Alors que la guerre fait rage entre Israël et l’Iran depuis plusieurs jours, la question de l’augmentation du prix du pétrole inquiète. Vendredi, une hausse d’environ 10% a touché le prix du baril de pétrole, en réaction aux premières attaques israéliennes sur les sites stratégiques et militaires iraniens. Mais, pas d’inquiétude : « la hausse s’est concentrée le premier jour, par l’effet surprise », explique Francis Perrin, directeur de recherche à l’Iris, spécialiste des questions énergétiques. En effet, les tensions géopolitiques ont pris de cours le marché, qui a réagi rapidement.
Si dès lundi, les prix baissaient déjà, le portefeuille des consommateurs sera tout de même touché par la hausse. En effet, la facture augmente donc pour les pays importateurs. Selon Jacques Percebois, économiste et directeur du Centre de recherche en économie et droit de l’énergie, cette « légère hausse » sera visible « d’ici une quinzaine de jours » à la pompe. Mais bien loin des hausses liées à l’invasion russe en Ukraine, il y a trois ans. Lorsque la guerre éclate, le prix du baril de pétrole s’élève à environ 140 dollars, selon Francis Perrin, « une vraie flambée ». Pour l’instant, il y a bien une hausse mais elle reste « limitée ».
Le vrai risque repose sur la durée des tensions entre Israël et l’Iran. Si aujourd’hui, il est impossible de prédire ces hausses à moyen ou long-terme, un enlisement du conflit pourrait pérenniser ces fluctuations du prix du baril, et impacter le pouvoir d’achat des Français dans le futur.
Le marché du pétrole s’inquiète, mais ne s’affole pas
Et les marchés se posent la même question. « Le marché réagit plus au risque, qu’à la menace réelle », analyse le directeur de recherche à l’IRIS. Le risque, s’il n’est pas mesurable, peut être évalué en fonction des avancées du conflit, mais également des réactions internationales. Si vendredi, le risque était élevé, hier il l’était moins. En témoigne, le calme revenu sur le marché. Francis Perrin l’explique par des rumeurs : « le Wall Street Journal évoquait hier des sources arabes au Moyen-Orient, indiquant que l’Iran faisait passer des messages à d’autres pays arabes, pour qu’eux fassent passer des messages aux Etats-Unis, voire à Israël, afin de trouver un accord ». Ni une, ni deux, le marché a retrouvé des couleurs.
En parallèle, la communauté internationale a largement réagi au conflit. Sans compter le sommet du G7 au Canada, lancé dimanche 15 juin, Donald Trump a affirmé lundi qu’un « accord allait être signé » entre les belligérants, sur son réseau social Truth Social. De bons signaux pour les investisseurs. D’autant plus que les premières frappes israéliennes n’ont pas touché directement les sites pétroliers. Ce n’est que dimanche matin que le dépôt pétrolier de Shahran a été visé par une attaque de l’Etat hébreu.
Le détroit d’Ormuz, « l’arme nucléaire » de l’Iran
Cependant, une menace pourrait bouleverser le conflit, et avec le marché du pétrole : le détroit d’Ormuz. Situé dans le golfe persique, il permet le passage 20 à 25% de la production mondiale de pétrole selon l’économiste, « ce n’est pas négligeable ». Et ces exportations ne concernent pas uniquement l’Iran, 8e exportateur de pétrole dans le monde, dont la plupart naviguent vers la Chine, mais les autres pays du golfe, et en particulier l’Arabie saoudite.
Le blocage du détroit représente le « scénario catastrophe » du conflit irano-israélien, pour Francis Perrin. « Le détroit d’Ormuz est l’arme nucléaire » de l’Iran, et le régime l’utilise comme tel pour dissuader ses ennemis. Une véritable « dissuasion nucléaire », ajoute le directeur de recherche à l’IRIS.
Mais l’objectif est bien de dissuader, et non d’utiliser effectivement l’arme. Il en est de même pour le blocage du détroit d’Ormuz. « Ça n’a jamais été fait », raconte Francis Perrin. La menace réelle du blocage du passage reste donc très limitée, voire invraisemblable. Seule une « remise en cause de l’existence du régime » pourrait entrainer de telles conséquences.
Reste à voir jusqu’où iront les belligérants. A ce jour, les frappes ont fait 224 morts du côté iranien, et 24 du côté israélien.