Couple franco-allemand : les choix d’Olaf Scholz débattus en audition

Couple franco-allemand : les choix d’Olaf Scholz débattus en audition

Le président du Conseil allemand des relations étrangères était auditionné par la commission des affaires européennes du Sénat sur les liens franco-allemands. Il a notamment pointé du doigt le chancelier Olaf Scholz pour certains de ses choix politiques. 
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« Aujourd’hui, l’Allemagne ne s’excuse plus, elle s’affirme, et la France semble en particulier à sa remorque. » C’est par ces propos liminaires que Jean-François Rapin (LR) a ouvert l’audition du président du Conseil allemand des relations étrangères, Guntram Wolff. Au menu : les relations diplomatiques du « couple franco-allemand », expression presque désuète de nos jours, tant l’Allemagne est accusée de faire cavalier seul et de défendre ses propres intérêts.

Et la dernière polémique en date concerne le déplacement d’Olaf Scholz en Chine, ce vendredi. Un déplacement qu’il fait sans son homologue français. « Trop tôt », analyse le proeuropéen, notamment en raison du contexte géopolitique actuel : « L’Europe doit être en mesure de réagir en tant que communauté si la Chine venait à consolider ses liens avec la Russie, avec des livraisons d’armes par exemple. » Et d’ajouter : « Toutes les questions de commerce et d’investissements doivent se faire à l’échelle européenne. L’Allemagne ne devrait pas accepter une politique chinoise qui essaye de diviser l’UE, comme la Chine l’a fait avec une coalition contre la Lituanie [ndlr : qui a accepté d’installer un bureau de représentation de Taïwan, dont l’indépendance n’est pas reconnue par la Chine] ».

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« Plafonner les prix sur toutes les importations peut avoir des conséquences négatives sur les quantités obtenues »

Mais les principales divergences concernent la crise énergétique. Le torchon a en effet commencé à brûler dès le début de la guerre en Ukraine. Désormais, le sujet est de savoir si le dénominateur commun de la France et de l’Allemagne reste l’Europe ou leurs intérêts personnels.

L’Allemagne avait en effet refusé de soutenir la proposition de plafonnement du prix du gaz, vigoureusement plaidée par la France à la Commission européenne. Elle n’a pas peur des envolées de prix sur le marché, même si elle est particulièrement dépendante du gaz - son industrie en est tributaire, et un ménage sur deux se chauffe encore au gaz dans tout le pays.

Alors, puisqu’elle peut se le permettre, l’Allemagne ne veut pas prendre le risque que les fournisseurs étrangers comme la Norvège - qui a quasiment remplacé le gaz liquéfié importé de Russie - ou les pays du Golf, détournent les yeux de l’Europe et de son prix fixe pour vendre à des économies émergentes. « Les négociations en Europe font des progrès en ce moment, a commenté Guntram Wolff. Mais plafonner les prix sur toutes les importations peut avoir des conséquences négatives sur les quantités obtenues. »

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200 milliards d’aides pour les Allemands

En revanche, sur le plan d’aides de 200 milliards d’euros à destination des ménages et entreprises allemandes annoncées il y a un mois, Guntram Wolff plaide une « mauvaise communication » selon lui. Cette somme sera utilisée à partir de mars 2023 pour absorber la politique de réduction de la consommation de l’énergie menée par l’Allemagne, dans un contexte de transition énergétique.

« A partir de mars, si on [les ménages] consomme 80 % de ce qu’on a consommé en 2019, on paie un prix diminué sur cette consommation, a-t-il rappelé. Mais chaque mégawattheure supplémentaire est pénalisé de façon importante. C’est un mécanisme qui encourage une réduction de la consommation par 20 %. » Et de résumer : « L’Allemagne a utilisé l’instrument du marché pour forcer un changement de la consommation. Cela est nécessaire car les livraisons sont insuffisantes. »

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« Les actions nationales isolées sont inefficaces et coûteuses »

Quid en revanche de la préférence pour Space X plutôt qu’Ariane 6 ; des achats d’équipement militaires aux Américains « sans égard, selon Jean-François Rapin, pour les projets franco-allemands de chars et d’avions de combat » ? Sans ambiguïté aucune, celui qui a aussi été membre du Conseil d’analyse économique sous Jean-Marc Ayrault et Manuel Valls, a tenu à souligner l’importance de maintenir une certaine souveraineté européenne : « Il est clair que l’Europe ne doit pas dépendre des Etats-Unis pour sa sécurité. Cela signifie que ça se joue au niveau européen et pas au niveau national. Les actions nationales isolées sont inefficaces et coûteuses."

Ceci étant dit, le spécialiste allemand a tout de même estimé que la sécurité européenne devait être une priorité pour les Etats membres, et la France et l’Allemagne en premier lieu : « L’Union européenne devrait avoir un intérêt primaire à ce que l’Ukraine gagne et elle a besoin d’un soutien militaire. Ni l’Allemagne ni la France ne fournissent assez de matériel ». Et de poursuivre un peu plus tard : « On ne peut pas attendre les Etats-Unis, c’est de notre sécurité dont il est question ».

Enfin, Guntram Wolff a relayé l’opinion publique allemande au sujet de l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne : « L’opinion publique n’y est pas trop favorable. Dans la population, on voit que cela va être coûteux. Un processus de convergence doit être fait avant que l’Ukraine soit un membre de l’UE, on ne peut pas accepter un pays en guerre, même très pauvre, avec des problèmes de gouvernance et de corruption. Le public est assez clair sur le sujet. »

 

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