donald Trump a, de son côté, enjoint le régime des mollahs à « capituler sans conditions » face à Israël, rien n’est moins sûr. Pour Antoine Basbous, le président américain « fait semblant d’être prêt à la bataille ». Quant aux Iraniens, ils pourraient décider « de jouer les kamikazes », en poursuivant leur programme nucléaire malgré les menaces de la communauté internationale. Mais les conséquences seraient funèbres : « Ils attireront la foudre américaine, en plus de la foudre israélienne » ajoute le politologue. Cette nuit, l’armée israélienne a poursuivi ses frappes sur l’Etat perse.

La reconnaissance de l’Etat de Palestine « n’est pas à l’ordre du jour », juge le directeur de l’Observatoire des pays arabes

Dans la région, le conflit israélo-palestinien se poursuit en parallèle. Lundi, 20 personnes auraient été tuées près d’un convoi d’aide humanitaire à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas. Repoussée pour des questions de sécurité, une conférence de l’Onu devait se tenir aujourd’hui sur Gaza, et la question de la reconnaissance de l’Etat de Palestine. Pour le politologue Antoine Basbous, si les Palestiniens « ont une cause […] juste », le conflit irano-israélien a pris toute la place, et cette question n’est « plus à l’ordre du jour ».

Reste à savoir jusqu’où le conflit entre l’Iran et Israël ira. Sur la Palestine, Emmanuel Macron a bien précisé que la conférence onusienne sera réorganisée « au plus vite ».

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